Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy retrouve la liberté après 20 jours passés derrière les barreaux
L'ex-président français Nicolas Sarkozy a quitté lundi peu avant 15h00 (14h00 GMT) la prison parisienne de la Santé, après sa remise en liberté décidée par la cour d'appel de Paris, a appris l'AFP de source proche du dossier, il aura passé 20 jours en détention après sa condamnation à cinq ans de prison dans le dossier libyen, a quitté la prison à bord d'une voiture aux vitres teintées, escortée par des motards de la police.

Nicolas Sarkozy quitte sa résidence pour se présenter à la prison de La Santé afin d'y purger une peine de cinq ans d'emprisonnemente, le 21 octobre 2025 .
Photo: JULIEN DE ROSA/AFP via Getty Images
La cour d’appel de Paris a accordé lundi la remise en liberté de Nicolas Sarkozy, mettant fin à trois semaines d’emprisonnement qui ont marqué l’histoire de la Ve République. L’ancien président français, incarcéré suite à sa condamnation dans le dossier du financement libyen, devrait quitter la prison de la Santé dans la journée.
Le parquet général avait requis sa sortie sous contrôle judiciaire lors de l’audience matinale, où l’ex-chef d’État comparaissait par visioconférence depuis sa cellule.
« C’est éreintant » : les mots d’un président emprisonné
Apparaissant à l’écran depuis une salle aux murs blancs, Nicolas Sarkozy, 70 ans, affichait un visage fermé mais une apparence inchangée. Pieds nerveux, mains agitant un stylo, l’ancien dirigeant a livré un témoignage rare sur ses conditions de détention.
« La prison, c’est dur, c’est très dur, ça l’est certainement pour tout détenu, je dirais même que c’est éreintant », a-t-il confié, offrant une image inédite dans l’histoire républicaine française.
Vêtu d’une veste bleu foncé sur un pull sombre et une chemise, il est resté ferme dans ses convictions : « Je me bats pour que la vérité triomphe. »
Un contrôle judiciaire strict
La liberté retrouvée s’accompagne de contraintes sévères. Estimant que des risques de pressions sur les témoins et coprévenus subsistent, notamment auprès d’anciens dignitaires du régime Kadhafi dispersés à travers le monde, la justice a imposé plusieurs mesures.
Nicolas Sarkozy ne pourra pas quitter le territoire français. Une interdiction de contact élargie lui est imposée, visant aussi bien d’anciens responsables libyens que de hauts magistrats français, dont le garde des Sceaux Gérald Darmanin. La cour a souligné sa « capacité à actionner différents services de l’État » en raison de son statut d’ancien président.
Une première en Europe
Cette incarcération constitue un événement sans précédent, non seulement dans l’histoire de France, mais également à l’échelle européenne. Aucun ancien chef d’État de l’Union européenne n’avait jusqu’alors connu l’emprisonnement, faisant de cette affaire un moment historique qui a suscité d’intenses débats.
Durant sa détention, Nicolas Sarkozy a été placé à l’isolement pour des raisons de sécurité, bénéficiant de la protection permanente de deux agents. Des mesures exceptionnelles justifiées par « son statut » et les « menaces qui pèsent sur lui », selon le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez.
L’affaire libyenne : les faits reprochés
Le 25 septembre dernier, le tribunal correctionnel de Paris avait reconnu l’ancien président coupable d’avoir sciemment laissé ses collaborateurs solliciter un financement occulte auprès de la Libye de Mouammar Kadhafi pour sa campagne victorieuse de 2007. Il a été condamné à cinq ans de prison ferme pour association de malfaiteurs.
Au cœur du dossier : des rencontres fin 2005 entre deux proches de Sarkozy et Abdallah Senoussi, beau-frère du dictateur libyen. Ce dernier purge une peine à perpétuité en France pour l’attentat contre un DC-10 d’UTA en 1989, qui avait coûté la vie à 170 personnes, dont 54 Français, au-dessus du désert du Ténéré au Niger.
« Une grande souffrance » selon la défense
Me Jean-Michel Darrois, l’un des avocats de l’ancien président, a décrit l’épreuve traversée par son client : « Même s’il est un homme fort, robuste et courageux, cette détention a été pour lui une grande souffrance et une grande douleur. »
La défense a fermement écarté tout risque de récidive ou de pression sur les témoins. « C’est la détention qui constitue une menace pour Nicolas Sarkozy, pas le contraire », a plaidé Me Christophe Ingrain.
Procès en appel et autres condamnations
Nicolas Sarkozy attendra désormais libre son procès en appel, dont les dates précises devraient être communiquées jeudi aux avocats. L’audience devrait débuter en mars.
Cette affaire s’ajoute à un lourd passif judiciaire. L’ancien président a déjà été définitivement condamné dans le dossier des « écoutes » à un an d’emprisonnement ferme. Il saura également le 26 novembre si la Cour de cassation valide sa condamnation en appel dans l’affaire Bygmalion, soit un an d’emprisonnement dont six mois ferme pour le financement illégal de sa campagne de 2012.
Estimant être victime d’un « harcèlement » de la justice, Nicolas Sarkozy a systématiquement fait appel de toutes ses condamnations.
Avec AFP





