Le témoignage d’un prisonnier d’opinion soumis à des tortures sexuelles en Chine

Par Frank Yue
16 avril 2022 23:20 Mis à jour: 17 avril 2022 10:39

Note de l’éditeur : Cet article comporte des détails choquants de torture et d’agression sexuelle.

Un prisonnier d’opinion, récemment libérée après avoir purgé une peine de sept ans dans une prison tristement célèbre de la ville de Tianjin, dans le nord de la Chine, a décrit les méthodes de torture brutales auxquelles il a été soumis, dont des agressions sexuelles.

Zhou Xiangyang, un pratiquant de Falun Gong âgé de 49 ans et ancien ingénieur, a été libéré le 1er mars de la prison de Tianjin Binhai, selon Minghui.org, un site Internet basé aux États-Unis qui recueille des informations sur la persécution menée par le Parti communiste chinois (PCC) contre cette pratique spirituelle.

Pendant son incarcération, M. Zhou a déclaré avoir été torturé par des détenus et des gardiens, notamment par électrocution, gavage, gazage au poivre et agression sur ses parties intimes.

Quelques semaines après sa libération, M. Zhou a fait appel de ses griefs auprès des autorités judiciaires chinoises, notamment le Bureau de la justice de Tianjin, le Bureau des prisons de Tianjin et le ministère de la Justice.

De tels récits de torture et de traitement inhumain sont courants parmi les pratiquants de Falun Gong détenus par le PCC pour avoir simplement refusé de renoncer à leur foi.

Zhou Xiangyang, pratiquant de Falun Gong. (Minghui.org)

Le Falun Gong, ou Falun Dafa, est une pratique spirituelle qui repose sur trois principes fondamentaux, la vérité, la compassion et la tolérance, ainsi que sur cinq exercices de qi gong lents. Après avoir été rendu public en 1992, le nombre de pratiquants de cette discipline en Chine a augmenté pour atteindre les 100 millions en 1999. Estimant que la popularité de cette pratique constituait une menace pour le système, le régime communiste a lancé une campagne de persécution à l’échelle nationale pour l’éradiquer.

Depuis lors, des millions de pratiquants ont été détenus dans les prisons, les camps de travail et les centres de détention du pays.

Torture et abus

Zhou Xiangyang et sa femme Li Shanshan, également pratiquante, ont été arrêtés pour leur détermination à pratiquer le Falun Gong en mars 2015, selon Minghui. Les autorités chinoises les ont condamnés respectivement à des peines de 7 et 6 ans de prison.

Il a purgé sa peine à la prison de Tianjin Binhai.

Pour protester contre son incarcération, M. Zhou a fait une grève de la faim tout au long de sa détention, si bien qu’il a régulièrement été alimenté de force. Son état de santé s’étant dégradé, M. Zhou s’est retrouvé en fauteuil roulant.

En novembre 2020, le prisonnier d’opinion a été transféré dans une autre section de la prison, le bloc 10. Là, des détenus ainsi que des gardiens ont commencé à lui faire subir différents types de torture.

« Le soir du premier jour au bloc 10, un gardien nommé Zang Haixu m’a conduit à l’hôpital de la prison pour m’alimenter de force, avec deux détenus, Zhao Shuopeng et Bai Zongming, qui poussaient mon fauteuil roulant », a écrit M. Zhou dans sa plainte officielle. « Sur le chemin du retour, le gardien a trouvé une excuse pour m’infliger une décharge électrique avec sa matraque. Il m’a aspergé les yeux avec un spray au poivre alors que nous étions dans un endroit que les caméras de surveillance ne pouvaient pas voir. »

Au cours des mois suivants, M. Zang, le gardien, a régulièrement menacé M. Zhou de lui infliger d’autres décharges électriques, de lui envoyer du gaz poivré et de le frapper, selon la plainte.

Des pratiquants de Falun Gong participent à une veillée à la bougie en mémoire des victimes de la persécution qui se poursuit depuis 22 ans en Chine, au monument de Washington, le 16 juillet 2021. (Samira Bouaou/Epoch Times).

Quelques jours après le transfert de M. Zhou dans le nouveau bloc, un autre gardien, Liang Hanwen, a formé une équipe de trois détenus et les a chargés de maltraiter régulièrement M. Zhou, selon Minghui.

L’un des détenus, Pan Xin, lui infligeait méthodiquement toute une palette de tortures perverses.

Pendant que deux détenus maintenaient M. Zhou à terre, M. Pan lui pinçait les tétons à répétition pour qu’ils suintent du liquide. Il utilisait une force extrême pour presser ses parties génitales pendant de longues périodes jusqu’à ce que les zones affectées suppurent et se mettent à gonfler et à se déformer, selon Minghui.

