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MONDIACULT : L’agenda mondialiste et le décalage politique avec les citoyens

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Photo: Johannes Simon/Getty Images

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Durée de lecture: 12 Min.

Du 29 septembre au 1er octobre a eu lieu à Barcelone l’événement MONDIACULT, une rencontre culturelle mondiale organisée par l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture).
Ce congrès, consacré aux politiques culturelles et au développement durable, a été accueilli par le gouvernement espagnol sous le slogan « Libérer le pouvoir de la culture pour parvenir au développement durable ».
Le ministre espagnol de la Culture, Ernest Urtasun, et ses homologues de différents pays étaient présents à cette rencontre.
Parmi ses lignes d’action figure le paragraphe intitulé « Renforcement des capacités des États membres à promouvoir et à évaluer la contribution de la culture à la mise en œuvre de l’Agenda 2030 ». L’orientation idéologique de l’événement est donc évidente.
L’UNESCO soutient que les enfants apprennent mieux lorsqu’ils reçoivent un enseignement dans leur langue maternelle pendant les premières années de scolarité, ce qui améliore la compréhension, réduit le décrochage scolaire et facilite l’apprentissage des langues secondes. L’organisation onusienne défend également l’idée que chaque langue constitue un patrimoine culturel unique qui doit être préservé, et rappelle que la langue maternelle est essentielle à la transmission des valeurs, des traditions et des savoirs communautaires. Selon elle, elle renforce l’identité individuelle et collective et encourage la participation à la vie sociale et culturelle.
Cependant, ni le ministre de la Culture ni les représentants du gouvernement espagnol ne mentionnent qu’en Catalogne — et dans d’autres régions d’Espagne — se produit un phénomène éducatif sans précédent dans le reste du monde : la marginalisation systématique de la langue espagnole dans le milieu scolaire.
Cela démontre, une fois de plus que dans de nombreux cas, le pouvoir politique et les citoyens avancent dans des directions complètement opposées.
En raison de cette antagonisme, un groupe de citoyens issus de la société civile, appartenant à différentes entités civiques catalanes, a organisé une manifestation pour dénoncer le manque de respect culturel et juridique qui règne en Catalogne, où l’enseignement privilégie une seule langue officielle, reléguant l’espagnol au second plan. La manifestation, intitulée « Discrimination à l’égard des hispanophones », a rassemblé un petit groupe de manifestants déterminés qui ont distribué des tracts en anglais aux participants. Tous portaient des t-shirts avec l’inscription « Stop discrimination against Spanish speakers » (Halte à la discrimination à l’égard des hispanophones).
Au cours de cette manifestation pacifique, un manifeste a été lu en anglais et en espagnol, ce qui a provoqué le mécontentement d’une personne qui semblait faire partie de l’équipe du ministre Urtasun ou du maire de Barcelone. Cette personne a pratiquement exigé de la police qu’elle expulse les manifestants, dont le seul objectif était de faire connaître au monde entier la réalité culturelle et linguistique qui prévaut aujourd’hui en Catalogne et dans d’autres régions d’Espagne.

Un groupe de citoyens issus de différentes associations civiques catalanes a organisé un rassemblement informatif pour dénoncer le manque de respect culturel et juridique dont souffre la Catalogne, où l’enseignement d’une seule langue officielle est privilégié. (Epoch Times Espagne)

Comme je l’explique dans mon article Le déclin des langues régionales en Espagne, les langues régionales sont devenues un élément identitaire plutôt que culturel, ce qui contredit les principes défendus par l’ONU et l’UE pour les citoyens des États qui les composent.

La position des Nations unies sur la langue maternelle

L’Assemblée générale des Nations unies, par l’intermédiaire de l’UNESCO, a déclaré le 21 février Journée internationale de la langue maternelle.
Elle affirme que l’enseignement dans la langue maternelle :
– Améliore l’apprentissage pendant l’enfance.
– Réduit les inégalités en matière d’éducation.
– Protège la diversité culturelle et linguistique, considérée comme faisant partie du patrimoine de l’humanité.
Dans les documents liés à l’Agenda 2030, l’ONU relie la promotion de la langue maternelle à l’ODD 4 (Éducation de qualité) et à l’ODD 10 (Réduction des inégalités). Elle insiste sur le fait que les langues maternelles sont un vecteur essentiel pour préserver les traditions, les mémoires collectives et les visions du monde.

