Pourquoi ces gens détestent-ils la liberté?

Par Jeffrey A. Tucker
11 août 2023 13:29 Mis à jour: 11 août 2023 16:55

Il y a environ deux ans, lors d’un podcast dans un pays d’Europe, il m’a été demandé de résumer en un seul mot le programme de réforme dont selon moi les politiques de l’Europe avaient besoin. Ma réponse était évidente : liberté.

La liberté, c’est l’alternative à ce despotisme qui se développe aujourd’hui dans le monde.

Les animateurs et les invités du podcast sont tout de suite monté au créneau. Pour eux le mot « liberté » a été discrédité en Europe. Être libre veut dire que l’on n’est pas vacciné et que l’on n’a aucun respect pour les mesures d’atténuation mises en place. Le mot « liberté » évoque la propagation de l’infection et des décès qui en ont résulté, et donc son utilisation dans un contexte politique serait immanquablement vouée à l’échec.

Étais-je en mesure de faire une autre suggestion ? Non.

Je pense que si nous ne pouvons pas sauver le mot « liberté », alors nous allons complètement coulé. La liberté est la base de tout progrès, de toute dignité humaine, et de toute réalisation humaine. Promouvoir la notion de liberté ne sous-entend pas forcément que les individus et la société sont parfaits. Ce que cela présuppose en revanche, c’est que permettre aux gens de vivre leur vie en paix donnera de bien meilleurs résultats que n’importe quel plan mis en œuvre par la classe dirigeante, qu’elle soit nationale ou transnationale, gouvernementale ou privée, à but non lucratif ou à but lucratif. Un monde sans liberté est un monde embourbé dans une stagnation économique et culturelle sans fin.

D’ailleurs, c’est un problème qui ne concerne pas seulement l’Europe, mais également les États-Unis. A l’époque, Anthony Fauci, Joe Biden et tous ceux qui les suivent, attaquaient l’idée même de liberté. Sur les réseaux sociaux, ils avaient trouvé un nouveau jeu de mots, le mot « freedumb », qui signifiait en anglais « liberté des idiots ». J’étais dévasté, car la liberté est au cœur de la pensée américaine. Sans elle, nous sombrons nous aussi.

Si votre objectif est de promouvoir une certaine forme de servitude sous la direction avisée d’une élite, alors en effet la liberté est anathème. Mais s’attaquer au concept de liberté, c’est jouer avec le feu. Ces gens complotent pour détruire la qualité de vie des gens ordinaires et en même temps ils cherchent à s’approprier les ressources et le pouvoir au détriment du reste de la société. Tous les prétextes sont bons : sécurité nationale, maladie, changement climatique, lutte contre le séparatisme etc… mais l’objectif est toujours le même.

L’importance de la liberté dans l’histoire européenne et à notre époque peut être appréciée de nombreuses façons. Certaines peuvent sembler moins évidentes que d’autres. Par exemple, l’histoire de l’art, de l’architecture et de la musique de la fin du Moyen-Âge jusqu’à la Renaissance ont beaucoup de choses à nous apprendre sur la liberté. Les changements et les progrès avancent de concert tout au long de l’expérience de l’Europe.

Si l’on compare la musique du XVe siècle à celle du XVIe siècle, on constate non pas tant des changements dans les compétences du compositeur, bien qu’il y en ait eu, mais surtout un changement d’orientation : on passe d’attitudes purement transcendantes à des attitudes plus humanistes. Il y a un nouvel optimisme quant aux perspectives de la vie sur terre, fondé sur l’idée que Dieu a donné sa bénédiction à l’expérience humaine et a voulu qu’elle soit bonne. Cette nouvelle confiance en la vie a fait son chemin au fil des siècles, et c’est elle qui nous a permis de vivre plus longtemps et mieux, avec une prospérité grandissante à destination des masses populaires et un engagement soutenu en faveur des droits de l’homme et de la dignité humaine.

Et ce changement nous a amené de surprises en surprises avec les années. L’une de mes comparaisons musicales préférées concerne le passage de la musique du XVIe siècle à celle du XVIIe siècle, sur la base de deux pièces séparées par seulement 20 ans.

