Prise illégale d’intérêt : Eric Dupond-Moretti accuse des magistrats de « salir » sa réputation

Par Epoch Times avec AFP
5 mars 2022 06:01 Mis à jour: 5 mars 2022 11:16

Nouvelle passe d’armes entre le garde des Sceaux et la magistrature : la présidente de la Cour de cassation a rappelé vendredi Eric Dupond-Moretti à son rôle de garant de l’indépendance de la justice, après qu’il a accusé des magistrats de vouloir « salir » sa réputation

Cet échange à distance et la mise au point cinglante de la plus haute magistrate de France, Chantal Arens, est la dernière illustration des relations orageuses entre Eric Dupond-Moretti et les juges depuis l’arrivée de l’ancienne vedette des prétoires Place Vendôme.

Mis en examen depuis juillet 2021, le garde des Sceaux était convoqué jeudi pour être réentendu par les trois magistrats de la Cour de justice de la République (CJR), qui instruisent une enquête sur les soupçons de prise illégale d’intérêts le visant, ouverte après les plaintes de syndicats de magistrats et de l’association Anticor.

Nommé ministre de la Justice en juillet 2020, il est soupçonné d’avoir profité de sa fonction pour régler des comptes avec des magistrats avec lesquels il avait eu maille à partir quand il était avocat.

« Salir la réputation »

Le ministre, qui conteste ces accusations, a refusé jeudi de répondre aux questions des magistrats et leur a lu une déclaration, publiée dans le journal L’Opinion dans laquelle il explique son choix d’exercer son droit de se taire.

« Tout, dans la conduite de votre information, démontre en effet votre détermination non pas à faire la vérité sur des allégations que vous avez d’emblée tenues pour acquises, mais à salir la réputation d’un ancien avocat dont vous alimentez le seul procès qui vous intéresse, celui de son illégitimité à occuper les fonctions de garde des Sceaux », justifie-t-il.

Il accuse également la présidente de la commission d’instruction de la CJR – seule juridiction habilitée à poursuivre et juger les ministres pour des infractions commises dans l’exercice de leurs fonctions – de lui porter une « inimitié » ancienne, qui aurait dû selon lui la « conduire à (se) déporter » du dossier. « Mais l’impartialité n’est pas votre sujet », brocarde le garde des Sceaux.

Vendredi, ce sont les propos tenus par le ministre devant les magistrats de la CJR, et publiés dans la presse, qui ont fait réagir la présidente de la Cour de cassation Chantal Arens.

Dans un communiqué cinglant, elle dit « (regretter) fortement les propos tenus par le garde des Sceaux, dont la mission est de garantir l’indépendance de la Justice« .

« Mettant en cause l’honneur des magistrats instructeurs, ils contribuent à fragiliser l’autorité judiciaire, pilier de l’état de droit », poursuit Mme Arens. « Les juges d’instruction conduisent leur mission, de manière collégiale, en toute indépendance et dans le respect du droit, leurs décisions étant susceptibles de recours ».

 

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