Mort de Mahsa Amini: les journalistes iraniennes payent le prix fort

Par Epoch Times avec AFP
13 septembre 2023 16:05 Mis à jour: 13 septembre 2023 16:11

Les journalistes – particulièrement des jeunes femmes – ayant enquêté sur l’affaire Mahsa Amini, dont la mort il y a un an a enflammé l’Iran, sont systématiquement persécutés, dénoncent les groupes de défense des droits humains.

Il y a un an, le 16 septembre, la jeune kurde iranienne décédait après son arrestation par la police des mœurs pour non respect des strictes obligations vestimentaires islamiques. Sa mort a entraîné des mois de manifestations, réprimées dans le sang et les arrestations, mais le soulèvement « Femme, Vie, Liberté » s’est poursuivi sous différentes formes et apparaît comme l’un des plus grands défis lancés aux autorités iraniennes depuis la révolution de 1979.

Une « répression terrifiante »

Les journalistes ayant dévoilé l’affaire et enquêté sur ses circonstances ont été particulièrement visés par la répression. Selon l’organisation Reporters sans Frontières (RSF) basée à Paris, qui dénonce une « répression terrifiante », 79 journalistes ont été arrêtés en un an, et douze d’entre eux sont toujours derrière les barreaux. Dont plusieurs femmes.

Moins d’une semaine après la mort de Mahsa Amini, une journaliste de 29 ans du quotidien Shargh, Niloufar Hamedi, a été arrêtée. Elle s’était rendue à l’hôpital où est décédée Mahsa et avait posté sur les réseaux sociaux une photo de la famille en deuil. Une de ses consœurs, Elahe Mohammadi, 36 ans, du quotidien Ham Mihan, qui s’était rendue dans la ville natale d’Amini, à Saqqez (ouest) pour couvrir ses funérailles, a été arrêtée le 29 septembre. Les deux journalistes sont détenues depuis lors, et sont actuellement jugées pour violation de la sécurité nationale, des charges qu’elles rejettent catégoriquement.

« Travail courageux »

« Le courage et l’engagement de Niloufar Hamedi doivent être récompensés, et non punis. Son emprisonnement pendant près d’un an illustre la terrible répression mise en œuvre par la République islamique d’Iran à l’égard des journalistes, et son rejet de la liberté de la presse et de toute information fiable », a déclaré Jonathan Dagher, un responsable de RSF, dans un communiqué.

Une répression encore illustrée par l’arrestation début septembre de la sœur jumelle de Elahe Mohammadi, Elnaz. Également journaliste, la jeune femme a été condamnée à trois ans de prison, dont une grande partie avec sursis, pour complot. Elle et sa co-accusée Negin Bagheri devront purger moins d’un mois de détention, selon leur avocat. Mais elles devront suivre une formation « éthique » supervisée par des agents du renseignement iranien et n’ont pas le droit de quitter le pays. « Le gouvernement iranien est déterminé à réduire au silence ces deux sœurs journalistes et les femmes dont elles portent la voix », accuse M. Dagher.

RSF a réclamé l’arrêt des « sanctions aveugles » contre tous les journalistes du pays. La Fondation Clooney pour la Justice (CFJ) fondée par l’avocate Amal Clooney et son mari l’acteur George Clooney, a récompensé cette années les deux sœurs avec le prix Justice pour les Femmes. « Leur travail courageux a permis de faire sortir de l’ombre la mort de Mahsa Amini », a déclaré le CFJ.

« N’acceptez pas l’esclavage, vous méritez le meilleur ! »

Quelques semaines après l’arrestation de Mmes Hamedi et Mohammadi, la jeune Nazila Maroufian, aujourd’hui âgée de 23 ans, a publié une interview du père de Mahsa, Amjad Amini, sur le site Mostaghel Online. Il y accusait les autorités de mentir sur les circonstances de la mort de sa fille. La famille Amini affirme que Mahsa a subi des coups ayant entraîné la mort, la version officielle parle d’un problème cardiaque.

Depuis la publication de cet entretien, Nazila Maroufian a été arrêtée quatre fois. À chacune de ses sorties de prison, elle s’est photographiée sans foulard, un défi au pouvoir religieux dont un des piliers est le port du voile obligatoire pour les femmes. « N’acceptez pas l’esclavage, vous méritez le meilleur ! » a-t-elle écrit sur l’un de ses posts la montrant à sa sortie de prison, un bouquet de fleurs dans une main et un bras levé en signe de victoire.

Mme Maroufian, qui a de nouveau été incarcérée fin août, a affirmé début septembre avoir été victime d’une agression sexuelle en détention. Libérée il y a quelques jours, elle n’a cette fois pas posté de photo.

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