Taïwan appelle sa population à rejeter la désinformation de Pékin sur la Seconde Guerre mondiale
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Des militaires américaines à bord du cuirassé Missouri lors des cérémonies officielles de la signature des actes de la capitulation du Japon dans la Seconde Guerre mondiale, le 2 septembre 1945
Taïwan a dénoncé le régime communiste chinois pour avoir utilisé le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale pour affirmer à tort que c’était le Parti communiste chinois (PCC) qui avait été en tête des combats contre l’invasion japonaise et non le gouvernement de la République de Chine, alors au pouvoir dans le pays.
Le 15 août marquait le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale – le jour où le Japon a annoncé sa capitulation, bien que la signature officielle des actes de capitulation ait eu lieu à Tokyo le 2 septembre 1945.
Taïwan, dont le nom officiel est la République de Chine, tel qu’il figure sur les passeports de ses citoyens, est le dernier territoire de la république qui existait également en Chine continentale de 1911 à 1949.
Après sa défaite, en 1949, face aux forces communistes soutenues par l’Union soviétique, le gouvernement nationaliste de la République de Chine, dirigé par Tchang Kaï-chek, s’est retiré sur l’île de Taïwan, restituée à la Chine après l’occupation japonaise en 1945. La République de Chine est restée le nom officiel de Taïwan depuis lors. Entre-temps, le PCC a instauré son régime communiste – la République populaire de Chine – qui règne sur la Chine continentale depuis 1949.
Le régime du Parti communiste revendique la souveraineté sur Taïwan, bien qu’il n’ait jamais gouverné l’île, et il n’exclut pas la possibilité d’un recours à la force pour l’annexer.
Alors que l’État-parti chinois organisait des commémorations, dont un défilé militaire à Pékin pour célébrer la « victoire menée par le PCC contre l’invasion japonaise », le principal responsable taïwanais des relations avec la Chine a mis en garde sa population contre la déformation de l’histoire par Pékin et ses menaces lancées envers l’île démocratique et indépendante.
Le 15 août, le ministre taïwanais des Affaires continentales, Chiu Chui-cheng, a souligné dans une vidéo diffusée par son cabinet que la République populaire de Chine n’existait pas pendant la Seconde Guerre mondiale.
« Le régime communiste chinois a déformé les faits à maintes reprises ces dernières années, affirmant que la guerre contre le Japon était menée par le Parti communiste, et a même inventé l’idée que Taïwan appartenait à la République populaire de Chine », a déclaré M. Chiu.
Il a appelé les Taïwanais à « s’unir et à défendre ensemble la souveraineté et la dignité nationales » et à participer aux événements organisés par Taïwan plutôt qu’aux commémorations organisées par Pékin, comme le défilé militaire.
Dans une déclaration publiée sur sa page Facebook le 15 août, le président de Taïwan (République de Chine), Lai Ching-te, a écrit, sans nommer directement l’État-parti chinois, que « la leçon la plus précieuse de la Seconde Guerre mondiale est le fait que l’unité mène à la victoire, tandis que l’agression mène à la défaite ». M. Lai a ajouté qu’à mesure que l’autoritarisme gagne en puissance, il est important que la liberté et la démocratie prévalent.
La République de Chine a mené la guerre, pas le PCC
La République de Chine faisait partie des forces alliées aux côtés des États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, et ses troupes nationalistes ont joué un rôle crucial dans la guerre contre le Japon, contrairement aux troupes communistes.
Li Jian, chroniqueur d’Epoch Times, a analysé les principales batailles contre le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale, chiffres et détails à l’appui, dans son article paru dans l’édition chinoise du 14 août. Il a indiqué que « pendant la guerre de 8 ans, la Chine et le Japon se sont livrés à 22 batailles de grande envergure, chacune impliquant plus de 100.000 soldats. L’armée du PCC n’a participé qu’à deux batailles : la bataille de Pingxingguan et l’offensive des Cent Régiments », les autres ayant été menées par les seules troupes nationalistes.
