Mort de l’ours Cachou : les résultats d’autopsie restent pour le moment confidentiels

Par Léonard Plantain
16 mai 2020 16:20 Mis à jour: 16 mai 2020 16:20

Le 9 avril dans le Val d’Aran, côté espagnol des Pyrénées, le corps de l’ours Cachou a été retrouvé mort (il était le fils de Balou, introduit dans les Pyrénées en 2006), mais pour le moment, l’autopsie n’est pas rendue publique, ce qui suscite des interrogations.

Retrouvé mort le 9 avril dans les montagnes de la commune de Les, en Val d’Aran, qu’est-il arrivé à Cachou ? Pour l’heure, impossible de savoir de quelle manière il a perdu la vie, le juge catalan en charge de l’affaire ayant refusé de rendre publique son autopsie.

Sa découverte a été rendue possible grâce au collier GPS dont il était équipé pour suivre son comportement. Les données indiquaient que l’animal ne bougeait plus depuis plusieurs jours. Cachou avait 5 ans, son corps a été identifié par les agents ruraux catalans.

Ivan Afonso, responsable de l’Environnement au Conseil du Val d’Aran, a déclaré à France3 Régions : « Je suppose que les résultats d’autopsie seront rendus publics quand le secret d’instruction décrété par le juge de Vielha sera levé. » Mais attendant, cela suscite de nombreuses interrogations entre les pro-ours et les anti-ours.

En effet, depuis de nombreuses années, la question de la réintroduction de l’ours des Pyrénées est au coeur d’une grande bataille. D’un côté, il y a ceux favorables à sa réintroduction pour protéger l’espèce, et de l’autre, les éleveurs dont les bêtes sont parfois victimes de ce prédateur. Ainsi, certains espèrent que l’État prendra un jour la décision de retirer l’ours des montagnes pyrénéennes, tandis que d’autres pensent que la cohabitation entre l’animal et l’homme est possible. Alors, face au secret de l’autopsie, les avis divergent.

Pour Alain Reynes, directeur de l’Association Pays de l’ours Adet : « Les Catalans ne cachent pas forcément quelque chose, ça laisse le doute planer, mais les hypothèses peuvent être très nombreuses et le problème est là. La nature humaine ayant horreur du vide, chacun est tenté de le combler avec ce qu’il espère ou ce qu’il craint. » Alain Reynes explique ensuite ne retirer aucune possibilité : « Cachou pourrait avoir été empoisonné, tué par un autre animal ou même par balle. »

Pour lui, le secret d’instruction n’est pas forcément une mauvaise chose : « Si c’est pour une meilleure qualité d’analyse et que cela garantit une procédure indépendante et impartiale, alors on peut le comprendre et admettre que pendant une période limitée, il y ait une discrétion assurée autour de cette affaire. Mais si les informations ne sont pas diffusées parce que le contenu est gênant, alors ça devient un problème. »

De son côté, Oliver Maurin, co-président de l’ADDIP (Association pour le Développement durable de l’identité des Pyrénées) et éleveur de brebis, penche plutôt pour l’hypothèse de l’empoisonnement.

« Un ours en moins ne pose pas problème aux éleveurs, au contraire. Mais les éleveurs ne se réjouissent jamais de la mort d’un animal qui n’a rien demandé », déclare-t-il. Pour lui, la faute pourrait revenir à l’OFB (Office français de la biodiversité). Car après avoir parlé à l’un des responsables de l’OFB, avec qui il a discuté des essais en cours pour favoriser la cohabitation entre l’ours et l’homme, il a déclaré : « Il m’avait cité l’exemple de pilules vomitives pour les ours afin de leur apprendre à ne pas attaquer. Je me suis dit que ça allait loin. »

« L’idée était de mettre un fongicide sur la carcasse d’une bête morte pour que ça fasse vomir l’ours », ajoute Oliver Maurin à France3 Région. Pour lui, c’est donc probablement de cette manière que l’animal est décédé.

« S’il est mort [à la suite d’une] bagarre avec un autre mâle, je ne vois pas pourquoi on le cacherait », précise-t-il, avant d’ajouter : « Et si l’ours a été empoisonné, ça en dit long sur le fait qu’ils ne trouvent pas de solution pour faire cohabiter pastoralisme, activité humaine et ours. Ce ne serait pas la première fois que les services d’administration font des essais qui se soldent par la mort d’un ours. »

D’autres ont émis l’hypothèse que Cachou aurait pu être tué par un éleveur, mais pour Oliver Maurin, la réponse est sans équivoque : « Il y a beaucoup d’éleveurs qui n’en peuvent plus. Si on était en capacité de les éliminer, ça serait fait depuis longtemps. Mais ce n’est pas possible, car ce sont des animaux sauvages et le risque est trop grand. Et on a jamais autorisé les éleveurs à utiliser leurs armes. »

De son côté, l’OFB affirme n’avoir réalisé aucun test chimique, en déclarant également : « On ne fait pas de test de poison sur les ours. »

Quoiqu’il en soit, la mort de l’animal a provoqué beaucoup d’émoi. « L’ours Cachou avait un intérêt particulier au sein de la population pyrénéenne, car il a un patrimoine génétique différent des autres, c’est l’unique descendant du mâle Balou qu’on avait lâché en 2006 », explique Alain Reynes.

« C’est un mâle qui a 5 ans, donc dans la pleine possession de ses moyens. Tout juste adulte, il pouvait participer à la reproduction et semblait en parfaite santé. Il constituait un espoir de [par] son patrimoine génétique original. Cela renforce la nécessité de lâcher des individus supplémentaires », conclut-il.

À la suite de l’incident, une consultation publique a été ouverte par le ministère de la Transition écologique. Cette dernière vise à demander aux Français leur avis sur la mise en place de mesures d’effarouchement de l’ours brun dans les Pyrénées pour prévenir les dommages sur les troupeaux. La consultation est disponible jusqu’au 22 mai.

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