M. Pan a également infligé d’autres types de torture et de traitement dégradant, comme cracher au visage, exercer une forte pression sur sa poitrine et mélanger sa nourriture liquide avec de l’urine dans une bouteille avant de la lui faire avaler de force.

À quatre reprises, M. Pan, en présence des gardiens de prison M. Liang ou M. Zang, a utilisé ses doigts gantés pour pénétrer l’anus du détenu afin de le traumatiser, selon Minghui. En outre, M. Zang appliquait du spray au poivre sur le gant de M. Pan pour amplifier l’irritation.

Le pratiquant de Falun Gong Zhou Xiangyang (à gauche) et son épouse Li Shanshan (à droite) sur une photo non datée. (Minghui.org)

Lors de ces moments pénibles, il criait à l’aide, mais personne ne lui portait secours. Pourtant, selon la plainte, ses cris pouvaient être entendus de l’autre côté du couloir. Un jour, alors qu’il éprouvait de graves difficultés à respirer, ses agresseurs ont dû interrompre la séance pour l’emmener à l’hôpital de la prison et lui donner de l’oxygène.

Selon Minghui, M. Zhou informait le gardien en chef Gao Peizhi des tortures qu’il subissait et lui demandait de l’aide, mais il n’a eu droit qu’à des sévices plus graves en guise de punition, parfois infligés le jour même de sa déclaration.

Lors d’un incident, le gardien M. Zang l’a électrocuté avec une matraque en guise de représailles. « J’ai entendu dire que tu avais prévenu notre gardien en chef », lui a‑t‑il lancé au terme de la séance de torture, selon la plainte. « J’ai fait cela [le choc électrique] pour rafraîchir la mémoire. Ne parle pas imprudemment la prochaine fois. »

« Crier [à l’aide] ne sert à rien », ont également répété les détenus à la victime, précisant que leurs actes étaient cautionnés par le gardien‑chef.

M. Zhou n’en était pas à sa première incarcération. Il avait déjà purgé une autre peine pendant neuf ans dans la même prison et avait été détenu pendant une année dans un camp de travail.

M. Zhou était jadis un ingénieur ferroviaire de haut niveau, travaillant dans une entreprise publique de conception ferroviaire à Tianjin.

Après sa libération, M. Zhou est allé vivre chez ses parents dans la province du Hebei, au nord de la Chine, tout en restant sous la surveillance du PCC, a indiqué Minghui.

Une policière tente d’empêcher qu’on prenne des photos de la prison de Qincheng, dans la banlieue de Pékin, le 12 septembre 2013. (Ed Jones/AFP via Getty Images)

Une prison connue

Au fil des années, la prison de Tianjin Binhai est devenue un haut lieu de la persécution continue des pratiquants de Falun Gong, selon les témoignages recueillis par Minghui.

En mars 2020, Li Shaochen, pratiquant de Falun Gong, est décédé à l’âge de 77 ans au cours de son séjour en prison qui aura duré quatre ans et demi, a rapporté Minghui. La cause de son décès n’a pas été déterminée en raison du manque de transparence et de la mise sous silence délibérée des exactions commises par les autorités chinoises.

 

Illustration d’une forme de torture infligée aux pratiquants de Falun Gong dans les prisons chinoises : être enchaîné au sol.

En juillet 2011, Li Xiwang, nouvellement arrivé, est mort à 49 ans des suites de tortures, 10 jours après son admission. M. Li est décédé des suites d’une forme extrême de torture qui consiste à obliger les victimes à rester dans une posture difficile pendant une période prolongée. Les victimes doivent s’asseoir les jambes perpendiculaires l’une à l’autre, les chevilles enchaînées au sol. Ensuite, les deux mains sont menottées à l’une des chevilles, de sorte que le torse se retrouve arqué au‑dessus de la jambe, selon Minghui.org.

Le seuil de tolérance d’une personne à ce type de torture est, semble‑t‑il, de deux heures. M. Li a été retrouvé mort après avoir été forcé de rester dans cette posture plus de dix heures, a rapporté Minghui. Selon des témoins, l’expression de son visage laissait penser qu’il était mort dans une agonie absolue, son front et sa tête étaient couverts de pustules et ses deux yeux étaient exorbités.

Un autre pratiquant détenu dans cette prison en même temps que M. Li, Sander Lau, a confirmé cette version des faits dans une interview récente accordée à Epoch Times. M. Lau le connaissait personnellement.

« De nombreuses histoires cachées ont été dévoilées lorsque certains détenus qui étaient en service et chargés de la surveillance dans différentes équipes ou à l’hôpital ont sympathisé avec nous [pratiquants de Falun Gong] », a déclaré ce survivant, ajoutant que ces informateurs avaient noué des liens avec certains pratiquants.

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