Retraites: chaque camp fourbit ses armes avant une semaine tumultueuse

Par Epoch Times avec AFP
4 février 2023 09:40 Mis à jour: 4 février 2023 13:30

Ambiance de veillée d’armes sur la réforme des retraites : les syndicats préparent deux nouvelles journées de mobilisation, tandis qu’oppositions et majorité affûtent leurs arguments pour l’arrivée lundi du texte dans le chaudron de l’Assemblée, avec un ministre chef de file affaibli.

Un autre front a en effet été révélé vendredi soir pour Olivier Dussopt : le parquet national financier (PNF) a retenu l’infraction de « favoritisme » à l’encontre du ministre du Travail, dans une affaire liée à un cadeau d’œuvres d’art en 2017 par une entreprise de traitement des eaux.

« Aucune corruption » ne lui est reprochée, a-t-il fait valoir auprès de l’AFP. Reste que ce dossier arrive au plus mauvais moment pour ce ministre en première ligne en défense, dans la phase qui s’ouvre au Parlement.

Dans l’opinion, la contestation va grandissante contre la réforme phare du second quinquennat Macron. Mais le gouvernement n’en démord pas: elle est « indispensable » pour « préserver notre système de retraites par répartition », a réaffirmé jeudi la Première ministre, sans dévier sur le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans.

Élisabeth Borne s’est cependant montrée ouverte à des aménagements sur l’emploi des seniors ou les carrières longues.

Deux nouvelles journées de mobilisation

Mais le bras de fer se poursuit avec l’intersyndicale, qui organise deux nouvelles journées d’action, ce mardi et samedi prochain. À entendre la cheffe du gouvernement, « on a l’impression qu’il n’y a pas en ce moment un mouvement social dans ce pays », tacle le leader de la CFDT Laurent Berger, qui appelle à encore « amplifier » la mobilisation.

Même mot d’ordre du numéro un de la CGT Philippe Martinez, qui précise : « On a conjugué un jour en semaine et un samedi, on verra sur l’ensemble des deux jours, malgré cette période de congés scolaires ».

Le record historique de 2010 a été dépassé le 31 janvier : ce jour-là, les manifestations ont réuni plus de 1,27 million de personnes selon le ministère de l’Intérieur, et plus de 2,5 millions selon les syndicats. C’était déjà davantage que la première mobilisation du 19 janvier.

(Photo : DAMIEN MEYER/AFP via Getty Images)

À l’écoute des « interrogations » et « doutes »

La locataire de Matignon a assuré cette semaine entendre les « interrogations » et « doutes », tout en renvoyant au débat parlementaire pour « enrichir » la réforme.

La bataille s’engage lundi après-midi dans l’hémicycle du Palais Bourbon, après trois jours d’un examen non achevé en commission, faute de temps. Et c’est une course d’obstacles qui attend le gouvernement.

Les députés LFI défendront d’emblée une demande de rejet de l’ensemble de la réforme, « brutale » et « injuste ». Le vote sur leur motion pourrait donner quelques sueurs froides au camp présidentiel, qui a battu le rappel des troupes.

Puis le groupe RN portera sa demande de référendum sur la réforme, qui a elle peu de chances d’être votée par l’Assemblée.

20.000 amendements déposés

Les députés s’attelleront ensuite aux quelque 20.000 amendements déposés sur le projet de loi, dont 13.000 par LFI. Les macronistes, qui ne disposent que de la majorité relative, ne sont pas à l’abri d’accidents de parcours.

Si l’Assemblée ne vient pas à bout des amendements d’ici le 17 février minuit, le texte pourra tout de même passer au Sénat, du fait du choix de l’exécutif de recourir à un budget rectificatif de la Sécu.

Ce temps contraint est vivement critiqué par les oppositions, qui comptent néanmoins parvenir à discuter de l’article 7 consacré au report de l’âge de la retraite.

L’article 7 fortement contesté

« On va gérer la séquence, le tempo », assure le chef de file des députés PS Boris Vallaud, qui veut avec l’alliance Nupes prendre le temps de « faire surgir ce qu’on entend partout sur le territoire dans l’hémicycle ».

Les yeux rivés sur ce vote, les centrales syndicales espèrent le rejet de cet article totémique. Laurent Berger attend ainsi du Parlement « qu’il dise ce n’est pas raisonnable, dans cette conflictualité sociale de reporter de 62 à 64 ans l’âge de départ ».

La majorité présidentielle, qui serre les rangs malgré les hésitations de certains, ne peut compter que sur l’appui des LR. « Je souhaite voter cette réforme », a redit le patron du parti Éric Ciotti, vantant d’avoir « obtenu une avancée essentielle sur les petites retraites » et mettant la pression désormais sur le sujet des carrières longues.

De son côté, Élisabeth Borne « n’envisage pas » l’hypothèse de dégainer comme à l’automne l’arme constitutionnelle du 49.3 pour faire passer sa réforme sans vote, mais cet outil est dans toutes les têtes.

Gouvernement et majorité en sortiraient « politiquement affaiblis », admet la députée Stéphanie Rist (Renaissance), rapporteuse du projet de loi.

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