Des trolls chinois de l’Internet attaquent Shen Yun pour tenter d’influencer l’opinion publique

Par CATHY HE AND NICOLE HAO
28 novembre 2019 22:48 Mis à jour: 29 novembre 2019 02:48

Le régime communiste chinois a déployé son armée massive de trolls sur Internet pour diffamer Shen Yun Performing Arts afin d’influencer l’opinion publique contre elle, selon la compagnie.

Ces personnes anonymes travaillent à remplir les résultats de recherche Google de critiques négatives sur Shen Yun, selon ce que Leeshai Lemish, maître de cérémonie de l’entreprise, a déclaré dans une récente interview avec Epoch Times.

Shen Yun est une compagnie de danse classique chinoise basée à New York qui fait des tournées dans le monde entier depuis 2006. Sa mission est de présenter 5 000 ans de civilisation chinoise à travers les arts.

Alors que la compagnie se produit régulièrement à guichets fermés à travers le monde, elle a attiré la colère du régime chinois en présentant des scènes illustrant la persécution continue du groupe spirituel Falun Gong.

Le Falun Gong, aussi connu sous le nom de Falun Dafa, est une pratique méditative qui comprend un ensemble d’enseignements moraux basés sur les principes d’Authenticité, de Bienveillance et de Tolérance. Cette pratique a été interdite en Chine après que le régime chinois l’a considérée comme une menace en raison de son immense popularité ; les estimations officielles de l’époque situaient le nombre de pratiquants entre 70 et 100 millions.

Des pratiquants de cette discipline en Chine ont depuis été détenus arbitrairement et soumis au travail forcé, au lavage de cerveau, à la torture et au prélèvement forcé d’organes. Plus de 4 300 pratiquants ont été tués dans cette persécution, bien qu’on pense que le nombre réel soit beaucoup plus élevé.

En dehors de la Chine, le régime a cherché à diaboliser et à réduire au silence les efforts déployés pour dénoncer la persécution, notamment en influençant les médias chinois à l’étranger et en infiltrant des groupes communautaires chinois à l’étranger.

Des ressortissants chinois vivant en Belgique tentent de couvrir une publicité pour Shen Yun Performing Arts avec un drapeau chinois et un drapeau belge au Théâtre National de Bruxelles le 31 mars 2014 (Georges Gobet/AFP via Getty Images).

Trolls chinois sur Internet

Shen Yun est dans la ligne de mire du régime et, depuis que la compagnie a commencé ses tournées il y a 13 ans, la compagnie a fait l’objet d’une série de tentatives d’interruption ou d’interférence de ses spectacles.

En plus des nombreux cas de consulats ou d’ambassades chinoises qui font pression sur les théâtres ou les gouvernements pour qu’ils annulent les représentations, des autocars de la compagnie ont été sabotés, des membres de la famille des artistes en Chine ont été harcelés et menacés par la police locale, et le site Web de la billetterie de la compagnie a été attaqué, principalement dans la perspective des représentations importantes dans des villes comme New York, a expliqué M. Lemish.

Les efforts du régime se sont déplacés de plus en plus en ligne. « Il y a une tentative très stratégique et concertée pour nous diffamer de toutes les manières possibles, en particulier dans les médias et en ligne », a ajouté M. Lemish.

Il a déclaré que les agitateurs d’Internet cherchent à générer une publicité négative au sujet de Shen Yun pour que celle-ci se classe plus haut dans les recherches sur Internet que les critiques positives des performances du groupe.

« Peu importe le nombre de milliers de critiques positives. […] Mais malgré tout, au sommet du classement Google se trouvent ces articles négatifs », a déclaré Leeshai Lemish à NTD, la chaîne de télévision affiliée à Epoch Times, notant que les trois critiques qui apparaissent sur la première page des résultats d’une recherche Google sur « Shen Yun » sont négatives.

Étant donné que la plupart des gens ne naviguent pas au-delà de la première page des résultats de recherche Google, les trolls « travaillent vraiment très dur pour que cet espace soit aussi négatif que possible », a-t-il constaté.