« L’armée nationaliste de la République de Chine, dirigée par Tchang Kaï-chek, a été la principale force des batailles décisives et le cœur de la guerre de résistance », a-t-il écrit.
Les territoires de Chine et des pays voisins occupés par le Japon en 1940 sont marqués en orange et en rose sur cette carte. (Domaine public)
Après la Longue Marche du PCC (1934-1935), qui constituait en réalité sa longue fuite pour échapper à la poursuite des troupes de la République de Chine – depuis sa base du Jiangxi, province du sud-est, jusqu’au nord-ouest de la Chine – le PCC a construit une nouvelle base à Yan’an, au nord de la province du Shaanxi. Ce nouvel emplacement était éloigné du nord-est, de l’est et du sud de la Chine, occupés par le Japon et où se déroulèrent les principaux combats de la Seconde Guerre mondiale en Chine et en Asie (1937-1945).
Alors que les troupes nationalistes combattaient l’invasion japonaise, les troupes communistes restaient en grande partie à Yan’an, dans le nord de la Chine.
Dans son livre The Generalissimo: Chiang Kai-shek and the Struggle for Modern China (Le généralissime : Chiang Kaï-shek et la lutte pour la Chine moderne), l’historien américain Jay Taylor détaille les efforts alliés des troupes nationalistes et américaines pendant la Seconde Guerre mondiale en Chine. Il parle, en particulier, du célèbre groupe de pilotes américains des Flying Tigers (Tigres volants) – les volontaires américains de l’armée de l’air de la République de Chine – dans les combats contre l’invasion japonaise du pays.
Dans Forgotten Ally: China’s War with Japan, 1937–1945 (Un allié oublié : la guerre de la Chine contre le Japon, 1937-1945), l’historien britannique Rana Mitter met en lumière les principales batailles que la Chine a livrées contre le Japon, principalement par les troupes nationalistes, pendant les huit longues années de la Seconde Guerre mondiale. Il note également le rôle crucial des troupes nationalistes chinoises dans la lutte contre l’armée japonaise dans la jungle birmane, aux côtés des troupes britanniques et américaines, empêchant le Japon de progresser vers l’ouest en Asie du Sud-Est et en Asie du Sud.
Un soldat chinois garde une rangée d’avions de chasse américains P-40, arborant l’emblème en forme de tête de requin des « Tigres Volants », sur un aérodrome en Chine, vers 1942. (Domaine public)
Lorsque les troupes communistes sont arrivées à Yan’an après la Longue Marche, elles ne comptaient que 6000 soldats. En 1945, lorsque les Japonais ont capitulé, l’armée du PCC comptait plus de 900.000 soldats réguliers, auxquels s’ajoutaient 2 millions de miliciens, selon la série éditoriale les Neuf commentaires sur le Parti communiste, publiée par Epoch Times.
« Pendant la guerre, le PCC a fait un spectacle en appelant à la résistance face aux Japonais, mais il ne disposait que d’armées locales et de forces de guérilla dans des camps éloignés des lignes de front », selon les Neuf Commentaires. « En faisant une marche à travers les provinces du nord, il pouvait prétendre ‘combattre les Japonais’ en conquérant les cœurs des gens. »
En 1945, lorsque la guerre avec les Japonais a pris fin, la guerre civile a éclaté.
Tchang Kaï-chek disposait de 39 divisions « entraînées par les Américains, il était équipé et ses troupes bénéficiaient d’un moral élevé », a fait remarquer le sénateur Joe McCarthy dans America’s Retreat From Victory (Le retrait de l’Amérique de la victoire). Cependant, George Marshall, envoyé spécial des États-Unis en Chine de 1945 à 1947, a appliqué une politique qui a désarmé l’armée nationaliste et a forcé la République de Chine à former un gouvernement unifié avec les communistes.
« George Marshall a décrit l’une de ses propres actions comme suit : ‘En tant que chef d’état-major, j’ai armé 39 divisions anticommunistes. Maintenant, d’un trait de plume, je les désarme’. »
Le sénateur indique qu’en coupant l’approvisionnement en armes des troupes de Chiang Kaï-shek, George Marshall a permis en même temps aux communistes de Russie d’apporter leur soutien sans relâche aux communistes de Yan’an.
