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Taïwan condamne un ancien collaborateur du président pour espionnage au profit de la Chine

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Le président taïwanais, Lai Ching-te, inspecte l'exercice Han Kuang 41 - Exercice naval de pose de mines défensives, le 14 juillet 2025 à Kaohsiung, Taïwan. Taïwan.

Photo: Annabelle Chih/Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

TAIPEI (Taïwan) — Le tribunal de district de Taipei a condamné quatre anciens membres du parti au pouvoir à Taïwan — dont un ex-collaborateur du président — pour espionnage au profit de la Chine, alors que Taipei s’efforce de résister à l’offensive du régime communiste chinois visant à fragiliser cette démocratie autonome.
Le tribunal a prononcé des peines de prison allant de quatre à dix ans à l’encontre des accusés, tous reconnus coupables d’avoir transmis des secrets d’État à la Chine, selon un communiqué publié le 25 septembre. Les quatre avaient été inculpés pour plusieurs chefs d’accusation en juin.
Cette affaire suscite un vif émoi à Taïwan car elle implique d’ex-membres du Parti démocrate progressiste (DPP), formation politique dont les dirigeants, y compris l’actuel président Lai Ching-te, sont qualifiés de « séparatistes » par Pékin pour leur défense affirmée de la souveraineté de l’île. Le DPP a expulsé les quatre prévenus en mai.
Parmi eux figure Ho Jen-chieh, ex-secrétaire de l’ancien ministre des Affaires étrangères Joseph Wu, aujourd’hui secrétaire général du Conseil national de sécurité.
D’après le tribunal, Ho Jen-chieh a collecté des documents classifiés et les a remis à Huang Chu-jung, lequel a ensuite transmis ces informations à des agents des renseignements chinois via un logiciel crypté, contre rémunération.
M. Huang a également recruté, par l’intermédiaire de Chiu Shih-yuan, un ancien conseiller politique du cabinet de Lai — ce dernier occupant alors la vice-présidence sous la gestion de Tsai Ing-wen. Toujours selon le tribunal, M. Chiu a ordonné à ce conseiller, Wu Shang-yu, de fournir des documents, notamment les projets de voyages à l’étranger du président et le calendrier de la campagne nationale du vice-président, ce à quoi M. Wu s’est conformé.
D’après l’agence de presse officielle taiwanaise, la Central News Agency (CNA), M. Huang était autrefois assistant du conseiller municipal du DPP, Lee Yu-tien, et également homme d’affaires en Chine. Les services secrets chinois l’auraient recruté en 2017.
Le parquet de Taipei avait indiqué en juin que M. Huang avait reçu 6 millions de nouveaux dollars taïwanais (environ 196.800 dollars américains) de la part du renseignement chinois et que M. Chiu avait touché 2,2 millions de nouveaux dollars taïwanais (72.000 dollars) pour leurs actes d’espionnage.
Les quatre hommes ont été reconnus coupables de violation de la loi sur la protection des informations nationales classifiées. MM. Huang et Chiu ont également été jugés coupables de blanchiment d’argent.
M. Huang a écopé de la peine la plus lourde, soit dix ans de prison ; M. Ho a été condamné à huit ans et deux mois ; M. Chiu à six ans et deux mois ; M. Wu à quatre ans. MM. Huang et Chiu ont par ailleurs été condamnés à des amendes, respectivement de 1 million de nouveaux dollars taïwanais (32.700 dollars) et 50.000 nouveaux dollars taïwanais (1600 dollars), avec possibilité de commuer ces peines en travaux d’intérêt général.
Le tribunal a estimé que les agissements des quatre prévenus « mettaient en danger la sécurité nationale », aggravaient « la situation diplomatique déjà difficile de Taïwan » et encourageaient la stratégie chinoise dite des « trois guerres » menée contre l’île — à savoir la guerre de l’opinion, la guerre psychologique et la guerre juridique.
Selon la CNA, les quatre hommes sont à ce jour maintenus au secret.
La Haute Cour de Taïwan examine une autre affaire impliquant M. Huang, qui a été inculpé en juin par le parquet supérieur pour « constitution d’une organisation criminelle » au bénéfice de la Chine, d’après la CNA.
Il n’a pas été possible à Epoch Times de contacter immédiatement les avocats des quatre condamnés.
Ces dernières années, le régime chinois a intensifié ses pressions diplomatiques, politiques et militaires sur Taïwan. Rien qu’en 2024, 64 personnes ont été poursuivies devant les juridictions taïwanaises pour espionnage au profit du Parti communiste chinois (PCC). Parmi elles, les deux tiers sont des militaires en activité ou à la retraite, selon un rapport publié en janvier par le Bureau de la sécurité nationale à Taipei.
Le PCC considère l’archipel, fort de 23 millions d’habitants, comme une province séparatiste et n’exclut jamais le recours à la force pour parvenir à ses fins.
M. Lai a promis de renforcer les mesures de lutte contre l’infiltration et l’espionnage du régime communiste chinois. En mai, le président avait déclaré devant les hauts responsables de la sécurité que Pékin profitait de la liberté taïwanaise dans l’espoir de « diviser, détruire et subvertir Taïwan de l’intérieur ».
« Par ses agissements, la Chine répond déjà à la définition de ‘force hostile étrangère’ telle que mentionnée dans notre loi anti-infiltration, a-t-il expliqué. Nous n’avons d’autre choix que de prendre des mesures encore plus proactives. »