Un auteur et ancien diplomate britannique prédit un « grand bond vers la liberté » pour la Chine

Par Adam Molon
11 juin 2021 19:30 Mis à jour: 11 juin 2021 19:30

Peu de personnes dans le monde peuvent dire qu’elles ont vu Mao Zedong en personne ou qu’elles ont dîné avec Deng Xiaoping.

Mais Roger Garside a fait les deux. En 1968, il a pris une photo du président du Parti communiste chinois (PCC) Mao Zedong sur la place Tiananmen, à une époque où très peu d’Occidentaux avaient accès à la Chine, et en 1977, il a dîné avec le futur dirigeant suprême de la Chine, Deng Xiaoping.

Dans une interview exclusive accordée à Epoch Times, M. Garside – ancien diplomate britannique et auteur d’un livre récemment publié dont le titre pourrait se traduire comme « coup d’État chinois : le grand saut vers la liberté » (China Coup : The Great Leap to Freedom) – a fait le bilan de plus de six décennies passées à suivre les événements en Chine et a partagé sa joie anticipée face à ce qu’il prédit être un changement capital dans ce pays, notamment un changement politique potentiel et une transition vers la démocratie.

Il a décrit en détail la violence insensée dont lui et d’autres diplomates ont été témoins en Chine à la fin des années 1960 pendant la turbulente Révolution culturelle, déclarant à Epoch Times : « Nous avons tous vu des choses terribles. »

Malgré ce qu’il a vu en Chine sous le règne de Mao et les événements qui se sont produits depuis, M. Garside a déclaré qu’il croyait – comme il l’explique dans son nouveau livre – que le règne à parti unique du PCC, qu’il qualifie de régime totalitaire, pourrait bientôt prendre fin. Il a noté qu’au fil des décennies, il a pu constater que le peuple chinois aspire à la liberté politique et sociale, ainsi qu’à un changement politique, que les États-Unis et leurs alliés peuvent l’aider à réaliser.

Après avoir fréquenté le pensionnat d’Eton College, M. Garside a été enrôlé dans l’armée britannique à l’âge de 18 ans et a été nommé officier à la fin des années 1950, servant à Hong Kong dans la brigade des Gurkhas, une unité composée principalement de soldats recrutés dans les collines du Népal.

« J’ai observé la Chine pour la première fois à travers une paire de jumelles de l’armée, de l’autre côté de la frontière entre Hong Kong et la Chine, à l’époque du Grand Bond en avant, lorsque, la nuit, dans la vallée en contrebas, des réfugiés fuyant la famine et la mort en Chine continentale tentaient de s’échapper vers la liberté de Hong Kong », a déclaré M. Garside à Epoch Times, en faisant référence à la période désastreuse de 1958 à 1962, au cours de laquelle Mao a tenté de réorganiser radicalement la société chinoise en communes et d’augmenter rapidement la production économique de la Chine grâce à une planification centralisée descendante.

Le Grand Bond en avant a entraîné une famine généralisée pour le peuple chinois, et on estime qu’il a causé des dizaines de millions de morts en Chine.

M. Garside a déclaré que, pendant l’année et demie qu’il a passée à Hong Kong en tant que soldat, il a développé une admiration et un respect pour les habitants de cette ville.

« J’ai vu leur esprit d’entreprise, j’ai vu leurs valeurs familiales… comment ils ont prospéré dans un régime de petit gouvernement », a-t-il déclaré.

Après avoir obtenu un diplôme de littérature anglaise à l’université de Cambridge à la suite de son service militaire, M. Garside décide de rejoindre le service diplomatique britannique.

« J’avais développé un grand goût pour les endroits lointains aux noms à consonance étrange », a-t-il déclaré.

De retour à Hong Kong, où il a suivi une formation de deux ans en mandarin, il a été affecté à la mission diplomatique britannique à Pékin de 1968 à 1970, au plus fort de l’hystérie observée pendant la Révolution culturelle chinoise.

Une photo du président du PCC, Mao Zedong, sur la place Tiananmen à Pékin, prise en 1968 par Roger Garside (Avec l’aimable autorisation de Roger Garside)

« Lorsque je suis arrivé [en Chine] en mai 68, la Révolution culturelle était encore en pleine effervescence », raconte Roger Garside. « La violence éclatait dans toute la Chine, il y avait des luttes de factions au niveau hiérarchique le plus bas. Même les personnes qui travaillaient dans l’épicerie de notre complexe diplomatique, les employés chinois, se laissaient entraîner à sortir et à défiler dans les rues ou même autour du complexe, en criant avec colère, en dénonçant la cible de la semaine : parfois l’impérialisme, parfois le révisionnisme soviétique, parfois des cibles domestiques. »

Il a décrit certaines des actions inquiétantes que le peuple chinois était incité à réaliser – au nom de la loyauté envers le Parti – par le PCC.

« Nous lisions de nombreuses histoires horribles de violence au sein des familles », a déclaré M. Garside, « alors que les enfants de la Garde rouge étaient excités, poussés, forcés, [pour] quelque raison que ce soit, à attaquer leurs grands-mères et à briser leurs bouddhas, peut-être même à rejoindre leurs camarades de classe pour traîner leurs grands-mères dans les rues derrière des charrettes ou à frapper des personnes âgées avec des ceintures dans les parcs. Nous avons tous vu des choses terribles. »

M. Garside a suggéré que si le peuple chinois était fouetté dans une frénésie par le PCC, à de nombreuses occasions, les personnes participant aux manifestations obligatoires feignaient des émotions qui n’étaient pas représentatives de leur véritable caractère.

