Emmanuel Macron martèle que «la Nouvelle-Calédonie est française» et sermonne les indépendantistes

Par Epoch Times avec AFP
26 juillet 2023 17:34 Mis à jour: 26 juillet 2023 17:35

« La Nouvelle-Calédonie est française parce qu’elle a choisi de rester française » : Emmanuel Macron a réaffirmé avec force mercredi à Nouméa l’autorité de la République dans le territoire d’outre-mer et sermonné les indépendantistes, tout en proposant aux Calédoniens un double « chemin », « de pardon » et « d’avenir. »

Lors d’un discours sur la place des Cocotiers, devant quelque 10.000 personnes selon les autorités, le chef de l’État a assuré ne pas « mésestimer les aspirations déçues de ceux qui défendaient un tout autre projet ».

Il était temps de « bâtir » un « nouveau projet »

Mais il leur a signifié qu’après trois « non » à l’indépendance lors des référendums de 2018, 2020 et 2021, il était temps de « bâtir » un « nouveau projet », « celui de la Nouvelle-Calédonie dans la République ». « Pas de retour en arrière, pas de bégaiement, pas de surplace », a-t-il martelé sous les acclamations d’une foule acquise à la cause loyaliste, qui a scandé la Marseillaise au début et à la fin du discours.

Emmanuel Macron rencontre un danseur traditionnel lors d’une cérémonie coutumière en son honneur, à Touho au nord de la Nouvelle-Calédonie, le 25 juillet 2023. (Photo RAPHAEL LAFARGUE/POOL/AFP via Getty Images)

L’Union calédonienne (UC), principal parti de la mouvance indépendantiste, avait appelé ses militants « à ne pas se rendre » sur la place. Résultat : un seul drapeau kanak, dans une marée bleu-blanc-rouge.

Les représentants politiques de l’UC avaient aussi boudé, mercredi matin, une réunion autour d’Emmanuel Macron. « J’ai été personnellement blessé » par ces absences, a-t-il lancé, avant de mettre en garde contre la tentation de se « réfugier dans un séparatisme » qui fait planer, « aujourd’hui ou demain », le « risque de la violence », alors même que la paix est un « trésor » à préserver.

Les indépendantistes du Front de libération national kanak socialiste (FLNKS) contestent le dernier des trois référendums prévus par les accords de Nouméa de 1998, qu’ils avaient boycotté. Et les négociations pour définir un nouveau statut sont enlisées.

Deux « chemins jumeaux » pour tourner la page

Pour tourner la page, Emmanuel Macron a proposé deux « chemins jumeaux », celui « du pardon » et celui « de l’avenir ». Le premier, censé répondre aux attentes mémorielles qu’expriment les Kanaks, « ce n’est pas un chemin de repentance », mais une manière de « regarder en face », ensemble, « ce passé qui ne veut pas passer ». Et toutes les « souffrances », notamment celle du « peuple kanak », a-t-il ajouté. Le second chemin passe forcément, a plaidé le président, par des « institutions pérennes, rénovées, efficaces ».

Il a dit souhaiter qu’une révision constitutionnelle, prévue par l’accord de Nouméa, « puisse intervenir début 2024 ». Et il a pressé à cette fin les responsables politiques de s’entendre rapidement pour dégeler le corps électoral à temps pour les élections provinciales prévues l’an prochain.

Emmanuel Macron assiste à une cérémonie de bienvenue au Sénat local de Nouméa, le 25 juillet 2023. (Photo LUDOVIC MARIN/POOL/AFP via Getty Images)

Pour le futur statut institutionnel, « je ne veux presser personne », a en revanche temporisé Emmanuel Macron, affirmant rechercher un « consensus ». Ce statut doit apporter « stabilité » et « visibilité », plutôt que des « rendez-vous » électoraux « tous les ans ». Une manière de fermer la porte à une nouvelle expression rapide sur l’autodétermination, même si ce droit reste un « acquis ».

Il doit aussi comporter « une citoyenne pleine et entière », faite « de devoirs et de droits » ainsi que de « l’appartenance au Caillou ». Mais le « chemin d’avenir » passe aussi par une refonte du modèle économique et social calédonien qui reste « extraordinairement injuste », a-t-il affirmé, déplorant des « inégalités » criantes. « Une pierre dans le jardin des loyalistes », glisse un membre de la délégation présidentielle.

Une « relance économique »

Emmanuel Macron a aussi promis une « relance économique », avec un « projet nickel d’avenir » pour rendre rentables les usines qui exploitent ce minerai « stratégique ». À cet égard, il a évoqué un financement de l’État pour une « refonte de la filière énergétique » afin de fournir une électricité « compétitive » et « décarbonée ».

Avant de s’envoler pour le Vanuatu voisin, puis la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le président a enfin vanté sa stratégie pour l’Asie-Pacifique. « La France est une puissance indo-pacifique à travers vous et par vous, et c’est une fierté, et c’est une force », a-t-il lancé aux Calédoniens.

L’Union calédonienne avait justement reproché au chef de l’État d’« instrumentaliser » la Nouvelle-Calédonie pour « servir sa stratégie d’équilibre entre la Chine et les États-Unis » dans la région.

Là aussi, Emmanuel Macron n’a pas ménagé les indépendantistes. « Si l’indépendance c’est de choisir demain d’avoir une base chinoise ici », « bon courage, ça ne s’appelle pas l’indépendance ! », a-t-il tancé, suggérant de « regarder » les pays de la région qui « ont perdu leur souveraineté ».

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