Nièvre – Ils squattent la maison d’une retraitée et refusent de partir : « On rendra les clés quand la justice l’aura décidé »

Par Paul Tourège
16 septembre 2020 00:38 Mis à jour: 16 septembre 2020 00:38

Depuis près de trois semaines, un couple de quadragénaires s’est installé dans une maison d’un petit village de la Nièvre appartenant à une octogénaire sous curatelle. Au fait de la loi, les squatteurs refusent de quitter les lieux tant que la justice n’a pas ordonné qu’ils soient expulsés…

Courant août, la résidence secondaire de Marie-Thérèse et Henri Kaloustian, un couple de retraités lyonnais, située à Théoule-sur-Mer (Alpes-Maritimes) avait été investie par un couple de squatteurs. Si l’épilogue judiciaire de l’affaire n’a pas encore eu lieu, les retraités ont toutefois fini par récupérer leur bien à la faveur de l’interpellation de l’un des squatteurs, soupçonné de violences à l’encontre de sa femme.

Depuis quelques jours, une affaire similaire défraie la chronique à Saint-Honoré-les-Bains, un village d’environ 750 habitants situé en lisière du massif du Morvan.

Un couple de quadragénaires occupe en effet une maison de la rue des Caves depuis environ trois semaines. Si un troisième individu âgé d’une soixantaine d’années qui squattait également l’ancienne pension de famille a fini par partir et a été pris en charge par la Croix-Rouge le week-end dernier, le couple refuse pour sa part de quitter les lieux.

La bâtisse appartient à une octogénaire placée sous curatelle qui réside actuellement dans un Ehpad. C’est son fils, domicilié en région parisienne, qui est venu constater la présence des indésirables dans la maison familiale.

« C’est le village natal de ma mère, elle a vécu là toute sa jeunesse. Elle revient tous les ans, mais là, un problème de santé, puis le coronavirus l’ont contrainte à rester en Ehpad. Nous sommes venus pour la dernière fois en octobre 2019. C’est le premier été où l’on ne vient pas, et on découvre la maison squattée. J’ai été prévenu de la situation le 30 août », a expliqué le fils de la propriétaire à nos confrères du Journal du Centre.

« C’est mon arrière-grand-mère qui l’a construite. Ma grand-tante a récupéré la gestion de l’hôtel, et ma mère a hérité du bâtiment principal il y a une trentaine d’années. Elle a investi de l’argent à l’intérieur, elle a créé des salles de bains. Aujourd’hui, elle a plus de 80 ans et elle l’entretient moins, c’est vrai. Mais elle souhaite y revenir dès que la situation du coronavirus en Île-de-France le lui permettra […] », ajoute-t-il.

Une vidéo de l’altercation entre le propriétaire et les squatteurs enflamme les réseaux sociaux

Ulcéré, le fils de la propriétaire s’est rendu sur place le samedi 12 septembre, accompagné de sa conjointe et du maire (SE) du village, Didier Bourlon, afin d’exiger des squatteurs qu’ils s’en aillent.

Une rencontre qui a donné lieu à une discussion pour le moins animée. Une partie de la séquence a été filmée et diffusée sur les réseaux sociaux. Au fait de la loi, le couple de squatteurs a campé sur ses positions, refusant catégoriquement d’évacuer la maison.

Passé un délai de 48 heures, les squatteurs d’une résidence secondaire ne peuvent en effet plus être expulsés par les forces de l’ordre, le seul moyen de les déloger consistant alors à déposer plainte et à s’en remettre à la justice.

« C’est quand même impressionnant. Ils ont la loi pour eux et ils la connaissent. J’ai vu pas mal de choses dans ma vie, mais là… C’est inouï ! » a souligné M. Bourlon dans les colonnes du quotidien régional.

L’édile craint désormais que la situation ne s’envenime. « Certains jeunes, certains moins jeunes vont se regrouper et vont chasser les squatteurs. C’est ce que j’ai expliqué à certaines autorités ce matin. J’ai très peur que ça dégénère », a confié Didier Bourlon aux journalistes de France 3.

De son côté, le fils de la propriétaire de la bâtisse – qui a dû passer la nuit du 12 au 13 septembre chez une voisine faute de pouvoir rentrer chez lui – a déposé plainte et a pris contact avec un avocat. « Il m’a dit que ça durerait entre un an et un an et demi », précise-t-il.

« On pense qu’ils sont passés par une fenêtre, et qu’ils ont trouvé un double des clés dans la maison. Quand je suis rentré, samedi soir, ça puait la beuh. Il y avait des draps agrafés aux fenêtres. Je les ai enlevés. Ils m’ont dit plus tard que je m’étais permis d’arracher leurs rideaux ! Ils ont fouillé dans les placards, ils connaissent des détails médicaux de ma mère, ils se complaisent à fouiller dans son intimité. J’ai même découvert que faute d’avoir pu mettre l’électricité, ils se sont branchés sur celle du voisin ! » raconte le fils de la propriétaire dans les colonnes du Journal du Centre.

Les squatteurs prêts à jouer la montre

Interrogé par les journalistes de TF1, le couple de squatteurs a de nouveau affirmé qu’il ne quitterait pas la maison tant que la justice ne le lui aurait pas signifié.

« Je pars aujourd’hui du principe qu’il y a une loi. La morale n’est pas punissable. Ma femme a vécu plein de choses morales qui n’étaient pas punissables. Je ne vois pas pourquoi nous serions punis pour la morale. On va attendre que la justice fasse son travail et quand elle aura décidé, on libérera les lieux et on rendra les clés sans problèmes », a déclaré l’un des squatteurs sans sourciller.

Abasourdis, les voisins de la maison squattée ont témoigné leur soutien au fils de la propriétaire. Certains n’ont d’ailleurs pas hésité à faire part de leurs inquiétudes

« Tous les soirs quand je rentre chez moi, je fais le tour de la maison, de la cave, pour voir si on ne m’a pas forcé la porte », a indiqué l’un d’entre eux sur TF1.

« C’est un petit village assez réputé et voir ça est affolant. La plupart des voisins sont sidérés de cette situation », renchérit un autre.

Le gouvernement va soutenir un amendement visant à accélérer les expulsions des squatteurs

Ce lundi, le gouvernement a annoncé qu’il allait soutenir un amendement devant être déposé mercredi prochain par Guillaume Kasbarian, député (LREM) de l’Eure-et-Loir et rapporteur du projet de loi Accélération et simplification de l’action publique (Asap).

« Cet amendement dit une chose très simple : que ce soit une résidence principale ou une résidence secondaire, ou même une résidence occasionnelle, à partir du moment où vous trouvez un squatteur chez vous, vous déposez plainte, vous faites constater que c’est bien chez vous et après vous interpellez le préfet », a expliqué la ministre du Logement Emmanuelle Wargon sur RTL.

« Le préfet a 48 heures pour vous répondre », a-t-elle ajouté. Le préfet devra ensuite mettre lui-même les squatteurs en demeure de quitter les lieux occupés sous 24 h. Passé ce délai, il pourra demander l’intervention de la force publique pour faire déguerpir les importuns manu militari.

« Ce que les Français attendent, c’est qu’on ne soit pas démuni. Quelqu’un rentre chez vous par effraction, s’installe et dit : ‘Maintenant, c’est chez moi !’, c’est inacceptable  !  La procédure va permettre de régler cela beaucoup plus vite, et je pense que c’est l’attente principale  », poursuit Mme Wargon.

S’il est adopté, cet amendement devrait donc enfin permettre de simplifier et d’accélérer les procédures d’expulsion des squatteurs.

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