Trente ans de prison requis contre une figure supposée du narcobanditisme marseillais

Par Epoch Times avec AFP
3 février 2023 14:45 Mis à jour: 3 février 2023 18:14

Trente ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté de 20 ans, ont été requis vendredi contre Christopher Aouni, 37 ans, figure supposée du narcobanditisme marseillais, jugé pour le meurtre d’un homme de 30 ans abattu pendant une partie de cartes.

Saci Labidi avait été tué de deux tirs de Kalachnikov à bout portant, le 24 mars 2018, dans le local associatif de la cité Consolat, dans les quartiers populaires du nord de Marseille, gangrénés par les trafics de stupéfiants.

Un assassinat en règle, selon l’avocat général Christophe Raffin, qui a demandé aux jurés de la cour d’assises d’Aix-en-Provence de retenir la préméditation, les auteurs ayant pris soin, quelques jours plus tôt, de coller un sticker de l’OM sur la porte arrière du local afin de l’identifier lors de repérages.

Utilisation d’un téléphone crypté

Si l’accusé conteste être l’auteur de cette exécution, des éléments de téléphonie le placeraient bien sur les lieux à l’heure du meurtre. L’enquête a établi qu’un téléphone crypté de type PGP avait été utilisé par les auteurs, téléphone dont le trajet a ensuite été géolocalisé jusqu’au lieu de l’incendie du véhicule du commando, à Vitrolles, quelques minutes après les faits.

Or pour l’accusation, Christopher Aouni était bien le détenteur de ce PGP, ce téléphone déclenchant dans les heures précédant le meurtre les mêmes cellules relais que son véhicule équipé d’un boîtier télématique. « On le suit à la trace », a insisté l’avocat général.

Une démarche « jamais vue »

Durant les débats, Christopher Aouni a martelé que ce PGP était en possession d’un de ses amis, Hichem Menadjlia, qui l’aurait reçu des mains d’un trafiquant surnommé « Zébu ». Dans une démarche que les policiers ont qualifiée de « jamais vue », le premier s’était présenté dans les jours suivant l’interpellation de Christopher Aouni, pour revendiquer la propriété du PGP.

Depuis, Hichem et « Zébu » ont eux aussi été abattus, dans ce qui apparaît être une guerre intestine à la bande dite « de Marignane », une des principales équipes du narcobanditisme local, selon la police judiciaire. En dépit de multiples témoignages et de son implication dans d’autres dossiers avec des membres de ce clan, Christopher Aouni nie en avoir fait partie.

« Les morts ont tous les torts »

« Dans des dossiers comme cela, c’est récurrent, les morts ont tous les torts », a ironisé Me Fabien Perez, avocat des proches de Saci Labidi.

Selon l’avocat général, la victime, un carrossier très implanté dans la vie sociale du quartier, se serait opposé à l’implantation d’un second point de vente de stupéfiants à Consolat, et il aurait même chassé des dealers. Or l’équipe de Marignane multipliait les opérations à l’époque pour s’installer ou reprendre des réseaux dans les cités marseillaises.

Au cours des dernières années, 45% des règlements de comptes perpétrés en France en lien avec les trafics de drogue l’ont été dans les Bouches-du-Rhône, et un tiers à Marseille, a souligné l’avocat général. Au cours du premier semestre 2023, la cour d’assises des Bouches-du-Rhône sera amenée à juger huit dossiers de règlements de comptes, a-t-il indiqué.

La défense de Christopher Aouni plaidera son acquittement dans l’après-midi.

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