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Pourquoi la dépression augmente en Occident

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Photo: artin1/Shutterstock

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Durée de lecture: 6 Min.

Quand il nous manque une mission plus grande que nous-mêmes, notre vie s’effondre à l’intérieur de nous.
Mon mari a grandi sous un toit fait de feuilles de palmier. Il n’y avait ni eau courante ni électricité. Ses parents dormaient dans des hamacs, et les huit enfants dormaient à même le sol, sous des couvertures cousues à partir de vieux vêtements récupérés.
Les toilettes, c’était la forêt, une pelle à la main, et des épis de maïs en guise de papier de toilette. Chaque membre de la famille devait contribuer à la survie : pêcher, chasser, planter du maïs, des haricots, des courges, ramasser des œufs de tortue, faire sécher du poisson ou transformer un cochon pour en récupérer la graisse. Les tortillas constituaient la base de chaque repas.
À 16 ans, il a traversé la frontière à la recherche d’autre chose. Il a vécu dans un appartement bondé de plus de dix hommes, travaillant sans relâche pour rembourser le coût du passage. À 19 ans, il est venu travailler dans l’un de mes restaurants. À 23 ans, nous étions mariés. À 28, tous les rêves qu’il avait imaginés en se balançant dans un hamac s’étaient réalisés.
Il avait une ferme avec des arbres fruitiers.
Il avait une femme et des enfants.
Il avait le pick-up dont il avait tant rêvé.
Il avait assez de nourriture et d’argent pour faire taire les angoisses liées à la survie.
Puis la dépression l’a trouvé.
Cela l’a déconcerté. Pendant des années, sa vie n’avait été que combat  — mais aussi pleine de sens. Et maintenant, dans ce confort qu’il avait si durement acquis, quelque chose d’inattendu s’est glissé : le vide. Il appelle cela le privilège de la dépression.
Parce que quand on est en mode survie, on ne peut pas se permettre d’être déprimé.
Il ne s’agit pas ici de minimiser la douleur de ceux qui souffrent. Il s’agit de souligner quelque chose de fondamental dans la nature humaine. En l’absence de but et de pression, l’esprit crée ses propres fardeaux. En Occident, nous vivons dans une culture saturée de confort. Nous ne savons plus comment faire face à la difficulté, lutter avec l’épreuve ou considérer l’adversité comme formatrice. Au lieu de cela, tout ce qui semble difficile est traité comme un problème à médicamenter.
Il n’est donc pas surprenant que plus de 11 % des adultes américains prennent aujourd’hui des médicaments contre la dépression. Les femmes sont plus de deux fois plus nombreuses que les hommes à le faire. Chez les jeunes, près de 70 % des antidépresseurs prescrits sont des ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine). Ces chiffres nous disent quelque chose sur notre culture : nous ne faisons pas que traiter une maladie, nous médicamentons l’inconfort à grande échelle.
C’est pour cela qu’en Occident il y a de pus en plus de dépression — et de plus en plus de recours aux antidépresseurs. La survie a été remplacée par la commodité. Et dans cette commodité, nos âmes deviennent agitées.
La brève période de dépression de mon mari a pris fin lorsqu’il a compris ce qu’elle était : un signal, pas une maladie. C’était une poussée de l’âme, lui rappelant que la joie vient de l’intérieur, et que seul le divin et son propre engagement envers un but pouvaient combler ce vide.
C’est là ma préoccupation pour l’Occident. La dépression augmente non pas parce que la vie y est plus difficile, mais parce qu’elle y est plus facile. Quand il nous manque une mission plus grande que nous-mêmes — que ce soit la dévotion au divin, à la famille, au service ou à une cause — notre vie s’effondre sur elle-même. Nous devenons absorbés par nous-mêmes, et dans cette focalisation sur soi, le désespoir trouve sa place.
Je ne pense pas que chaque difficulté doive être atténuée par une pilule. Parfois, l’inconfort n’est pas une maladie mais un éducateur. Il nous pousse au changement, à l’élévation, vers ce sens plus profond que notre âme recherche. Les médicaments peuvent nous priver non seulement de notre meilleure version de nous-mêmes, mais aussi du travail même pour lequel le Ciel nous a placés ici.
Le privilège de la dépression est réel. Mais le privilège s’accompagne de responsabilités. Il ne suffit pas de reconnaître le vide qui peut s’installer quand la vie devient trop confortable. Nous devons aussi y répondre : en embrassant un but, en vivant pour quelque chose de plus grand que nous, et en laissant l’inconfort nous façonner en des êtres pleinement vivants. La dépression n’est pas une malédiction, mais une invitation — un appel de notre voix intérieure à devenir la meilleure version de nous-mêmes.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Mollie Engelhart, agricultrice et éleveuse, est engagée dans la souveraineté alimentaire, la régénération des sols et l\'éducation à l\'agriculture familiale et à l\'autosuffisance.

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