On vous appelle à «suivre la science»

La prochaine fois que vous entendez un appel à "suivre la science", soyez très prudent quant à la version de la science que vous allez suivre

Par Mark Hendrickson
6 octobre 2023 19:06 Mis à jour: 13 octobre 2023 09:54

Les partisans du zéro émission nette, du Green New Deal et d’une restructuration radicale de la société au nom de la prévention d’une catastrophe climatique – une catastrophe qui serait précipitée par les émissions humaines de dioxyde de carbone (CO2) – ne cessent de répéter : « Suivez la science. » À première vue, cela semble logique. En y regardant de plus près, cette simple demande est scandaleusement simpliste.

Une façon plus correcte d’exprimer l’idée serait de dire : « Suivez les sciences » (au pluriel). Il n’y a pas de « science du climat ». Au contraire, pour commencer à comprendre comment fonctionne le climat – une chose incroyablement complexe de la Terre – il faut aborder des problèmes difficiles à résoudre en physique, chimie, science de l’atmosphère, océanographie, hydrologie, volcanologie, météorologie, etc. Contrairement à ce que les enfants apprennent dans les écoles publiques ou à ce que propagent les journalistes paresseux ou motivés par une certaine idéologie, comprendre le climat est bien plus compliqué que de suivre simplement les données sur la présence du CO2 dans l’atmosphère.

De très nombreux scientifiques ne sont pas d’accord avec les discours climatiques alarmistes. Ces scientifiques sont pour la plupart ceux qui ne reçoivent pas de financement gouvernemental pour leurs travaux scientifiques. Ils sont généralement relativement plus âgés et bien contents d’être indépendants du contrôle gouvernemental.

Un bon exemple est celui de Richard Lindzen, qui a occupé des postes scientifiques importants à l’université Harvard et au Massachusetts Institute of Technology (MIT). Dans un récent podcast, il a parlé librement de l’influence corruptrice de l’argent dans la science.

Autre exemple bien connu : William Happer, expert en physique atomique et en optique, ainsi que professeur émérite à l’université de Princeton. Lors d’un récent discours public en Australie, il est revenu à plusieurs reprises sur le fait que l’argent du gouvernement corrompt l’intégrité de la recherche scientifique.

Il y a aussi John Clauser, qui s’est récemment vu retirer son invitation à aborder le sujet du changement climatique au Fonds monétaire international. Il avait auparavant déclaré publiquement : « À mon avis, il n’y a pas de véritable crise climatique. » L’année dernière, M. Clauser a reçu le prix Nobel de physique.

Y a-t-il des lauréats du prix Nobel du côté des alarmistes ? Sans aucun doute. Mais alors, quels brillants scientifiques ont raison ? La vraie science est loin d’établir des choses fixes, malgré ce que prétendent les propagandistes gouvernementaux.

Judith Curry est une climatologue qui a publié plus de 100 articles scientifiques et dont les recherches menées depuis des décennies portent notamment sur les climats polaires, les interactions air-mer, les ouragans et la modélisation atmosphérique. Elle affirme que le prétendu « ‘consensus écrasant’ [sur le réchauffement climatique] a été alimenté par des scientifiques qui recherchent ‘la fortune et la gloire’. Les scientifiques étudiant le réchauffement climatique qui serait provoqué par l’activité humaine sont plus susceptibles d’être cités dans [les médias de] la culture populaire tout en bénéficiant d’un statut de célébrité et de subventions lucratives du gouvernement ».

Au début de l’année, 1609 scientifiques, professeurs et autres experts ont signé une déclaration intitulée « Il n’y a pas d’urgence climatique ». Les six points principaux de cette déclaration sont les suivants : (1) tout d’abord les forces naturelles, et pas l’activité humaine, sont à l’origine du réchauffement climatique ; (2) ce réchauffement a été beaucoup plus lent que les prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ; (3) les modèles climatiques informatisés « ne sont pas du tout plausibles en tant qu’outils de politique mondiale » ; (4) « le CO2 est un aliment pour les plantes (…) pas un polluant » ; (5) il n’y a pas eu d’augmentation perceptible de catastrophes naturelles ; (6) « la politique climatique doit respecter les réalités scientifiques et économiques », tandis que la politique de zéro émission nette est néfaste et irréaliste.

