« Ils vont tout monétiser » : Pékin transforme les violations des droits de l’homme en fond de commerce

Par Eva Fu
6 novembre 2021 18:19 Mis à jour: 6 novembre 2021 18:19

Selon un ancien fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères américain, le Parti communiste chinois (PCC) est devenu un expert dans l’art de générer des profits grâce à ses violations des droits de l’homme, telles le travail de populations réduites à l’esclavage ou le trafic d’organes de prisonniers de conscience.

Selon Robert Destro, ancien secrétaire d’État adjoint à la démocratie, aux droits de l’homme et au travail, les dirigeants chinois s’attaquent à tout ce qui peut menacer leur pouvoir.

« Ce sont des experts de l’appropriation », a déclaré Robert Destro lors d’une table ronde organisée le 18 octobre au Hudson Institute. « Ils vont tout monétiser, des ressources nationales à votre foie ».

Pillard, coercitif, répressif et intrusif – voilà les quatre mots que M. Destro a utilisés pour décrire le PCC.

La religion a été particulièrement touchée, dit-il, citant en exemple le revirement du régime à l’égard du groupe spirituel du Falun Gong.

Le Falun Gong, également connu sous le nom de Falun Dafa, est une pratique de méditation spirituelle basée sur les principes de vérité, de compassion et de tolérance.

Introduit en 1992 dans la ville de Changchun, dans le nord-est de la Chine, le Falun Gong a bénéficié d’un soutien considérable de l’État au cours des premières années, alors qu’il se répandait rapidement de bouche à oreille. Selon les estimations officielles, la pratique comptait de 70 millions de pratiquants à la fin de la décennie. Les médias d’État chinois faisaient l’éloge de la pratique pour ses bienfaits sur la santé, et un responsable de la Commission des sports de l’État a souligné les milliards de dollars d’économies médicales qu’elle a permis à l’État de réaliser.

En 1999, le dirigeant du PCC de l’époque, Jiang Zemin, a ordonné le retrait de tous ces soutiens et, le 20 juillet de la même année, le PCC a lancé une campagne nationale visant à éliminer cette pratique.

« Et à ce jour, le Falun Gong est perçu comme une menace pour sa survie », déplore M. Destro.

Les pratiquants ont été identifiés par les experts comme le principal groupe de victimes de la campagne industrialisée de prélèvements forcés d’organes menée par Pékin. Les organes des pratiquants emprisonnés sont prélevés et vendus, souvent pour des dizaines de milliers de dollars, selon un processus médical macabre qui ne laisse aucun survivant.

Des pratiquants de Falun Gong à Vienne, en Autriche, mettent en scène une opération de prélèvement d’organes lors d’une manifestation contre les prélèvements forcés en Chine. 1er octobre 2018. (JOE KLAMAR/AFP via Getty Images)

« Le gouvernement chinois a utilisé le système policier, les systèmes judiciaires, le système médical, travaillant ensemble pour permettre cette chaîne de profits », explique Sean Lin, directeur de la communication de l’Association Falun Dafa à Washington. « S’ils identifient une correspondance, ils peuvent venir chez vous pour vous arrêter sous n’importe quel prétexte et prélever vos organes. »

La pratique macabre consistant à « vendre les organes de son propre peuple » fait que le régime chinois n’est pas différent d’une « entreprise criminelle organisée », fait remarquer M. Destro. L’ancien fonctionnaire, qui a également occupé le poste de coordinateur spécial pour les questions tibétaines, a observé le même type de politiques d’exploitation menées sur le plateau tibétain et ailleurs dans le pays.

Le Tibet, affirme-t-il, a été un « terrain d’essai clé » où le régime a exercé sa répression en toute impunité. Pour ce faire, il a extrait les minéraux de la région, forcé les habitants à s’assimiler culturellement aux pratiques de la majorité chinoise Han, poussé le chef spirituel du Tibet, le Dalaï Lama, à l’exil et mis la région « sous surveillance permanente ».

La région est « incroyablement importante sur le plan géostratégique et environnemental », étant à la fois la porte d’entrée pour l’avancement de son projet d’infrastructure l’Initiative Ceinture et route (ICR) et une ressource en eau essentielle pour les voisins asiatiques. Surnommé le « toit du monde », l’altitude élevée du plateau ajoute également à sa valeur stratégique dans la tentative du régime de devenir la première puissance militaire mondiale.

« Si vous avez vos missiles au sommet du plateau, vous pouvez frapper n’importe où », explique-t-il.

Des scènes similaires se déroulent également au Xinjiang, la région située à l’extrême ouest du pays, où environ un million d’Ouïghours sont regroupés dans un réseau de camps d’internement, dans le cadre de ce que les autorités ont présenté comme une campagne antiterroriste.

Le régime n’a montré « absolument aucune pitié », assure Nury Turkel, avocat américain ouïghour et vice-président de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale.

« Pour le Parti communiste chinois, toute religion organisée, toute pratique de religion ou de croyance, est perçue comme une menace. Elles sont perçues comme une menace pour la survie du PCC. »

Des cueilleurs de coton dans un champ à Hami, dans la région du Xinjiang, à l’extrême ouest de la Chine, le 20 septembre 2011. (STR/AFP/Getty Images)

La région du Xinjiang fournit 85 % du coton chinois et environ un cinquième de l’offre mondiale, dont une part importante est susceptible d’être entachée de travail forcé, selon le think tank Center for Global Policy.

En outre, les femmes ouïghoures des camps du Xinjiang ont vu leurs précieux cheveux, qui poussent très longs selon leur tradition, être rasés. Selon des survivantes interviewées par Epoch Times, une partie de ces cheveux sert ensuite à fabriquer des tresses et d’autres produits de beauté vendus aux États-Unis.

Dans les prisons chinoises, les jouets, les fleurs artificielles, les cosmétiques et les vêtements ne sont que quelques-uns des produits que les prisonniers d’opinion sont contraints de fabriquer pendant les longues heures épuisantes de la journée, ont expliqué à Epoch Times des pratiquants de Falun Gong qui se sont échappés aux États-Unis.

Les experts précisent que les conséquences des violations des droits de l’homme commises par le régime ne s’arrêtent pas aux frontières de la Chine.

La Chine jouant un rôle majeur dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, le régime n’a pas hésité à user de sa puissance économique pour riposter aux critiques occidentales et soumettre les entreprises américaines à sa volonté. Au début de l’année, Pékin a lancé un boycott contre les grandes marques internationales de vêtements qui avaient cherché à éviter d’utiliser le coton du Xinjiang dans leurs produits, ce qui a conduit une douzaine de maisons de mode à perdre leurs ambassadeurs de chinois.

Nina Shea, experte en liberté religieuse à l’Institut Hudson qui a présidé le débat, fait remarquer que lorsque l’administration Trump a imposé des droits de douane sur les produits chinois, les éditeurs de bibles basés aux États-Unis qui impriment des dizaines de millions de bibles en Chine se sont rangés du côté de Pékin en faisant pression sur Washington contre la mesure.

« C’est un modèle alternatif de vie et d’existence que les Chinois mettent consciemment en concurrence avec le modèle démocratique libéral », constate-t-elle.

La situation critique des communautés religieuses chinoises mérite une plus grande attention de la part des États-Unis, estiment Nina Shea et Robert Destro.

« Ces communautés religieuses jouent un rôle de pionniers. Cela va arriver près de chez vous si nous n’y sommes pas attentifs ».


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