Le plan de la Chine derrière la répression des Ouïghours du Xinjiang

5 janvier 2018 16:41 Mis à jour: 5 janvier 2018 16:41

Le représentant du United Kingdom Uighur Association et ancien chirurgien chinois Enver Tohti, s’est récemment entretenu avec Epoch Times afin de dissiper des malentendus sur les manifestations et les émeutes ayant eu lieu ces dernières années dans le Xinjiang.

Le régime chinois a qualifié le groupe ethnique ouïghour de menace terroriste afin de justifier leur répression sévère et la surveillance du Xinjiang, une région du Nord-Ouest de la Chine où habitent de nombreux Ouïghours. Le régime a interdit aux élèves de parler ouïghour dans les écoles, a persécuté leur religion – la plupart sont musulmans – brûlé leurs livres religieux, et plus récemment, les a emprisonnés dans des camps de détention.

Les incidents violents sont devenus des justifications pour le régime chinois afin d’inciter à la tension ethnique entre les Ouïghours, une minorité ethnique, et les Han chinois qui constituent la majorité de la population.

L’incident le plus tristement célèbre et mortel de l’histoire récente a été les émeutes du 5 juillet 2009 à Urumqi, qui ont fait au moins 197 morts. À ce jour, il n’est pas clair de ce qui ou quoi a incité les manifestants – qui se sont initialement rassemblés pour soutenir des travailleurs migrants ouïghours ayant été tués lors d’une dispute dans une usine de la province du Guangdong – à devenir violents. L’explication officielle du régime chinois est que les Ouïghours étaient motivés par une volonté séparatiste d’établir un État indépendant. 

Des manifestants ouïghours faisant face à des policiers à Urumqi le 7 juillet 2009. (Guang Niu/Getty Images)

Mais Tohti indique qu’après avoir passé des années à enquêter sur l’incident avec son ami dans le sud du Xinjiang, il a découvert que dix jours avant le 5 juillet, une station de télévision locale avait diffusé un spot publicitaire venant des autorités locales de Urumqi : une note de recrutement pour les habitants du Sud du Xinjiang afin de visiter un salon de l’emploi se tenant à Urumqi.

Enver Tohti lors d’une interview avec New Tang Dynasty Television, un média sœur de The Epoch Times. (Chen Baizhou/The Epoch Times)

Il a été estimé que près de 30 000 habitants du Sud du Xinjiang sont arrivés dans la ville dans la semaines avant la manifestation. Mais il s’est trouvé qu’il n’y avait pas de salon de l’emploi.

Tothi pense que le spot publicitaire révèle le plan des autorités de Urumqi quant à l’incident – amener beaucoup de Ouïghours en ville, puis fomenter des sentiments de mécontentement parmi eux et les inciter à manifester violemment.

Il indique que le régime chinois avait fait quelque chose de semblable deux ans plus tôt. En 2007, les autorités chinoises avaient déclaré avoir défait le camp d’entraînement d’une organisation terroriste du Turkestan oriental. Le lieu du camp était en fait une petite mine de charbon que des Ouïghours locaux avaient commencé à exploiter après que le gouvernement local ait abandonné le projet. Lorsque le gouvernement a voulu une part des profits, les deux côtés sont entrés en conflit. Un policier est mort suite à une explosion dans la mine.

« C’est un piège mis en place par le Parti communiste chinois », indique Tohti.

Des décennies de surveillance du régime ont également rendu les Ouïghours particulièrement mécontents des autorités. Tohti explique comment le comité de quartier du Parti encourage les Ouïghours à s’espionner les uns les autres et à rapporter des informations à la police, qui sont récompensées par un prix en liquide.

La police patrouillant les rues alors que des Ouïghours quittent la mosquée Id Kah dans l’ancienne ville de Kashgat au Xinjiang, le 26 juin 2017. (Johannes Eisele/AFP/Getty Images)

Shiu Wen-tang, chercheur à l’Institut d’histoire moderne de l’Academia Sinica basée à Taïwan, a précisé que les Ouïghours au Xinjiang ne sont pas en mesure d’organiser un incident d’une telle ampleur, le régime chinois gardant un contrôle si étroit sur tous les aspects de leurs vies qu’une telle coordination serait extrêmement difficile.

Le régime chinois est connu pour utiliser cet tactique de façon à accomplir ses objectifs : en 2014 durant le mouvement pro-démocratique des « Parapluies » de Hong Kong, des personnes engagées par les autorités chinoises à Hong Kong étaient derrière les échauffourées qui ont eu lieu parmi les manifestants – conduisant à une forte répression policière. Certains observateurs politiques considèrent que l’agitation était un plan des membres de la faction de l’opposition du Parti – loyale à l’ancien dirigeant Jiang Zemin – afin de fomenter une instabilité sociale et de créer un dilemme politique pour Xi Jinping.

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