Silicon Valley Bank, la banque des techs qui fait peur à tout le secteur

Par Epoch Times avec AFP
11 mars 2023 14:08 Mis à jour: 11 mars 2023 17:52

À la recherche de liquidités pour combler de nombreux retraits de dépôts de ses clients, la banque Américaine Silicon Valley Bank a semé la panique dans le secteur financier et fait chuter vendredi les actions des acteurs bancaires partout dans le monde.

La Silicon Valley Bank (SVB) est un établissement bancaire californien spécialisé dans le secteur technologique et qui fait principalement affaire avec des fonds qui investissent dans des entreprises non cotées. Le groupe, présent aux États-Unis, en Europe, en Asie et en Israël, offre une palette de services financiers à l’écosystème des start-up, allant de la simple tenue de comptes bancaires à du conseil en levées de fonds. La maison mère de la banque commerciale, SVB Financial Group, a annoncé mercredi qu’elle allait tenter de lever 2,25 milliards de dollars d’argent frais. Elle a déjà vendu pour 21 milliards de dollars de titres financiers pour obtenir de la trésorerie immédiate, au prix d’1,8 milliard de dollars de perte.

Selon des sources citées par l’agence de presse financière Bloomberg, des fonds d’investissement ont conseillé à leurs entreprises de retirer leurs fonds chez SVB, accentuant le manque de liquidités. En réaction, le directeur général de SVB a exhorté jeudi ses clients « à ne pas retirer leurs dépôts de la banque et à ne pas semer la peur ou la panique », selon le Wall Street Journal. Le groupe a aussi abaissé mercredi ses prévisions financières pour le premier trimestre 2023, notamment son bénéfice net et sa marge nette d’intérêt, c’est-à-dire la différence entre les taux auxquels la banque emprunte de l’argent et ceux auxquels elle prête.

Effondrement rapide

Très liée aux entreprises technologiques, SVB souffre par ricochet de la détérioration de l’environnement dans le secteur. La remontée brutale des taux d’intérêt, les difficultés d’approvisionnement notamment en semi-conducteurs, le faible appétit des investisseurs pour les valeurs technologiques et les tensions géopolitiques ont signé la fin de l’euphorie post-Covid.

La valorisation en Bourse des entreprises technologiques a d’ailleurs fondu en 2022 et les annonces de suppressions de postes dans la Silicon Valley se multiplient depuis quelques mois. La hausse des taux d’intérêt, sous l’effet de l’action des banques centrales, touche aussi directement les sociétés bancaires. Les banques empruntent généralement à court terme pour effectuer des prêts à moyen et long terme. Or, les taux à deux ans sont actuellement plus élevés que les taux à dix ans aux États-Unis.

Panique bancaire

Le spectre d’un « bank run« , une réaction en chaîne qui débute par des retraits massifs de clients que la banque ne peut satisfaire, plane toujours sur le secteur. Pour satisfaire les demandes de liquidités, la banque n’a d’autres choix que de lever de l’argent ou de céder des actifs dans l’urgence, ce qui ne garantit pas le meilleur prix, et accentue donc ses difficultés. Par exemple, les titres de dette « sont vendus avec une lourde perte, car leur valeur a sévèrement chuté par rapport à leurs niveaux records » en raison de la hausse brutale des taux d’intérêt depuis un an, explique Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank. La valeur des obligations baisse quand les taux augmentent.

Par ailleurs, pour l’analyste Christian Parisot, « la question est donc maintenant de savoir quelles autres banques pourraient subir des pressions parce que leurs marges nettes d’intérêt se sont contractées », écrit-il dans une note pour le courtier Aurel BGC. Il se veut cependant rassurant et estime que « le risque bancaire reste limité à des très petites banques et sur un nombre restreint », de dix banques régionales américaines.

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