Opinion
Antisionisme et antisémitisme : les deux visages de la haine des Juifs

Des manifestants à Washington D.C. en soutien à la Palestine pour la manifestation « Let Gaza Live », samedi 5 avril 2025.
Photo: DOMINIC GWINN/Middle East Images/AFP via Getty Images
Alors que les manifestations « pro-palestiniennes » continuent d’envahir les rues, la communauté juive du monde entier est une fois de plus confrontée à une résurgence inquiétante de l’antisémitisme. Mais cette fois, celui-ci revêt deux visages différents : une forme ancienne et familière de haine des Juifs, l’antisémitisme, et l’autre, sous son déguisement progressiste, l’antisionisme. Tous deux aboutissent au même résultat : la diffamation des Juifs, un mouvement moderne de militants radicalisés.
Deux visages d’une même haine, l’antisémitisme et l’antisionisme, présentent systématiquement une ressemblance effrayante avec un comportement antisocial omniprésent : mensonges pathologiques, tromperie dans les médias et dans la rue, désengagement moral, manque d’empathie, complexe de supériorité avec peu ou pas de connaissances pour le soutenir, et hostilité ou menace envers les autres.
L’antisémitisme moderne est né de l’extrême droite, bien que certains fassent valoir que les nazis (qui désignent le Parti national-socialiste des travailleurs allemands d’Hitler) étaient en réalité d’extrême gauche. Il s’est nourri de théories du complot selon lesquelles les Juifs contrôleraient les médias, les banques et le gouvernement, et planifieraient astucieusement leur domination mondiale. Faire du peuple juif un bouc émissaire et semer la méfiance constituent le fondement même de cette haine, dépeignant les Juifs comme omnipotents et dangereux.
L’antisionisme occidental, en revanche, émerge de l’extrême gauche : marxistes, communistes et islamistes. Il se déguise en militantisme politique, qualifiant les Juifs de colons blancs, complices de génocide, de nettoyage ethnique et d’apartheid. Il véhicule l’idée que les Juifs sont tous blancs et qu’ils oppriment les personnes de couleur, en particulier les Palestiniens. Contrairement à l’antisémitisme d’extrême droite, l’antisionisme intègre ces accusations de meurtre rituel à son blason de justice sociale. La rhétorique diffère de celle de l’extrême droite, mais il s’agit d’une nouvelle refonte sociopathe de la haine des Juifs, avec des objectifs et des résultats identiques : légitimer le détachement émotionnel du sort du tissu juif, perpétuer la tromperie manipulatrice, le révisionnisme historique et l’inversion morale.
Une fausse idée répandue est celle selon laquelle les Juifs israéliens seraient tous des colons européens blancs, bénéficiaires de privilèges blancs. En réalité, les deux tiers de la population juive d’Israël sont des personnes de couleur, dont beaucoup descendent des 850.000 Juifs victimes du nettoyage ethnique des pays arabes. Les racines juives des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, à la peau plus foncée, sont écartées du récit, car elles complexifient la fausse dichotomie entre « Juif blanc » et « Palestinien brun ». Cet effacement historique est non seulement trompeur, mais constitue également un déni froid et calculé de la souffrance juive.
Les antisémites comme les antisionistes recourent aux théories du complot et au révisionnisme historique pour justifier leur haine envers le peuple juif. La justification morale alimente leur ressentiment et le rend excusable. De faux récits tissent une paranoïa sociopathe généralisée, relayée avec un sentiment d’autorité supérieure, mais sans preuves pour étayer cette hostilité.
Aujourd’hui, nous assistons à la fusion de ces deux extrêmes dans ce que l’on pourrait appeler une idéologie « d’extrême droite woke », où l’antisémitisme est reconditionné et rendu socialement acceptable sous la bannière de l’antisionisme. Ce qui permet de nier de manière plausible les insinuations racistes en les qualifiant de dissidence politique. La vérité, comme en témoignent les discours et les crimes haineux contre les Juifs du monde entier, est que les Juifs et leurs amis sionistes sont particulièrement tenus personnellement responsables des actions du gouvernement israélien. Ce deux poids, deux mesures est la caractéristique principale des antisémites d’aujourd’hui.
Les antisionistes diabolisent souvent le sionisme sans comprendre, ou en ignorant délibérément, qu’il s’agit simplement de l’aspiration juive à l’autodétermination sur la terre ancestrale juive. Ce mouvement est antérieur de plusieurs milliers d’années au conflit israélo-palestinien. Il n’a rien à voir avec le colonialisme et tout à voir avec le désir millénaire de retourner chez soi, à « Sion » (l’Israël d’aujourd’hui). Le sionisme n’est pas un « projet colonial » ; c’est le premier « projet de libération » réussi d’un peuple autochtone de ses colonisateurs : les Britanniques, l’Empire ottoman, les Byzantins, les Arabes, les Romains, et la liste est longue.
L’archéologie, l’histoire, la religion et la science ont toutes prouvé que les Juifs sont originaires d’Israël et qu’ils étaient autochtones sur cette terre bien avant les revendications actuelles des colonisateurs arabes. Depuis lors, les Juifs ont lutté à maintes reprises contre ceux qui cherchaient à éteindre leur lien avec cette terre et à les exterminer.
L’antisionisme lui-même est clair dans son hostilité et sa tentative d’effacer l’histoire, la culture, l’ethnicité et l’existence juives. L’affirmation selon laquelle le peuple palestinien moderne – une appellation liée au nom donné à la région par les Romains bien avant l’arrivée des Arabes et des siècles avant l’avènement de l’islam, dans le but d’effacer les liens juifs avec la Judée (aujourd’hui Israël) – possède un statut autochtone légitime témoigne du déni millénaire des droits et de l’existence des Juifs, aujourd’hui connu sous le nom d’antisionisme. Excuser ou ignorer la colonisation arabe au Moyen-Orient et en Afrique du Nord tout en prônant l’effacement du lien juif avec Israël n’est pas de l’activisme, mais un désengagement moral sélectif au service d’un programme raciste.
L’antisionisme n’est pas une position politique légitime. C’est l’expression moderne de la haine des Juifs. Déguisé en solidarité avec le peuple palestinien, il rejette non seulement l’histoire, l’identité et le lien juifs avec la patrie ancestrale juive, mais il se désolidarise systématiquement de toute clarté morale et de toute empathie envers les Juifs en tant qu’êtres humains.
L’antisionisme est haine. L’antisionisme est racisme. La normalisation sociale de comportements sociopathes extrêmes, lorsqu’elle est ignorée ou justifiée, ne peut s’arrêter aux mots ou au mépris flagrant de la loi ou des droits d’autrui. Elle se termine toujours de la même manière. Génocide, excuses, encore et encore.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Amir Epstein, ancien avocat pénaliste et entrepreneur technologique, est directeur exécutif et cofondateur de l'organisation Tafsik, le plus grand groupe de défense des droits civiques des juifs au Canada, créé en réponse à la montée de l'antisémitisme après le 7 octobre.
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