Dans les Alpes, un drone a fait plus de dégâts qu’un loup: « Il portait un casque de réalité virtuelle »

Par Léonard Plantain
24 octobre 2021 17:30 Mis à jour: 27 octobre 2021 00:41

Félix Portello, un berger présent dans le massif de l’Oisans (Alpes), voudrait que la législation interdise aux drones de survoler les zones où paissent les troupeaux. La raison : les drones effraient les animaux, qui peuvent alors se jeter d’une falaise pour échapper à l’engin. Au total, à cause d’un survol de drone, Félix a perdu 14 brebis.

Alors que les pâturages d’été en montagne se terminent et qu’il s’apprête à redescendre dans la vallée avec son troupeau de 1500 bêtes, Félix Portello, un berger dirigeant un troupeau de 1500 bêtes dans le massif de l’Oisans, a fait part de sa mésaventure avec un touriste utilisant un drone.

« Les touristes arrivent ici grâce aux remontées mécaniques. Mais beaucoup ne connaissent rien à la montagne. J’ai essayé de diffuser un petit texte pour une bonne cohabitation, mais cela n’a pas servi à grand chose. Moi, je n’ai rien contre les touristes, je veux juste vivre en paix avec mon troupeau. Mais je suis confronté, comme d’autres collègues depuis quelques temps, à un nouveau phénomène, celui du survol de drone », a-t-il déploré.

En effet, le 11 août dernier, un drone a survolé à plusieurs reprises en rase-motte son troupeau, qui se reposait dans une combe proche d’une falaise, a rapporté France Bleu« Comme je vous l’ai dit, il y a mille personnes en moyenne par jour qui se baladent dans le secteur. Les pentes sont aussi striées par le passage des vététistes. Alors, pour la sieste, on trouve ce qu’on peut, comme ce lieu un peu dangereux, car le vide n’est pas loin, mais je n’ai pas le choix », a expliqué Felix.

Problème, le drone est alors « passé et repassé au-dessus du troupeau, il le poussait vers la falaise ! J’ai vu que les brebis s’affolaient, couraient dans tous les sens, j’ai fait des grands gestes, j’ai crié, mais l’appareil est revenu encore et encore ! », a-t-il dénoncé.

Sur le moment, Félix est parvenu à localiser le pilote : « Il portait un casque de réalité virtuelle. Il se croyait sans doute dans un jeu vidéo mais il jouait avec des êtres vivants ! J’ai réussi à attraper l’engin. Le pilote ne comprenait pas pourquoi je lui demandais d’arrêter. Alors j’ai pris le drone et je l’ai cassé », a-t-il avoué.

Depuis, le propriétaire du drone, un vacancier d’une vingtaine d’années, a déposé plainte. Début novembre, Félix est donc convoqué devant le délégué du procureur pour destruction de bien. Il risque 400 euros d’amende, un non-sens pour lui : « Après cette attaque de drone, pour moi il s’agissait d’un geste malveillant, on a compté le troupeau et il nous manquait 14 bêtes qu’on n’a jamais retrouvées. Vu l’endroit où elles sont tombées, leurs carcasses ont dû être dévorées par le loup ou les vautours. Je lance un appel au monde politique et judiciaire pour que la législation change », a déclaré Félix.

Pour lui, voler en drone devrait être interdit dans les zones où se trouvent des animaux domestiques, comme les vaches et les brebis, mais aussi par rapport à la faune sauvage : « Ce robot bruyant qui vient du ciel les terrorise et ils peuvent sauter dans le vide pour lui échapper ». Aussi, « c’est dangereux pour les cavaliers, car les chevaux peuvent s’emballer », a-t-il indiqué

« Je me suis renseigné auprès de collègues. Je ne suis pas le seul à subir ces attaques de drone, car quand c’est utilisé de façon malveillante, c’est une arme. Une bergère, qui travaille dans le Mercantour, m’a raconté qu’un drone est venu la filmer alors qu’elle faisait sa toilette, nue, dans un ruisseau près de sa cabane. C’est horrible ! » a-t-il dénoncé.

Pour la suite, Félix a décidé lui aussi de porter plainte, aidé de deux amis bergers, pour la perte de ses brebis et pour destruction de preuve, car le pilote de drone a visiblement pris soin d’effacer les images qu’il avait tournées. Félix, dépité, a aussi déclaré qu’il ne reviendrait plus à cet endroit l’été prochain : « C’est dommage, cela faisait 40 ans que l’éleveur à qui appartient le troupeau et pour lequel je travaille vient ici. Le pastoralisme est menacé », a-t-il partagé.


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