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Enfants kidnappés

Nigeria : l’appel désespéré des parents d’enfants kidnappés

Au Nigeria, des dizaines de parents vivent un cauchemar sans fin depuis l'enlèvement massif survenu la semaine dernière dans une école catholique du centre-ouest du pays. Leurs suppliques résonnent dans le vide : ils implorent les ravisseurs de faire preuve de clémence et de libérer leurs enfants.

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Vue générale des lits superposés vides et des effets personnels éparpillés dans un dortoir d'élèves à l'école catholique St. Mary's à Papiri, dans la municipalité d'Agwarra, dans l'État du Niger, le 23 novembre 2025.

Photo: Ifeanyi Immanuel Bakwenye / AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Michael Ibrahim, le père d’un petit garçon de 4 ans, ne cache pas son angoisse : « Nous ne savons pas dans quelles conditions se trouve notre enfant ». Le traumatisme est tel que la mère du petit a dû être hospitalisée, incapable de supporter la douleur de cette séparation forcée.

Plus de 300 enfants arrachés à leur école

L’attaque contre l’école catholique Saint Mary, située dans l’État du Niger, a marqué les esprits par son ampleur. Des hommes armés ont kidnappé plus de 300 élèves, s’inscrivant dans une vague d’enlèvements qui frappe actuellement le Nigeria, le pays le plus peuplé du continent africain.
Cette semaine noire a également vu 25 lycéennes enlevées dans l’État de Kebbi, au nord-ouest, et 38 fidèles capturés dans une église de l’État de Kwara, à l’ouest.

Une attente insoutenable pour les familles

Si une cinquantaine d’élèves sont parvenus à s’échapper, plus de 265 enfants et enseignants demeurent aux mains de leurs ravisseurs. Parmi eux, certains sont très jeunes, comme le confirme le révérend Bulus Yohanna du diocèse catholique de Kontagora.
Sunday Isaiku, un autre père désemparé, répète inlassablement : « Je veux que mon enfant revienne. Je veux que mon enfant revienne ». Il se désole de ne pas avoir « le pouvoir de le ramener » lui-même.

Un fléau qui gangrène le pays

Le Nigeria est régulièrement frappé par ces enlèvements de masse, généralement perpétrés par des bandes criminelles avides de rançons. Ces groupes ciblent des populations vulnérables dans des zones rurales où la sécurité fait cruellement défaut.
Le sort des victimes varie : certaines sont libérées ou secourues en quelques jours, d’autres après des semaines ou des mois. Certaines parviennent à s’échapper seules, tandis que d’autres disparaissent définitivement.
L’enlèvement des lycéennes de Chibok en 2014 par le groupe jihadiste Boko Haram reste gravé dans les mémoires. Sur les 276 adolescentes kidnappées, environ 90 manquent toujours à l’appel, plus de dix ans après les faits.

Aucune revendication, aucune demande de rançon

Concernant l’attaque de Saint Mary, le silence des ravisseurs demeure total. Aucun groupe n’a revendiqué l’enlèvement ni contacté l’établissement pour formuler une demande de rançon.
« Pour l’instant, nous voulons récupérer nos 265 élèves et écoliers. J’appelle le gouvernement fédéral et celui de l’État à unir leurs efforts », a lancé le révérend Bulus Yohanna, implorant les autorités : « Aidez-nous, s’il vous plaît… pour qu’ils reviennent et soient réunis avec leurs parents ».

Le gouvernement, seul espoir des familles

Pour Michael Ibrahim, comme pour tant d’autres parents, le gouvernement représente l’unique espoir. « Nous ne connaissons aucun autre moyen de ramener ces enfants en dehors du gouvernement. Je lui demande de tout faire pour qu’ils reviennent », a-t-il déclaré en haoussa.
Cidi Mohamed, professionnel de santé de 27 ans, garde un souvenir traumatisant de la nuit de l’attaque. Il a entendu les coups de feu avant de voir les hommes armés repartir avec les enfants sur leurs motos : « Ils mettaient les enfants devant et derrière ».

Une violence endémique contre les élèves

Selon ACLED, un groupe américain spécialisé dans l’analyse des conflits, 42 incidents de violences visant des élèves ont été recensés cette année, contre 71 en 2024. Environ 40% de ces enlèvements ont donné lieu à des demandes de rançon.
L’organisation précise que « des bandes criminelles fragmentées et d’autres acteurs armés sont les principaux auteurs de ces enlèvements, tandis que les groupes islamistes sont beaucoup moins souvent responsables de violences ciblant des élèves ».
Avec AFP