Nos pulsions négatives peuvent créer ou aggraver une maladie

Par Emma Suttie
30 mai 2022 14:43 Mis à jour: 30 mai 2022 14:43

La plupart des gens sont probablement familiers avec l’effet placebo, mais ne connaissent peut‑être pas son cousin moins populaire, et son opposé, l’effet nocebo. Selon les dernières recherches, ce phénomène mystérieux est peut‑être plus répandu qu’on ne le pense, même chez les professionnels de la santé.

Définissons‑les tous les deux

L’effet placebo se produit lorsqu’une personne reçoit un médicament ou subit une intervention médicale et que les résultats sont positifs alors que le traitement ou le médicament et constitué d’une substance inerte. Un exemple serait un essai clinique étudiant les effets d’un nouveau médicament. Il y a généralement un groupe témoin de participants qui reçoivent un « placebo« , souvent une pilule de sucre, qui a l’air identique au médicament réel, mais ne contient aucun ingrédient actif.

L’effet placebo se produit lorsque les participants qui prennent la pilule de sucre obtiennent des résultats positifs alors que le médicament qu’ils ont pris n’en contient aucun.

L’effet nocebo est exactement le contraire

On parle d’effet nocebo lorsqu’un patient ressent des effets négatifs, des symptômes ou des effets secondaires d’un médicament ou d’un traitement alors que ce dernier contient une substance inerte ou ne contient aucun principe actif.

Prenons un autre exemple

On explique à une patiente qu’elle a besoin d’un médicament pour son diabète. Celui‑ci se présente sous forme d’injection. Le médecin lui lit les effets secondaires possibles, qui comprennent des maux de tête, des nausées et des douleurs d’estomac. La patiente décide de procéder à l’injection et déclare ensuite ressentir tous les effets secondaires énumérés. En réalité l’injection n’était composée que d’eau. Ces effets secondaires négatifs illustrent l’effet nocebo.

Le mot nocebo vient du latin « nocere », qui signifie « nuire ». En revanche, le mot placebo vient du latin « placere » qui signifie « plaire ».

Quelles sont les causes de l’effet nocebo ?

Apparemment, l’effet nocebo est répandu en médecine, mais ses mécanismes ne sont pas bien compris. Diverses études sur le sujet suggèrent un certain nombre de facteurs contributifs. Certains d’entre eux sont énumérés ci‑dessous.

L’effet nocebo semble être plus fréquent chez les femmes que chez les hommes. Les personnes souffrant d’anxiété et de dépression semblent plus sensibles à l’effet nocebo.

Les personnes ayant une personnalité agressive, compétitive ou hostile ont tendance à ressentir l’effet nocebo plus que les autres types de personnalité.

Les personnes pessimistes semblent ressentir davantage l’effet nocebo que celles plus positives.

La nature de la relation médecin‑patient et la façon dont le médicament ou le traitement est présenté sont des facteurs à prendre en compte.

Les effets nocebo sont influencés par la perception du patient et le contexte dans lequel le médicament ou le traitement est administré.

Les effets nocebo sont dus à de nombreux facteurs et varient considérablement selon les individus. Il est donc difficile d’en déterminer les causes exactes.

L’effet nocebo en action

Dans une étude de 2012 sur l’effet nocebo, des chercheurs de l’Université technique de Munich, en Allemagne, ont réalisé un des examens les plus approfondis du phénomène nocebo à l’époque. Les chercheurs ont pris 31 études empiriques impliquant l’effet nocebo et ont examiné leurs mécanismes biologiques et le problème qu’ils posaient aux médecins et aux chercheurs dans la pratique clinique.

Ils ont conclu que, bien que déconcertant, l’effet nocebo était étonnamment courant et devait être pris en compte par les professionnels de la santé dans leur pratique quotidienne.

Dans bon nombre des expériences qu’ils ont étudiées, la suggestion ou l’attente d’une douleur suscitait des réponses nettement plus négatives de la part des participants.

Dans une étude, 50 participants souffrant de douleurs chroniques au dos ont été soumis à un test de flexibilité. La moitié des sujets ont été informés au préalable qu’ils pourraient ressentir une certaine douleur, et l’autre moitié non. Après le test, le premier groupe a signalé une douleur nettement plus importante que le groupe qui n’avait pas été informé, alors qu’il s’agissait du même test.

Nos perceptions peuvent même s’avérer fatales. Dans une étude de cas, les chercheurs ont noté qu’une personne avait tenté de se suicider en avalant 26 pilules. Bien que les pilules n’aient été qu’un placebo et qu’elles n’aient pas pu lui nuire, même à des doses aussi élevées, le patient a présenté une pression sanguine dangereusement basse et a dû recevoir des injections de liquide pour être stabilisé. Sa réaction physiologique était basée uniquement sur sa croyance qu’il avait pris une dose mortelle de médicament. Après avoir été informé que le médicament n’était qu’une pilule de sucre, ses symptômes ont rapidement disparu.

Il semble que les mots, les pensées et les attentes jouent un rôle plus important dans notre santé que nous ne le pensons.

Alors comment le corps médical traite‑t‑il efficacement les patients en étant franc sur tous les effets secondaires possibles sachant que la seule information peut les déclencher ?

La question délicate du consentement éclairé

Cette situation place les professionnels de la santé devant une sorte d’énigme en raison de ce que l’on appelle le consentement éclairé. Les médecins sont tenus d’informer leurs patients de tous les résultats possibles, des effets secondaires et des réactions indésirables résultant des médicaments, des traitements et des procédures afin de respecter les lois sur le consentement éclairé. Le patient doit consentir à la plupart des traitements, après avoir été informé au préalable de tous les résultats possibles.

Le personnel médical peut contrer l’effet nocebo en faisant attention à la façon dont il parle aux patients et à la manière dont il décrit les procédures. Il a été suggéré de recadrer et de mettre l’accent sur les aspects positifs afin d’atténuer un éventuel effet nocebo.

Un article du John Hopkins Medicine indique que les médecins en formation ne passent que 12% de leur temps à interagir directement avec les patients. Peut‑être que le fait de passer plus de temps avec les patients et de consacrer plus de temps à l’école de médecine pour apprendre à communiquer efficacement avec les patients pourrait aider à contrecarrer les effets nocebo.

Réflexions finales

Il semble que le processus de guérison soit plus complexe que nous ne le pensons. Les études sur l’effet nocebo et son pendant, l’effet placebo, suggèrent que d’autres éléments entrent en jeu, que nous ne comprenons pas entièrement. Les croyances d’une personne, ses attentes, l’environnement, le personnel médical avec lequel elle interagit, ainsi que son comportement et la manière dont les informations sont présentées, semblent tous avoir une certaine importance. Bien que la profession médicale ait fait de grands progrès dans la compréhension du fonctionnement du corps humain, nous avons peut‑être encore beaucoup de chemin à parcourir pour percer les mystères de la guérison humaine.

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