Un autre problème de la science d’aujourd’hui est le fait que la pratique d’évaluation par les pairs a été détruite. Il y a déjà près de vingt ans, un éminent alarmiste du changement climatique, le professeur Phil Jones, a envoyé un courriel à un autre alarmiste, le professeur Michael Mann, pour lui faire part de son intention de retirer deux articles « dissidents » d’un rapport du GIEC. Ses mots exacts : « Je ne vois aucun de ces articles figurer dans le prochain rapport du GIEC. Kevin et moi les écarterons d’une manière ou d’une autre, même si nous devons redéfinir ce que sont les publications évaluées par les pairs ! »

En 2023, l’évaluation par les pairs semble plus problématique que jamais. La National Association of Scholars (NAS) américaine a organisé en juillet une conférence sur le thème « Is Science Broken? » (Est-ce que la science est brisée ?) En annonçant l’événement, la NAS a constaté : « Les rétractations [d’articles scientifiques publiés] se multiplient. L’arnaque pure et simple est de plus en plus fréquente. La politique, et non la raison, est fermement aux commandes. (…) De plus en plus, la science semble être une version très coûteuse du programme ‘Head Start’ : un gouffre financier qui n’a d’autre but que de se préserver. »

Récemment, Patrick Brown, docteur en climatologie, codirecteur de l’équipe Climat et énergie du Breakthrough Institute et membre de la faculté de l’université Johns Hopkins, a déclaré qu’il avait délibérément « omis de dire toute la vérité pour faire publier [son] article sur le changement climatique ». Il est clair que les scientifiques se sentent obligés de modifier ou d’omettre des points pour que leur travail passe le cap des censeurs alarmistes.

La structure même du GIEC de l’ONU fabrique un consensus politique qui masque les désaccords scientifiques réels. La page 9 de l’annexe A des principes régissant les travaux du GIEC stipule que « les changements (…) apportés après avoir été acceptés par le groupe de travail du panel sont ceux qui sont nécessaires pour assurer la cohérence avec le résumé présenté aux décideurs politiques ou le chapitre contenant l’aperçu général ». En d’autres termes, lorsque les scientifiques disent quelque chose qui ne correspond pas à ce que les auteurs politiques des résumés veulent dire, les arguments des scientifiques seront exclues de ces résumés.

Pour ceux qui s’accrochent encore à l’idée que les zélateurs de l’objectif zéro net sont des adeptes de la « vraie science », un mémo de 2022 du Bureau de la politique scientifique et technologique de la Maison-Blanche de Joe Biden est à prendre en considération. Ce document demandait aux agences fédérales « d’inclure les Connaissances Indigènes [majuscules dans l’original] comme un élément de la meilleure science disponible ». Avec tout le respect aux croyances traditionnelles des peuples indigènes, si ces croyances étaient mises sur papier, n’importe quel lycéen serait capable de voir une grande différence entre elles et ce qui est contenu dans un manuel de sciences.

La prochaine fois qu’on vous appelle à « suivre la science », soyez très prudent quant à la version de la science que vous allez suivre. En fait, vous devriez vous méfier de tous ceux qui vous demandent de « suivre la science ». Ils veulent que vous suiviez leur programme politique aussi aveuglément que les rats suivaient le joueur de flûte dans la légende allemande bien connue. La vraie science ne vous demande pas de la suivre aveuglément.

Enfin, avant d’accepter les déclarations de tel ou tel scientifique comme le dernier mot irréfutable sur la « science du climat », vous devriez connaître la réponse à la question suivante : est-ce que ce scientifique reçoit, directement ou par l’intermédiaire d’une organisation pour laquelle il travaille, le financement gouvernemental pour la recherche sur le climat ? Si la réponse est oui, soyez très, très prudent.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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