En plus d’un grand nombre de commentaires positifs des spectacles de Shen Yun qui se trouvent dans la couverture spéciale d’Epoch Times, l’entreprise a également reçu de nombreuses lettres de bienvenue ou de proclamations de la part de fonctionnaires fédéraux, d’État et municipaux aux États-Unis et dans d’autres pays.

Connus sous le nom de « l’armée à 50 centimes », les trolls chinois sur Internet sont financés par le régime chinois – ils reçoivent prétendument 50 centimes de yuans (0,06 €) pour diffuser de la  propagande ou pour réduire les internautes au silence après avoir diffusé des opinions divergentes en ligne, à l’intérieur comme à l’extérieur de la Chine.

Une étude de 2017 (pdf en anglais) publiée dans l’American Political Science Review indique que le régime chinois a embauché jusqu’à 2 millions de trolls sur Internet, qui affichent environ 488 millions de messages de fausse information ou de désinformation chaque année.

M. Lemish a déclaré que ces personnes tentent d’améliorer le classement de la publicité négative dans les résultats de recherche en commentant ces articles, en créant des liens vers eux et en les publiant sur les médias sociaux.

Par exemple, des articles sur Shen Yun se trouvant sur les sites Web des ambassades et consulats chinois apparaissent sur les premières pages des résultats de recherche, a-t-il dit.

« Ce ne sont pas des sites très populaires. [Ils] ne font pas d’affaires, ils n’ont pas de nouvelles », indique Leeshai Lemish. « Pourtant, ils sont très bien placés sur Google, c’est pour moi au-delà de toute explication. »

Le maître de cérémonie a ajouté : « Vous pensez, qui est si motivé, qui a le temps et l’énergie, qui n’est pas salarié, pour aller faire ça à si grande échelle ? »

Les trolls d’Internet ont également inondé les médias sociaux de commentaires négatifs sur Shen Yun, a ajouté M. Lemish, notamment sur Yelp, Facebook, YouTube et Instagram.

« C’est une tactique très courante », a-t-il dit, ajoutant qu’une bonne partie des commentaires est en « Chinglish », faisant référence à l’anglais approximatif utilisé par certains locuteurs natifs chinois.

Alexander M. Kehoe, expert en optimisation des moteurs de recherche et co-fondateur et directeur des opérations chez Caveni Digital Solutions, une entreprise de référencement et de marketing numérique, a déclaré à Epoch Times que les opérations des trolls chinois sur les médias sociaux se distinguent parce que les utilisateurs « ont du mal à agir comme les Occidentaux ».

« Les trolls chinois sur les médias sociaux sont vraiment flagrants », a expliqué M. Kehoe. « C’est presque comme s’ils suivaient exactement la ligne du Parti depuis la Chine. […] Aucun Américain ne parlerait comme ça. »

Alors que les trolls chinois suivent actuellement leurs homologues russes en termes d’efficacité, M. Kehoe affirme que « le gouvernement chinois est enfin en train de rattraper ces méthodes [utilisées par les Russes] ».

Il a ajouté que les trolls payés par l’État utilisent les médias sociaux pour pousser le contenu vers le haut et vers le bas dans les résultats des moteurs de recherche. Par exemple, l’affichage de commentaires négatifs ou controversés et le fait de ne pas aimer ou de rapporter des articles sur les médias sociaux peuvent faire descendre des articles dans les résultats, a indiqué M. Kehoe.

« Ce que [le régime chinois] est en train de faire, c’est essentiellement de faire pression sur ce qu’ils n’aiment pas sur les médias sociaux à l’extérieur du pays, parce qu’ils ont les ressources pour le faire », a-t-il remarqué.

Le contenu peut remonter dans les résultats de recherche Google s’il est lié par de nombreuses sources faisant autorité, a fait remarquer M. Kehoe, ajoutant que cela peut être manipulé par les acteurs étatiques et d’autres personnes souhaitant stimuler artificiellement un résultat.

