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Taïwan refuse un partage 50-50 de la production de puces avec les États-Unis

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Une station d’assemblage de serveurs d’IA est présentée sur le stand de Century Trading Corporation lors du salon Semicon Taiwan à Taipei, le 10 septembre 2025.

Photo: I-Hwa Cheng / AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Une haute responsable des négociations commerciales de Taïwan a laissé entendre que le gouvernement entend conserver l’essentiel de sa production de semi-conducteurs sur l’île, après que le secrétaire au Commerce américain, Howard Lutnick, a évoqué l’idée d’un « partage 50-50 » de la fabrication de puces avec Washington.
À son arrivée à Taïwan aux premières heures du 1er octobre, la vice-Première ministre Cheng Li-chiun a déclaré aux journalistes que le dernier cycle de pourparlers commerciaux avec les responsables américains avait porté sur les droits de douane et n’avait pas abordé la proposition de M. Lutnick relative au partage de la production de puces avec les États-Unis.
« Je souhaite préciser aux Taïwanais qu’il s’agit d’une idée côté américain. Notre équipe de négociation n’a jamais pris le moindre engagement en faveur d’un partage 50-50 des puces », a déclaré Mme Cheng aux journalistes à l’aéroport international de Taoyuan, à Taïwan.
« Soyez rassurés, nous n’avons pas discuté de cette question cette fois-ci, et nous n’accepterons pas de telles conditions. »
Epoch Times a sollicité des commentaires auprès du Bureau du représentant américain au Commerce et du département du Commerce.
Taïwan produit la quasi-totalité des semi-conducteurs les plus sophistiqués au monde, composants indispensables allant des téléphones mobiles aux avions de combat.
L’importance stratégique de ce secteur s’est accrue à mesure que Taïwan subit des pressions croissantes de la Chine, dont le Parti communiste au pouvoir considère la démocratie auto-administrée comme son territoire et n’exclut pas de la prendre par la force si nécessaire. Des analystes considèrent les capacités taïwanaises en semi-conducteurs comme essentielles à l’autodéfense de l’île et à l’obtention de soutiens internationaux en cas d’invasion par le grand voisin.
Alors que les tensions s’intensifient dans le détroit de Taïwan, des responsables américains ont exprimé leurs inquiétudes face à la dépendance des États-Unis à l’égard de Taïwan pour la fabrication de puces. Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a déclaré sur CNBC, le 19 août, que le fait que « 99 % des puces avancées dans le monde soient produites à Taïwan » constitue un « point de défaillance unique pour l’économie mondiale ».
Dans un entretien diffusé par NewsNation le 27 septembre, M. Lutnick a expliqué avoir proposé que les États-Unis produisent la moitié des puces.
« Mon objectif, et celui de cette administration, est de relocaliser de manière significative la fabrication de puces », a-t-il affirmé. « Nous devons fabriquer nos propres puces. »
Évoquant la proximité géographique de Taïwan avec la Chine et son éloignement des États-Unis, M. Lutnick a ajouté : « Les Chinois disent ‘Nous allons prendre Taïwan’. Ils ne s’en cachent même pas. C’est un problème. »

Un grand écran diffuse des informations sur les manœuvres militaires de la Chine autour de Taïwan, devant un centre commercial à Pékin, le 1er avril 2025. (Adek Berry/AFP via Getty Images)

L’administration Trump pousse les entreprises à relocaliser leur production aux États-Unis dans divers secteurs, y compris la fabrication de puces. En avril, le département du Commerce a lancé une enquête au titre de la Section 232 sur les importations de semi-conducteurs et de produits pharmaceutiques, invoquant des risques pour la sécurité nationale liés à la dépendance envers la production étrangère. Les conclusions de cette enquête pourraient déboucher sur des droits de douane supplémentaires sur les importations concernées.
Selon l’Exécutif Yuan, le cabinet de Taïwan, plus de 70 % des expéditions vers les États-Unis relevaient des technologies de l’information et de la communication (TIC), incluant les semi-conducteurs.
Lors du dernier cycle de négociations commerciales, les négociateurs taïwanais ont cherché à obtenir un taux tarifaire plus favorable auprès des États-Unis, ainsi qu’un traitement préférentiel pour les produits taïwanais soumis à l’enquête américaine au titre de l’article 232, a indiqué l’Exécutif Yuan dans un communiqué publié le 1er octobre.
Selon ce texte, les responsables taïwanais ont réalisé « certains progrès » sur cet objectif à l’issue d’un échange approfondi avec l’équipe américaine dirigée par M. Lutnick et le représentant au Commerce Jamieson Greer.
Taïwan est actuellement soumis à un droit de douane américain de 20 %, le temps que se poursuivent les négociations.
Parallèlement, le président taïwanais, Lai Ching-te, a reçu le 30 septembre une délégation américaine conduite par Luke J. Lindberg, sous-secrétaire au Commerce du département américain de l’Agriculture.
Dans son allocution, M. Lai a indiqué que Taïwan prévoyait d’acheter pour 10 milliards de dollars de produits agricoles américains — notamment du soja, du blé, du maïs et du bœuf — au cours des quatre prochaines années, selon son bureau.