Michel Bassompierre, sculpteur infatigable du fragile « frère animal »

Par Epoch Times avec AFP
20 juin 2025 10:50 Mis à jour: 20 juin 2025 18:17

Enfant, Michel Bassompierre tirait le portrait des animaux du zoo de Vincennes. Adolescent, il s’échappait en forêt, la nuit, fasciné par les bruissements des coins sauvages et des bêtes invisibles. A 77 ans, le sculpteur, émerveillement intact, modèle encore et encore son « frère animal ».

Son atelier, au sud de Nantes, regorge de moulages en plâtre : des ours roulent sur le dos au sommet des étagères, un gorille massif domine l’établi, tandis qu’au fond de la pièce gorgée de lumière, un éléphant s’éveille.

Le sculpteur français Michel Bassompierre pose dans son atelier près de Nantes, le 4 juin 2025. (LOIC VENANCE/AFP via Getty Images)

Ses oeuvres tout en rondeurs, de bronze ou de marbre, de quelques centimètres ou hautes de plusieurs mètres, proviennent d’une étude poussée de l’anatomie des bêtes : Michel Bassompierre veut créer postures et mouvements plutôt que de les copier d’après photo.

Depuis quelques années, les expositions de cet ancien professeur d’arts appliqués s’enchaînent : après Bruxelles, Monaco et Paris entre autres, c’est au tour de New York d’accueillir son bestiaire. Ses « fragiles colosses », bronzes monumentaux de deux à quatre mètres de haut, dominent depuis le mois de mai, et pour un an, le trottoir de la fameuse Park Avenue.

« Jamais mieux » que chez lui, avec une forêt pour voisine

« Le monde sauvage, le frère animal, m’a toujours attiré, là où il n’y a pas d’humains. Peut-être parce que je suis une bête sauvage sans le savoir », sourit le sculpteur, cheveux d’argent et barbe blanche. Tablier en cuir passé sur son polo noir, il se dit peu emballé par les mondanités et « jamais mieux » que chez lui, avec une forêt pour voisine.

Le sculpteur français Michel Bassompierre pose dans son atelier près de Nantes, le 4 juin 2025. (LOIC VENANCE/AFP via Getty Images)

Les expositions de Michel Bassompierre sont souvent accompagnées de conférences où interviennent scientifiques et ONG, mettant en exergue les menaces qui pèsent sur cette faune qu’il modèle.

« Ces animaux sont encore là »  et  « il ne faut pas les oublier »

Professeure au Museum national d’histoire naturelle et régulière marraine des expositions, Sabrina Krief considère que celles-ci peuvent toucher de nouveaux publics.

La vétérinaire et primatologue française Sabrina Krief prononce son discours lors du One Forest Summit à Libreville, le 1er mars 2023. (LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images)

« Je crois au pouvoir d’émerveillement lié à l’art pour interpeller un public qui n’est pas immédiatement sensible aux mots. Dans des lieux complètement décalés, comme les rues de Paris ou de New York, cela touche un public très varié. La population humaine prend de plus en plus le pas sur la nature mais on peut malgré tout essayer de rappeler que ces animaux sont encore là et qu’il ne faut pas les oublier », explique-t-elle à l’AFP.

« Les enfants sont très réceptifs »

Installer des œuvres dans la rue, à la vue de tous, « permet aussi à tous ceux qui n’osent pas franchir les portes d’une galerie d’avoir accès à l’art, même brièvement, le temps d’une promenade », explique Karène Bassompierre, fille de l’artiste et chargée de sa communication. « Les enfants sont très réceptifs par exemple, on le voit à chaque exposition », ajoute-elle.

Une mère artiste et un père géologue

Né en mars 1948 d’une mère artiste et d’un père géologue, Michel Bassompierre grandit à Paris, et découvre le monde animal au Muséum national d’histoire naturelle et au zoo de Vincennes.

Il emménage adolescent en Normandie, arpente les forêts de nuit, et intègre quelques années plus tard les Beaux-Arts de Rouen.

« On est quatre à travailler dans ma tête »

Depuis toujours, ses œuvres naissent sur le papier. De son esquisse, il tire une maquette d’argile puis un moulage en plâtre.

Le sculpteur français Michel Bassompierre travaille dans son atelier près de Nantes, le 4 juin 2025. (LOIC VENANCE/AFP via Getty Images)

« On est quatre à travailler dans ma tête : il y a l’animalier, qui connaît bien l’espèce ; l’anatomiste, qui voit jusqu’à son squelette et comprend ses articulations ; le dessinateur, qui va donner l’esprit ; et le sculpteur, qui donne la forme », détaille l’artiste.

Le sculpteur français Michel Bassompierre travaille dans son atelier près de Nantes, le 4 juin 2025. (LOIC VENANCE/AFP via Getty Images)

« Toute son humilité, toute son humanité, toute sa bienveillance »

Fidèle visiteur de ses expositions, le comédien François Cluzet se dit « fasciné » par ses œuvres.

Le sculpteur français Michel Bassompierre pose dans son atelier près de Nantes, le 4 juin 2025. (LOIC VENANCE/AFP via Getty Images)

« On regarde ces animaux et on les voit exister, vivre, même s’ils sont silencieux, même s’ils n’avancent pas ; ils existent quand même et j’ai l’impression que dans leurs yeux, Bassompierre a mis toute son humilité, toute son humanité, toute sa bienveillance », affirme l’acteur.

« Tant que j’ai mes yeux, tant que j’ai ma tête et mes mains »

Il a fallu « toute une vie d’observation » pour « commencer à maîtriser un peu le sujet », précise le sculpteur. « Et je vais continuer à progresser, tant que j’ai mes yeux, tant que j’ai ma tête et mes mains. »

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