Mercosur : la France « ne signera pas » un accord qui « condamnerait » ses agriculteurs, assure Annie Genevard
La France ne "signera pas un accord" qui "condamnerait" ses agriculteurs, a assuré dimanche la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, trois jours après des propos "positifs" d'Emmanuel Macron quant à un possible feu vert sur l'accord commercial entre l'UE et le Mercosur.

Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, répond aux questions au Parlement, le 4 novembre 2025.
Photo: STEPHANE DE SAKUTIN/AFP via Getty Images
« Nous voulons soutenir nos agriculteurs et c’est pourquoi la France ne signera pas un accord qui les condamnerait à terme », a déclaré la ministre dans le JDD, réaffirmant les « lignes rouges » de la France.
Trois exigences pour préserver l’agriculture française
La ministre a rappelé que la position de la France repose sur trois impératifs. En premier lieu, l’inclusion d’une clause de sauvegarde agricole spécifique, conçue pour permettre à notre pays d’activer un mécanisme d’urgence en cas de chute massive des prix résultant d’une arrivée soudaine de denrées importées.
Au-delà, Annie Genevard insiste sur la nécessité de « mesures miroir » : ce dispositif vise à empêcher l’importation en Europe de produits agricoles ne respectant pas les normes sanitaires et environnementales européennes. Enfin, elle préconise un renforcement des contrôles sanitaires, gage de protection pour les exploitations françaises.
Un dispositif à clarifier pour garantir l’efficacité
Si le socle des garanties est défini, de nombreux aspects doivent encore être précisés. Annie Genevard indique que « la vigilance » du gouvernement reste entière quant à la mise en application des mesures : « Qui décide ? Qui vérifie ? En combien de temps ? Quels critères déclenchent le mécanisme ? Nous sommes en train de l’examiner en nous posant une seule question : ce dispositif est-il réellement efficace et protecteur pour nos agriculteurs ? »
Les discussions se poursuivent afin d’assurer une protection robuste du secteur, face aux incertitudes du marché et aux menaces de concurrence déloyale.
La France entend peser dans les négociations européennes
Interrogée sur la capacité de la France à faire obstacle à l’accord, alors que le Brésil espère une signature avec l’Union Européenne d’ici au 20 décembre, la ministre affirme que Paris « a les moyens de se faire entendre ». Elle souligne que d’autres États membres, parmi lesquels la Pologne, l’Autriche, les Pays-Bas, l’Irlande et la Hongrie, partagent les mêmes inquiétudes. « Tant que ces garanties ne sont pas écrites, validées et acceptées par nos partenaires du Mercosur, la France restera sur sa position », déclare-t-elle. Les déclarations récentes d’Emmanuel Macron, jugées trop ouvertes par une large partie du monde agricole et de la classe politique, n’ont pas apaisé les craintes d’un secteur régulièrement exposé aux bouleversements des accords commerciaux internationaux.
Jeudi, depuis le Brésil, Emmanuel Macron s’était dit « plutôt positif » sur la possibilité d’accepter cet accord commercial controversé, tout en affirmant rester « vigilant ». Lors d’une nouvelle étape de sa tournée sud-américaine, au Mexique, il a précisé que « la France continue d’attendre des réponses claires ». Ces propos, alors que Paris a longtemps récusé tout feu vert avant la mise en place de protections concrètes, ont suscité un vif rejet au sein de la classe politique et du monde agricole français.

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