« J’ai vu ces gens prendre part [aux manifestations]. […] Et j’ai comparé le comportement de ces personnes en public – l’expression de la colère, l’expression de l’indignation – avec les personnes qui travaillaient dans nos maisons comme domestiques, qui semblaient si différentes. Elles étaient personnellement gentilles, attentionnées, travailleuses », a déclaré M. Garside. « Et c’était comme si elles avaient deux visages, deux vies, deux personnalités. Et cela m’a beaucoup appris sur le talent d’acteur que le peuple chinois a dû développer sous le régime communiste. Je pense que c’est la plus grande nation d’acteurs au sens théâtral du terme.

« Leur vie même, leur liberté, dépendent de leur capacité à monter un spectacle, et ils le font sans la moindre hésitation. Ils ont été formés à cela dès l’école primaire. »

Après avoir terminé sa première affectation diplomatique à Pékin, Roger Garside a obtenu une maîtrise en sciences de la gestion au Massachusetts Institute of Technology (MIT), aux États-Unis, et a participé à la gestion du programme de prêts à la Thaïlande par la Banque mondiale à Washington.

« Lorsque je travaillais à la Banque mondiale, j’ai vu les tigres asiatiques se développer », a-t-il déclaré, faisant référence aux économies de la Corée du Sud, de Taïwan, de Singapour et de Hong Kong, qui, selon lui, étaient axées sur les exportations et alimentées par des secteurs privés dynamiques.

Le dynamisme des « quatre tigres asiatiques », comme ces nations sont souvent appelées collectivement, dans le contexte de leur croissance économique rapide des années 60 à 80, contrastait fortement avec la paralysie économique que M. Garside avait observée lors de sa deuxième affectation diplomatique à Pékin, de 1976 à 1979, caractérisée par une industrie d’État et une agriculture collectivisée.

M. Garside est arrivé pour cette deuxième mission en janvier 1976, une semaine seulement après la mort de Zhou Enlai, qui avait été premier ministre sous Mao. Il a constaté que les principaux dirigeants chinois étaient engagés dans une lutte de pouvoir entre factions à peine voilée entre les pragmatiques fidèles à Zhou et les révolutionnaires de gauche fidèles à Mao, qui allait mourir en septembre de la même année.

Roger Garside et ses filles en Chine en 1976 (Avec l’aimable autorisation de Roger Garside)

Fin 1977, Roger Garside a eu l’occasion de rencontrer et de dîner avec le futur dirigeant suprême de la Chine, Deng Xiaoping, alors qu’il gérait la visite de l’ancien Premier ministre britannique Edward Heath en Chine. Un détail mémorable de cette occasion est l’utilisation par Deng d’un crachoir, une habitude pour laquelle il était bien connu.

« Il y avait ces énormes crachoirs blancs émaillés, et il en avait un juste devant son fauteuil », a déclaré M. Garside. « J’avais entendu parler de ses crachats, alors [ça m’interpellait] chaque fois qu’il crachait donc je le remarquais, et chaque fois qu’il mentionnait l’Union soviétique, il crachait. »

Deng a atteint le sommet du PCC en 1978, et Roger Garside a assisté à une partie de la brève période de libéralisation politique naissante, de fin 1978 à 1979, connue sous le nom de Printemps de Pékin. L’une des principales caractéristiques du Printemps de Pékin était le « Mur de la démocratie », sur lequel le peuple chinois affichait ouvertement des dénonciations d’injustice et des appels à la démocratie qui étaient lus, discutés et débattus. Deng a d’abord soutenu le Mur de la démocratie, mais a lancé la première d’une série de répressions en mars 1979, peu après avoir déclaré dans un discours aux membres haut placés du PCC que le mouvement démocratique était « allé trop loin ».

À la fin de l’année 1979, la période du Printemps de Pékin était terminée.

Néanmoins, l’éphémère Printemps de Pékin avait fourni à M. Garside la preuve évidente d’un désir de liberté politique accrue au sein du peuple chinois. Peu après avoir quitté Pékin en janvier 1979, M. Garside écrit son premier livre, Coming Alive : China After Mao, qui décrit en détail cette période.

Son nouveau livre, publié cette année par l’University of California Press, porte sur l’avenir de la Chine. Dans China Coup, Garside décrit en détail sa vision selon laquelle, bientôt, avec l’aide des démocraties libérales utilisant des outils économiques pour faire pression sur le PCC, le peuple chinois sera en mesure de faire un « grand saut » vers la liberté et la démocratie.

« Nous avons de grands atouts économiques, que nous pouvons déployer afin de nous réunir avec ceux qui veulent le changement en Chine. Et en les utilisant de manière imaginative et audacieuse, à la fois de manière cumulative au fil du temps et de manière plus ciblée, à court terme […], nous pouvons créer les conditions dans lesquelles ceux qui veulent le changement en Chine peuvent agir », a déclaré M. Garside. « Ce techno-totalitaire[le PCC] dispose de grands instruments de contrôle, et il sera extrêmement difficile pour tout mouvement à l’intérieur de la Chine de réaliser la libération de la Chine sans aide extérieure. »

Roger Garside a souligné que le PCC constitue désormais une menace mondiale majeure pour la liberté. Il a ajouté que les États-Unis et leurs alliés vivent un « grand réveil » concernant la véritable nature du PCC.

« Nous nous sommes réveillés tardivement à la menace de la Chine. Mais pas trop tard. Nous sommes engagés dans un combat pour la liberté, un combat mondial pour la liberté », a déclaré M. Garside. « C’est une tâche complexe, plus complexe que ne l’était la lutte contre l’Union soviétique, car la Chine est si profondément imbriquée avec nous maintenant – économiquement et socialement. Nous ne pouvons pas nous contenter d’être sur la défensive. […] Nous devons être beaucoup plus actifs dans la poursuite du changement de régime. »

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