En contraste avec la résistance des nationalistes contre le Japon, le dirigeant du PCC, Mao Zedong, a exprimé à plusieurs reprises sa reconnaissance au Japon pour son invasion de la Chine, ce qui a été enregistré dans des documents officiels du Parti et a été largement cité par les historiens et les médias internationaux.
Par exemple, en 1972, Mao a rencontré le Premier ministre japonais Takuei à Nankin et lui a déclaré qu’il n’y avait aucune raison de s’excuser pour les atrocités commises par les troupes japonaises en Chine pendant la guerre.
« [Le Japon] n’a pas à s’excuser, vous avez contribué à la Chine. Pourquoi ? Parce que si le Japon impérial n’avait pas déclenché une guerre d’invasion, comment les communistes auraient-ils pu devenir si puissants ? » avait déclaré Mao. « Comment avons-nous pu fomenter un coup d’État ? Comment avons-nous pu vaincre Tchang Kaï-chek ? Comment allons-nous vous rembourser ? Non, nous ne voulons pas de vos réparations de guerre ! »
Le général nationaliste et homme d’État chinois Tchang Kaï-chek (1887-1975), président de la Chine de 1928 à 1931 et de 1943 à 1949, vers 1943 (Keystone/Getty Images)
L’éminent historien chinois Xin Haonian a conclu dans son discours sur la guerre de résistance de la Chine contre l’invasion japonaise, que « le PCC n’a pas combattu les Japonais, a faussement prétendu les combattre et a même collaboré avec l’ennemi et a trahi le pays ».
Toutefois, pendant des décennies, « il a non seulement continué à calomnier l’autre parti [les nationalistes], qui a constamment combattu les Japonais et a mené la guerre de résistance, en le présentant comme un parti qui ne combattait pas les Japonais. En même temps, [le PCC] a continué à se présenter comme le ‘héros qui a mené la nation entière à la lutte contre les Japonais et à la victoire finale’. »
M. Xin a ajouté que l’objectif du PCC est de recourir à la tromperie continue pour légitimer son pouvoir.
Le Parti communiste n’a jamais gouverné Taïwan
Après la Seconde Guerre mondiale, Taïwan, occupée par le Japon de 1895 à 1945, a été rétrocédée à la République de Chine, conformément à la Déclaration du Caire (1943) et à la Déclaration de Potsdam (1945), dont le président de la République de Chine, Chiang Kaï-shek, était l’un des signataires avec les dirigeants du Royaume-Uni et des États-Unis. La République de Chine a officiellement accepté la rétrocession le 25 octobre 1945.
Lorsque les troupes nationalistes ont été vaincues par les communistes en Chine continentale lors de la guerre civile de 1949, le gouvernement de la République de Chine s’est replié sur Taïwan, tandis que le PCC a instauré son règne sur la Chine continentale.
Le président taïwanais Lai Ching-te inspecte les troupes lors de sa visite à la base aérienne de Songshan à Taipei, le 21 mars 2025. (I-Hwa Cheng/AFP via Getty Images)
Dans son discours d’investiture en 2024, l’actuel président taïwanais, Lai Ching-te, a déclaré que « la République de Chine et la République populaire de Chine ne sont pas subordonnées l’une à l’autre ».
Pékin a réagi au rejet par M. Lai des revendications de sa souveraineté sur Taïwan en le qualifiant de « séparatiste ».
Le président taïwanais a souligné plus tôt cette année, lors d’une série de discours publics, que la République populaire de Chine n’avait jamais exercé de souveraineté sur Taïwan ni sur d’autres îles périphériques administrées par la République de Chine.
« Quel que soit le nom que nous choisissons pour notre nation – la République de Chine, la République de Chine de Taïwan ou Taïwan – nous sommes un pays indépendant », a-t-il martelé.
Alex Wu est un rédacteur basé aux États-Unis qui écrit pour The Epoch Times sur la société et la culture chinoises, les droits de l'homme et les relations internationales.