La première est l’œuvre de l’étonnant compositeur élisabéthain Thomas Tallis. Alors que lui et la reine, qui l’employait, approchaient de leurs dernières années, Tallis a composé son « Spem in Alium ». C’était en 1600, et encore aujourd’hui, les professionnels les plus chevronnés reconnaissent l’incroyable défi que représente cette pièce. L’œuvre est composée de 40 parties chorales distinctes, sans accompagnement, et les 40 parties ne se rejoignent qu’à la 40e mesure.

Il semblait savoir qu’en la publiant, il faisait ses adieux non seulement à lui-même, mais aussi à tout un genre artistique ayant dominé le siècle précédent, tumultueux et marqué par des changements spectaculaires. Écoutez. C’est sans comparaison.

Vingt ans plus tard, en Europe, les compositions expérimentales de Claudio Monteverdi témoignent d’une sensibilité bien différente. Il s’est servi de toutes sortes d’instruments associés à des rythmes fascinants et une sensibilité plus terre à terre et plus humaniste. Il n’est sans doute pas juste de comparer les styles sacrés et profanes, mais prenez le madrigal de 1619 de Monteverdi intitulé « Chiome d’oro ». Écoutez cette recréation imaginée qui met l’accent sur les éléments les plus jazzy. C’est absolument stupéfiant. Le contraste des styles en l’espace de vingt ans seulement est révélateur.

Le baroque a suivi, bien sûr, avec Bach, Vivaldi, Haendel et tous les autres noms familiers. Les changements observés dans la musique se reflètent dans l’architecture et la peinture, qui deviennent plus vivantes, plus festives, plus humaines et plus vivifiantes. Dans le monde de l’économie, on observe des transitions similaires depuis le Moyen Âge vers des fortunes de plus en plus importantes gagnées à titre privé dans l’artisanat marchand, la banque et les usines avec une production à grande échelle. Cette évolution s’est accompagnée de grands changements technologiques, notamment dans les domaines de l’imprimerie, de la meunerie et du textile, ainsi que d’une distribution toujours plus importante de produits provenant du monde entier.

La peste noire appartient désormais au passé, et les routes sont de plus en plus praticables grâce à des moyens de transport plus efficaces. De plus en plus de gens peuvent ainsi connaître la prospérité et ont une plus grande liberté de choix. Ils peuvent même espérer des progrès matériels de génération en génération. Puis on arrivera finalement à la révolution industrielle et à la fin de l’esclavage, au triomphe de la liberté religieuse, de la liberté d’expression, de la paix entre les nations et d’États dotés d’une constitution bien définie.

Tout cela a été rendu possible grâce à l’idée de liberté. Il s’agissait d’accorder aux gens le pouvoir de s’autogouverner et de les soustraire aux élites. Plus l’autorité était dévolue aux citoyens dans leurs propres communautés, plus la vie s’améliorait et devenait saine. Cette prise de conscience grandissante parmi la population que les élites ne sont pas toujours ce qu’elles prétendent être a donné un véritable élan à l’expérience humaine et lui a permis de construire un monde meilleur en toute confiance et avec espoir. L’esprit humain s’en est trouvé rehaussé.

Toutes les souffrances du monde d’aujourd’hui découlent d’une perte de foi en la liberté. C’est la raison des problèmes de santé, du déclin des économies, de l’incitation à la guerre, du déclin de l’espoir et de la méfiance de la population. La restriction de la liberté réveille d’anciens maux sociaux et culturels que l’on croyait vaincus depuis longtemps. Les élites qui nous ont retiré nos droits en matière d’économie, d’éducation, de religion et de politique jouent avec le feu en s’attaquant à des institutions de bien-être qui ont mis un millier d’années à voir le jour.

Lisez les écrits de nos « maîtres de l’univers » d’aujourd’hui. Y trouvez-vous une quelconque sympathie pour la liberté ? Une compréhension de ce qu’elle signifie et ce qu’elle apporte ? Probablement pas. Ce qu’on y trouve, ce sont des célébrations de leur propre expertise à nous gérer.

Nous jouissons des bienfaits d’une idée que la génération actuelle de dirigeants n’a pas cherché à gagner et qu’elle a beaucoup contribué à écraser. En même temps, nous sommes entourés de preuves de leur propre échec. Le carnage qui nous entoure a à la fois une cause et une solution. Pour le comprendre, il faut s’engager à nouveau en faveur de cette idée.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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