« Les acteurs étatiques… ont les ressources nécessaires pour créer de faux [sites Web] ou de faire en sorte que tellement d’autres sites Web mettent des liens vers vous qu’il semble que vous faites autorité, même si c’est artificiel par opposition à ce qui organique », dit-il.

Il a déclaré que le régime chinois a récemment adopté de telles méthodes, ajoutant que même si l’exécution n’est pas aussi raffinée que celles faites par les campagnes russes, « je m’attends à ce qu’ils s’améliorent et que cela devienne plus difficile à repérer ».

En plus des campagnes de médias sociaux contre l’entreprise, la page Wikipédia de Shen Yun change « quotidiennement » pour inclure du matériel négatif, a constaté M. Lemish. Il s’agit d’une autre méthode bien connue utilisée par le régime pour calomnier ses critiques en ligne.

Le but, selon Leeshai Lemish, est de changer la perception que le public a de Shen Yun.

« Cela nous fait travailler beaucoup plus fort parce que la façon normale dont les gens découvrent les choses de nos jours [est] de faire une recherche sur Google et d’en entendre parler […] sur les médias sociaux », dit-il.

« Ils font vraiment un gros travail pour nous empêcher d’utiliser ces canaux et créer des impressions négatives sur les gens, pour nous empêcher de vendre les billets. »

Influencer l’opinion à l’échelle mondiale

Les tactiques utilisées contre Shen Yun convergent avec les efforts croissants du régime au cours des dernières années pour façonner les perceptions dans le monde entier par le biais d’opérations en ligne et des médias sociaux, a expliqué M. Lemish.

Plus tôt cette année, Twitter, Facebook et YouTube ont suspendu des centaines de comptes liés à une opération d’information du régime chinois visant à saper le mouvement de protestation à Hong Kong.

Sonny Lo, professeur de sciences politiques à l’université de Hong Kong, a déclaré dans le passé à Epoch Times que le régime exploitait les médias sociaux occidentaux afin de « gagner le cœur et l’esprit » des gens en dehors de la Chine.

Une enquête menée en octobre par le Wall Street Journal a révélé qu’une « armée de comptes de trolls pro-Chinois » a attaqué le directeur général des Houston Rockets, Daryl Morey, après qu’il a publié un tweet le 4 octobre pour soutenir les manifestants à Hong Kong.

Le Journal a analysé près de 170 000 tweets adressés à M. Morey dans la semaine qui a suivi son premier tweet, et a constaté que 22 % provenaient de comptes sans abonnés et 50 % de comptes avec moins de 13 abonnés – une caractéristique qui tend à indiquer une opération affiliée à un État. L’ « attaque troll » avait pour but de « manipuler la conversation au sujet des protestations de Hong Kong », selon le Journal.

La semaine dernière, Wang Liqiang, un homme qui prétend être un espion chinois qui a récemment demandé l’asile en Australie, a révélé qu’il a été impliqué dans une campagne en ligne pour attaquer le parti au pouvoir à Taïwan avant les élections de l’île en 2018, dans une tentative pour soutenir le parti de l’opposition favorable à Pékin.

M. Wang a déclaré que la campagne disposait de plus de 200 000 comptes de médias sociaux et de nombreuses autres pages de fans pour soutenir ses efforts.

Les attaques en ligne dirigées contre Shen Yun reflètent une préoccupation plus large concernant la suppression par le régime de la liberté d’expression en Occident, a déclaré M. Lemish à NTD.

Si quelqu’un va sur Internet pour faire des recherches sur ce qu’il veut aller voir, et que ce qu’il trouve en ligne « est biaisé à cause de ce que Pékin, avec ses milliards et milliards de dollars, est capable de faire, alors ils disent vraiment aux gens ce qu’ils peuvent et ne peuvent pas regarder », assure-t-il.

« Avons-nous la liberté de choisir ce que nous voulons aller voir ? »

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