Pollution aux microplastiques: seulement «la pointe de l’iceberg»

Par Epoch Times avec AFP
9 avril 2023 08:00 Mis à jour: 9 avril 2023 14:53

Ce que nous voyons dans les océans en terme de pollution aux microplastiques « n’est que la pointe de l’iceberg », explique à l’AFP le professeur Richard Thompson, spécialiste de cette pollution et directeur de l’Institut marin et de l’École des sciences biologiques et marines à l’université de Plymouth (sud de l’Angleterre).

Qu’est-ce qu’un nurdle, à quoi ça sert et pourquoi les trouve-t-on dans l’environnement ?

« Un nurdle est un type de microplastique qui ressemble à une lentille. Le plus souvent transparent, il est créé pour être utilisé pour concevoir des objets plastiques. C’est ce qu’on appelle un plastique de pré-production.

En raison de leur taille, de leur forme et de leur légèreté, les nurdles s’échappent facilement dans la nature lors de leur production mais surtout lors de leur transport, généralement par bateau. Ils atterrissent ainsi dans l’environnement, le plus souvent sur les plages et y restent ».

Quel danger représentent-ils ?

« En plus des pertes dues à la mauvaise manipulation, on assiste à des accidents de grande ampleur, comme il y a une dizaine d’années lorsqu’un navire a coulé au large de la Grande-Bretagne, ou plus récemment en juin 2021 avec la catastrophe du (porte-conteneurs) X-Press Pearl au large du Sri Lanka. Des milliers de tonnes de nurdles ont été déversées dans l’océan et malheureusement ces microbilles sont toujours là. Ce que nous voyons dans les océans n’est que la pointe de l’iceberg.

Désormais on trouve du microplastique dans les eaux profondes, congelé dans la banquise, ou emprisonné dans les récifs coralliens. Récemment 500 poissons pêchés dans la Manche côté Angleterre ont été analysés. Plus d’un tiers contenaient du microplastique dans leurs entrailles.

Les nurdles ingurgités par les oiseaux provoquent des blocages dans leur système digestif, les empêchant ainsi de se nourrir normalement. Même chez l’être humain, on trouve du microplastique dans son corps car il le mange et le respire. Il y a les dommages causés à la faune, la flore et la santé humaine mais aussi au bien-être de l’homme.

Une étude menée par le département de psychologie de l’université de Plymouth a montré que la valeur réparatrice de l’environnement naturel a été considérablement réduite par la présence de ces débris plastiques. Et enfin, il y a l’aspect économique et extrêmement coûteux du nettoyage du littoral. La Grande-Bretagne dépense près de 20 millions de livres sterling par an pour nettoyer les (…) plages touristiques ou les ports ».

Comment résoudre le problème de la pollution aux nurdles ?

« Si votre salle de bain est inondée car vous avez oublié de fermer le robinet vous faites quoi ? Vous épongez, ou vous fermez le robinet ? Vous fermez le robinet. Nous devons faire la même chose. La solution à ce problème n’est pas de retirer le plastique de l’océan et de lui donner une nouvelle vie. Il s’agit de l’empêcher de se retrouver dans l’océan.

Il faut tout d’abord des méthodes de transport plus fiables. Ensuite, une autre grande problématique des nurdles, et du plastique en général est celle du recyclage. (…) Il faudrait réfléchir dès la conception à la fin de vie du plastique. C’est la complexité de conception qui rend le plastique si difficile à recycler. Voire impossible, dans le cas des nurdles, trop petits, infectés de produits toxiques et fabriqués à partir de plastiques différents.

En réfléchissant dès la conception, on pourrait réussir à recycler une bouteille jusqu’à 20 fois. On pourrait réduire de 95% le pétrole et le gaz fossile utilisés comme source de carbone. Et on pourrait diminuer de 95% la quantité de déchets dans les incinérateurs, les océans et l’environnement.

Enfin, la régulation à un niveau international est essentielle. Plus les pays agissent ensemble en suivant les mêmes directives, plus loin on pourra aller dans la lutte contre la pollution au microplastique et au plastique plus généralement ».

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