Police scientifique : quand les lasers-scanners font parler les scènes de crime

Par Epoch Times avec AFP
3 juillet 2025 08:20 Mis à jour: 3 juillet 2025 08:28

Avoir accès à une scène de crime comme si l’on faisait partie de l’équipe en charge des premières constatations : au siège de la police scientifique, près de Lyon,  un service unique en France produit des reconstitutions en 3D au service des enquêteurs.

Le dossier (fictif): un homme tué par balles, un autre blessé à l’arme blanche. Sur l’écran du policier, un appartement modélisé en trois dimensions et trois options: la scène vide, les constatations de l’enquête (corps, traces de sang, armes et autres indices) et une vidéo qui reconstitue la dispute qui a mené à l’homicide.

Un policier de la police scientifique du Groupe de Fixation de Scène de Crime-3D analyse des données au siège du Service National de la Police Scientifique (SNPS) à Écully, près de Lyon, le 4 juin 2025. (OLIVIER CHASSIGNOLE/AFP via Getty Images)

« Tout ce qui est scène de crime majeur »

« Notre travail, c’est de faciliter la compréhension des faits », résume le brigadier-chef Grégory, qui ne communique pas son patronyme.

« On gère tout ce qui est scène de crime majeur », explique-t-il: attentats, grosses affaires criminelles, y compris pour des « cold cases », ces vieilles affaires non élucidées.

Un policier de la police scientifique du Groupe de Fixation de Scène de Crime-3D analyse des données au siège du Service National de la Police Scientifique (SNPS) à Écully, près de Lyon, le 4 juin 2025. (OLIVIER CHASSIGNOLE/AFP via Getty Images)

Son équipe est ainsi intervenue dans l’enquête ouverte après l’assassinat jihadiste d’un professeur à Arras (nord) en octobre 2023. Ou encore après un attentat à la bombe qui avait fait une quinzaine de blessés à Lyon en 2019, afin de vérifier une affirmation du suspect.

Si les dossiers sont majeurs, le « groupe de fixation de la scène d’infraction », selon sa dénomination officielle, est un petit service créé il y a une dizaine d’années: il ne compte que quatre personnes, dont une spécialisée en architecture 3D, avec une expérience dans la conception de jeux vidéo.

Un policier de la police scientifique du Groupe de Fixation de Scène de Crime-3D analyse des données au siège du Service National de la Police Scientifique (SNPS) à Écully, près de Lyon, le 4 juin 2025. (OLIVIER CHASSIGNOLE/AFP via Getty Images)

Un équipement de pointe

Mais le service dispose d’un équipement de pointe, à commencer par deux lasers-scanners. Équipés d’un appareil photo, ils permettent de capter un espace en trois dimensions et de créer une visualisation en nuage de points. Une constellation tellement fine, avec une précision de 1 millimètre à 10 mètres, que la scène apparait rapidement nette à l’écran.

Un policier de la police scientifique du groupe de fixation des scènes de crime tient un nouveau scanner 3D au siège du Service national de police scientifique (SNPS) à Écully, près de Lyon, le 4 juin 2025. (OLIVIER CHASSIGNOLE/AFP via Getty Images)

Le service compte aussi un laser-scanner portable, des caméras à 360 degrés, des drones en tout genre (multispectral, thermique ou classique)… et des iPad Pro qui peuvent permettre ce type de numérisation.

Scanner ce qui est existant et le retravailler

« J’ai commencé il y a plus de 20 ans dans la police avec des photos argentiques, maintenant on en est là », sourit le brigadier-chef Grégory.

A l’inverse, les lieux, eux, ne changent pas. « Même si les faits remontent à 20 ans, la maison », ou plus généralement le lieu du crime, « est toujours là. On peut scanner ce qui est existant et le retravailler pour faire correspondre avec les constatations de l’époque », explique-t-il.

Comme une trace de pas par exemple : un composite de 150 photos peut ainsi la faire apparaître dans une modélisation 3D ultra détaillée.

Résultat, un enquêteur peut depuis son ordinateur se rendre sur la scène de crime, zoomer sur des indices, reprendre des mesures, avec l’impression de marcher au milieu de l’espace en manipulant les directions pour multiplier les points de vue.

Un policier de la police scientifique photographie une empreinte digitale au siège du Service national de police scientifique (SNPS) à Écully, près de Lyon, le 4 juin 2025. (OLIVIER CHASSIGNOLE/AFP via Getty Images)

Le groupe est aussi mis à contribution pour des reconstitutions animées qui peuvent être utilisées lors de procès, ou pour vulgariser le rôle des experts techniques. Dans le dossier sur l’attentat du marché de Noël à Strasbourg (est), qui avait fait 5 morts en 2018, il a ainsi été sollicité pour retracer le parcours d’un accusé.

Ce laboratoire n’est qu’une infime partie du service national de police scientifique qui chapeaute plus de 4.000 agents en France, dont 3.140 scientifiques.

Plus de 1,1 million d’analyses par an

Un policier de la police scientifique travaille dans un laboratoire de biologie au siège du Service national de police scientifique (SNPS) à Écully, près de Lyon, le 4 juin 2025. (OLIVIER CHASSIGNOLE/AFP via Getty Images)

Du simple écouvillon humidifié avec du sérum physiologique aux technologies les plus récentes, ses policiers et techniciens réalisent plus de 1,1 million d’analyses par an, traitant environ 310.000 scellés.

Un policier de la police scientifique travaille avec le système Sperm Tracker pour analyser les résidus de sperme dans un laboratoire de biologie au siège du Service national de police scientifique (SNPS) à Écully, près de Lyon, le 4 juin 2025. (OLIVIER CHASSIGNOLE/AFP via Getty Images)

A Écully, dans la banlieue de Lyon, où travaillent 1.200 de ces agents, les services se côtoient: le laboratoire de recherche de traces papillaires, les chiens de l’odorologie, la balistique, et tous les métiers de l’identification de la personne.

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