La vision de l’Union européenne sur les langues maternelles

– L’UE défend la diversité linguistique comme une valeur essentielle de l’Europe.
– La Charte européenne des langues régionales ou minoritaires du Conseil de l’Europe encourage les gouvernements à garantir l’utilisation des langues maternelles dans l’éducation, la vie culturelle et l’administration publique et stipule dans l’un de ses articles :
« L’interdiction de toute forme de distinction, d’exclusion, de restriction ou de préférence injustifiée relative à l’utilisation d’une langue régionale ou minoritaire et visant à décourager ou à compromettre son maintien ou son développement ».
– La Commission européenne encourage le multilinguisme (politique du multilinguisme et multilinguisme en tant que compétence clé) :
· Encourager chaque citoyen européen à apprendre et à utiliser au moins deux langues en plus de sa langue maternelle.
· Promouvoir un enseignement qui commence par la langue maternelle, puis passe à d’autres langues.
Dans ses politiques éducatives (Erasmus+, programmes d’intégration scolaire, etc.), l’UE insiste sur le fait que la langue maternelle est le fondement de l’identité et l’outil le plus efficace pour apprendre d’autres langues.
Compte tenu de cette ligne de pensée, en Espagne, même le gouvernement, en collaboration avec les gouvernements régionaux où coexistent deux langues, n’est pas en mesure de respecter les principes établis par ses collègues mondialistes dans l’Agenda 2030. Il ne respecte pas non plus la Constitution espagnole elle-même ni les arrêts rendus en matière linguistique. Et le plus grave : il ne respecte même pas les principes établis en ce sens par l’Union européenne. Tout cela reflète un véritable désordre institutionnel, où chaque administration agit selon des intérêts idéologiques plutôt que conformément à la légalité.

Un manque de cohérence manifeste

Ce manque de cohérence normative n’est pas un simple débat juridique : il a des conséquences tangibles dans la vie quotidienne.
Tout cela conduit à ce que, dans les régions espagnoles où deux langues coexistent, ces principes ne soient pas respectés et que la langue locale soit utilisée comme un instrument d’endoctrinement identitaire.
Cela donne lieu à des scènes comme celle qui est devenue virale il y a quelques jours sur les réseaux sociaux : un séparatiste catalan maltraitant dans le métro, devant tout le monde, une vieille dame assise à côté de lui. L’agresseur tentait de démontrer une prétendue supériorité et de l’humilier sans aucune raison, alors qu’elle voyageait simplement comme n’importe quel autre passager.
Cette vidéo est la preuve vivante des dommages anthropologiques que l’éducation identitaire en Espagne cause aux citoyens, au point de créer ce que j’appelle une « dysphorie géographique » : des Espagnols qui s’identifient à une nationalité qui n’existe pas, n’a jamais existé et n’existera jamais.
Contrairement à ce que peuvent penser les gouvernements régional – de Catalogne – et espagnol, les citoyens sont sur une autre longueur d’onde qui n’a rien à voir avec la mélodie lancinante qu’ils imposent chaque jour, comme s’il s’agissait d’une formule radiophonique, lassante et répétitive, destinée à modeler les consciences plutôt qu’à refléter la réalité. De plus en plus de citoyens décident de changer de station, et cette station, c’est la liberté de choix en matière d’enseignement.

La diversité utilisée comme arme politique identitaire

Le slogan de MONDIACULT parle de « libérer le pouvoir de la culture pour le développement durable ». Mais quelle culture peut être libérée si la langue maternelle de millions de citoyens est enfermée dans un tiroir d’interdictions et de marginalisation ? Les participants au congrès se voient présenter une image idéalisée de l’Espagne comme référence culturelle supposée de l’agenda mondialiste, tandis que leur est cachée la réalité de la Catalogne et d’autres régions où la langue espagnole est marginalisée et où la diversité est utilisée comme une arme politique identitaire. Et le plus grave, c’est que, dans le même temps, ceux qui se présentent comme les champions du multilatéralisme ne respectent pas non plus leurs propres « grands pactes » du mondialisme.
La véritable durabilité culturelle ne naît pas de l’imposition d’identités inventées, mais du respect de ce que l’être humain apporte dès sa naissance : sa langue, sa voix, sa façon de nommer le monde.
Tant que la politique s’obstinera à faire de la diversité un instrument d’endoctrinement identitaire, ce sera aux citoyens de chercher leur propre voie. Cette voie se profile déjà, et elle ne passe pas par l’uniformité idéologique, mais par la liberté de choix dans l’enseignement et la pleine reconnaissance de la langue espagnole comme partie fondamentale de l’identité des Catalans, des Basques et des Galiciens.
Le manifeste lu à Barcelone, et qui a été transmis au comité organisateur — un manifeste dont on ne parlera jamais — reflète précisément cet esprit : défendre que l’espagnol, langue maternelle de la majorité en Catalogne et langue commune de près de 600 millions d’hispanophones, retrouve la place que l’ONU et l’UE reconnaissent comme fondamentale dans l’éducation et la vie culturelle des peuples.
Ce silence institutionnel illustre mieux que tout autre chose le fossé qui sépare les discours de salon et la réalité vécue par des millions de citoyens.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Sayde Chaling-Chong García est président de l'Alliance ibéro-américaine européenne contre le communisme (AIECC), militant pour la réunification hispanique, lobbyiste au Parlement européen et promoteur de l'Union hispano-américaine (UH). Il a écrit pour des médias tels qu'El Periódico Cubano, El Catalán et El Debate.

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