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Incarcération de prisonniers dangereux

Prison de Vendin-le-Vieil : un narcotrafiquant autorisé à sortir pour un entretien d’embauche

Une décision judiciaire autorise la sortie d'un prisonnier placé dans le nouveau dispositif anti-criminalité organisée de Vendin-le-Vieil, malgré l'opposition de la direction pénitentiaire et du ministère public. Les organisations syndicales dénoncent une contradiction avec les objectifs sécuritaires du dispositif.

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Centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil.

Photo: MICHEL EULER/POOL/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 3 Min.

La permission de sortie d’un prisonnier dangereux fait polémique. Un homme incarcéré dans le quartier de lutte contre la criminalité organisée (QLCO) de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, a obtenu l’autorisation de quitter temporairement l’établissement lundi prochain. Cette décision, révélée samedi par plusieurs sources concordantes, intervient alors que sa libération n’est pas attendue avant 2029.

Une décision judiciaire contre l’avis des autorités pénitentiaires

Le juge d’application des peines a accordé cette permission de sortie à caractère professionnel, passant outre les recommandations négatives. Selon une source judiciaire, tant le responsable de l’établissement que le parquet s’étaient prononcés contre cette mesure. Le ministère public a contesté la décision en faisant appel, mais la chambre d’application des peines a maintenu l’autorisation initiale.
Le motif invoqué concerne un entretien d’embauche avec un employeur potentiel. Selon des informations syndicales, il s’agirait d’Ouaihid Ben Faiza, âgé de 52 ans, figure majeure d’un important réseau de trafic de stupéfiants actif en Seine-Saint-Denis. Cet homme s’était déjà soustrait à la justice en 2014 en s’échappant du centre pénitentiaire de Villepinte, restant en fuite pendant quinze jours.

Un dispositif sécuritaire remis en question

Les QLCO constituent une innovation du ministre de la Justice Gérald Darmanin, conçue pour isoler les principaux responsables du narcotrafic. L’objectif central consiste à couper toute communication avec l’extérieur, empêchant ainsi la poursuite des activités criminelles depuis les cellules.
Le principe de ces structures spécialisées repose sur une restriction maximale des déplacements pour limiter les risques d’évasion. Cette préoccupation sécuritaire fait écho au drame survenu en 2024 dans l’Eure, lorsque l’extraction du narcotrafiquant Mohamed Amra a coûté la vie à deux surveillants pénitentiaires.

« Une décision totalement déconnectée des réalités »

Les représentants syndicaux expriment leur perplexité face à cette permission de sortie d’un prisonnier dangereux. « Ces détenus sont censés être dangereux pour la société, on les met sous bulle, on met tout ce qu’il faut en termes de sécurité pour les couper de l’extérieur, et là il va sortir tout seul à l’extérieur et rentrer tranquillement le soir à 21h, on a du mal à comprendre », a déclaré un représentant de l’UFAP UNSa Justice basé à Vendin-le-Vieil.
Dans un communiqué publié samedi, ce syndicat a dénoncé « une décision totalement déconnectée des exigences, des réalités et des contraintes imposées chaque jour aux personnels pénitentiaires ». Alexandre Caby, secrétaire général de l’UFAP UNSa Justice, a souligné l’incohérence : « On ne peut pas imposer un régime ultra-renforcé, dire publiquement qu’on y incarcère les plus grands narcotrafiquants du pays et voir s’appliquer des décisions qui contredisent cet ensemble frontalement. »
David Lacroix, représentant FO Justice à Vendin-le-Vieil, a rappelé la logique initiale du placement : « Si ce détenu était passé au quartier de lutte contre la criminalité organisée, c’est qu’il représentait un risque. »
Avec AFP