Stagiaire au sein de la rédaction du journal Valeurs actuelles, Adélaïde a postulé à l’Opéra de Paris. Recalée à l’issue de son entretien d’embauche le 24 mai dernier, la responsable, qui n’avait pas l’intention de l’embaucher, lui a reproché d’avoir travaillé dans la presse catégorisée « d’extrême droite ».
Fraîchement diplômée d’un master 2, Adélaïde a récemment postulé à l’Association pour le rayonnement de l’Opéra national de Paris (AROP). Après avoir passé un entretien d’embauche ce mardi 24 mai, la jeune femme de 23 ans a été manu militari recalée, malgré ses nombreuses compétences. Elle a relaté le déroulement de cet entretien dans les colonnes de Valeurs actuelles.
« Je trouve surprenant que vous postuliez ici et dans le milieu culturel avec votre CV »
Malgré un accueil plutôt froid de la part de la responsable au début de son entretien d’embauche, Adélaïde a tout d’abord présenté son curriculum vitae et a manifesté son intérêt pour l’Opéra de Paris, dont elle suit quotidiennement l’actualité.
Au cours de l’entretien, la responsable a signifié à la jeune diplômée que celle-ci comprenait bien « les enjeux de l’AROP ». Confiante, Adélaïde lui avait donné de solides arguments quant aux « enjeux », à savoir la mixité sociale, la communication et la démystification autour de l’élitisme de l’institution. La responsable semblait alors acquiescer.
Mais sont arrivées « les cinq minutes fatidiques ». La responsable lui a lancé : « Je trouve surprenant que vous postuliez ici et dans le milieu culturel avec votre CV. » Adélaïde s’est justifiée en disant avoir effectivement écrit dans la presse d’opinion et souhaitant désormais s’ « ouvrir au monde du spectacle ». La responsable lui a rétorqué : « Oui, enfin dans de la presse d’extrême droite. » Outre Valeurs actuelles, la jeune femme a également écrit pour le site Boulevard Voltaire et le magazine mensuel L’Incorrect. La responsable n’a pas manqué de lui signifier : « Même eux se réclament d’extrême droite. »
Une de nos stagiaires, férue d’art lyrique, a postulé pour un job à @operadeparis .
Une dame l’a reçue. Juste pour l’humilier. La sermonner. L’insulter.
Son tort ? Bosser pour nous et être de droite.
Le sectarisme mondain dans toute sa laideur. https://t.co/VNYJb9VJzM— Tugdual Denis (@TugdualDenis) May 25, 2022
« Le monde de la culture est de gauche, ne perdez pas votre temps à postuler »
Adélaïde a ensuite tenté, en vain, d’expliquer qu’elle sait « travailler avec des gens qui défendent des idées opposées aux [siennes] ». « J’assure même être impartiale dans mon travail. Mes années d’études à la Sorbonne m’ont appris à faire profil bas », a-t-elle indiqué à Valeurs actuelles, mais rien n’y fait. La responsable lui a confié que l’équipe, « composée de quelques personnes issues de l’immigration », aurait du mal à travailler avec une personne comme elle. Même ses collègues ont mis en doute sa capacité à « promouvoir la ligne diversitaire de l’Opéra national de Paris, mais aussi à évoluer dans un environnement de gauche ».
« Vous pensiez vraiment qu’avec un tel CV vous pourriez être embauchée dans le monde de la culture ? » a demandé la responsable à la jeune femme, tout en mettant un terme à l’entretien. En réalité, elle n’avait nullement l’intention de l’embaucher mais voulait simplement qu’elle s’explique. « Attendez Madame, avant de partir j’aimerais revenir sur un point. Tout cela est bien paradoxal. Vous prônez à juste titre la diversité et l’inclusion, mais vous fermez vos portes à une jeune femme compétente seulement parce qu’elle n’a pas les mêmes convictions politiques que celles de votre équipe et des vôtres », lui a posément signifié Adélaïde. « Mais Madame, le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit », lui a répondu la responsable, coupant définitivement court à toute réplique.
Au cours de cet entretien, la responsable avait averti la jeune diplômée : « Le monde de la culture est de gauche, ne perdez pas votre temps à postuler. » Un avis que ne partage pas Adélaïde, au vu des échanges entre spectateurs sur les réseaux sociaux. Une partie d’entre eux déplorent en effet le « politiquement correct » défendu par cette prestigieuse institution, fondée par Louis XIV.
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