Le gouvernement lance des « assises de lutte contre l’antisémitisme »

Par Epoch Times avec AFP
6 mai 2024 09:12 Mis à jour: 6 mai 2024 19:03

Le gouvernement a lancé lundi des « assises de lutte contre l’antisémitisme », dont la flambée alarme une communauté juive qui redira ses inquiétudes dans la soirée lors du dîner annuel du Crif.

« À travers ces assises, j’ai décidé de créer un espace de dialogue » pour « donner la voix à toutes celles et tous ceux qui subissent les conséquences concrètes des amalgames, des postures, des tentatives de récupération », a affirmé la ministre de la lutte contre les discriminations Aurore Bergé en lançant à Paris la réunion à laquelle étaient conviés les responsables de plusieurs associations (Crif, UEFJ, SOS Racisme…) et les représentants des principaux cultes.

La table ronde était ponctuée de témoignages vidéo de victimes de l’antisémitisme : une enfant racontant qu’une autre n’a pas voulu partager sa chambre parce qu’elle était juive, une jeune femme insultée dans le métro, un étudiant visé par un salut nazi… Il s’agit avec ces assises d’« établir ensemble, sans esprit de polémique », un « minimum commun sur lequel il ne devrait jamais être possible de transiger » pour « retrouver le sens des mots et la voie de la raison », a ajouté Mme Bergé.

« Les actes antisémites ont explosé »

Le nombre d’actes antisémites recensés en France a presque quadruplé l’an dernier, à 1676 contre 436 en 2022, selon l’Intérieur. Depuis le 7 octobre (date de l’attaque du Hamas contre Israël) « les actes antisémites ont explosé », a affirmé la ministre en déplorant que « la haine ordinaire, alimentée par les extrêmes, se déverse sur les réseaux sociaux, mais aussi dans nos rues, dans nos écoles, dans nos universités ».

Pour Yonathan Arfi, le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), « ces assises répondent à un impératif, que la puissance publique mette en mouvement la société civile ».

Selon une enquête de l’Ifop pour l’antenne française de l’American Jewish Committee (AJC) publiée dimanche dans le Parisien, 94% des Français de confession juive estiment que l’antisémitisme a progressé depuis une dizaine d’années (+21 points par rapport à 2022). Cette même enquête montre que 35% des 18-24 ans ont le sentiment qu’il est normal de s’en prendre à des juifs en raison de leur soutien à Israël.

Au niveau mondial, la Ligue antidiffamation (ADL), principal groupe de défense des droits des juifs, s’est alarmée dimanche du « niveau sans précédent » d’actes antisémites enregistrés en 2023, la guerre entre le Hamas et Israël alimentant un « incendie qui était déjà hors de contrôle ».

Aurore Bergé a dénoncé « l’instrumentalisation et l’importation du conflit au Proche-Orient » et « les outrances auxquelles elles donnent lieu » qui « fracturent et divisent ici », et « se retournent contre tous ceux que les antisémites ont décidé de considérer comme Juifs ».

« Aucun responsable politique ne sera présent »

La ministre avait annoncé en mars l’organisation de ces assises, en réponse à une tribune publiée par le collectif « Nous Vivrons » et 70 personnalités, qui appelaient les candidats aux européennes à s’engager « sans détour et sans complaisance » contre l’antisémitisme. En revanche, et contrairement à ce qui était prévu initialement, aucun responsable politique ne sera présent, « pour éviter d’en faire un sujet politique avant les élections européennes », explique-t-on au ministère.

Les politiques seront conviés à une deuxième session après le 9 juin. Les organisateurs espèrent ainsi « dépassionner politiquement le sujet » qui risquait de devenir prétexte « à des postures politiques ». Dans le même esprit, le travail autour d’un « manifeste »  à l’issue des assises n’a pas été confié à un politique mais à une universitaire, Marie-Anne Matard-Bonucci, professeure d’histoire contemporaine à Paris 8, qui aura « carte blanche pour en décider le contenu et recueillir les contributions », a assuré Aurore Bergé.

Les assises de lundi interviennent également sur fond de mobilisation pro-palestinienne à l’université, notamment à Sciences-Po où le militantisme des étudiants est accusé d’alimenter l’antisémitisme sur le campus.

Recevant le Crif à l’«Élysée pour ses 80 ans, Emmanuel Macron avait martelé en mars que l’État continuerait à combattre sans relâche l’antisémitisme avec « la même fermeté » et la « même intransigeance ». M. Arfi a aussi souhaité que cet antisémitisme soit combattu « dans toutes ses composantes, y compris la place qu’a prise la haine d’Israël ». Le président du Crif devrait répéter ses inquiétudes dans la soirée lors du traditionnel dîner annuel du Crif, qui se tiendra en présence du Premier ministre Gabriel Attal.

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