Gratitude pour « nos héros des Corbières » : « Ils nous ont sauvé beaucoup de choses »

Des pompiers boivent de l’eau à un poste de commandement à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse.
Photo: IDRISS BIGOU-GILLES/AFP via Getty Images
Les yeux cernés par des heures de combat contre le feu, le capitaine Julien Robinet se dit « heureux » d’exercer « le métier le plus aimé de France » et de sentir « chaque jour » la reconnaissance de la population des Corbières qui, comme à Talairan, accueille les soldats du feu qui ont sauvé leurs terres.
Les applaudissements, les dons en denrées alimentaires et les remerciements que le pompier venu d’Orléans reçoit « encore aujourd’hui » sont « toujours une fierté pour nous », dit-il à l’AFP.
La nuit tombe sur Talairan, quand les grandes tablées installées dans la cour d’école du village continuent d’être approvisionnées en pain, bouteilles d’eau et plats froids.
« Faites comme chez vous »
« Venez vous doucher chez moi », « Faites comme chez vous », « Installez-vous », peut-on entendre sous le préau de l’école, lorsque les pompiers arrivent en nombre pour manger, dormir ou encore se laver.

Des pompiers partagent un dîner de remerciement organisé par une école à Talairan (Aude) le 8 août 2025. (BERTRAND GUAY/AFP via Getty Images)
Ils arrivent harassés après avoir lutté des heures durant contre l’incendie qui a parcouru 17.000 hectares dans l’Aude. Depuis que le feu a été fixé, jeudi soir, les pompiers s’évertuent à sécuriser les 90 kilomètres de lisières et à arroser les points chauds susceptibles de réactiver les flammes.
Charlotte Deveze, secrétaire de l’association Sports et loisirs de la commune, coordonne l’arrivée de la nourriture apportée par les habitants et restaurateurs locaux, pour remercier « les pompiers comme on peut. »
« 7-8 heures de route de chez eux »
« C’était un gros incendie. On les voit comme des héros. En fait, nous, c’est nos héros des Corbières », s’exclame la jeune femme. « Il y en a qui sont à plus de 7-8 heures de route de chez eux. Et c’est notre seul moyen de les remercier », témoigne-t-elle auprès de l’AFP.
La famille de Julien Robinet, elle, se trouve à neuf heures de route. Mais il lui parle souvent et il se dit « fier » que ses deux enfants voient « qu’on aide les autres, parfois au détriment de toute sa famille ».

Des pompiers boivent de l’eau et se reposent sur un poste de commandement à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse. (IDRISS BIGOU-GILLES/AFP via Getty Images)
Quand le pompier en exercice depuis 1996 combat les flammes gigantesques dans l’Aude, son « esprit est occupé par le travail », raconte-t-il. Mais durant les temps de repos, il tient à rassurer sa famille, éloignée : « Ça peut toujours être un peu inquiétant de voir le feu à la télé, sans avoir de nouvelles ».
Vendredi soir à Talairan, Raymond Deveze, membre actif de chaîne humaine mise en place dès le début de l’incendie, tente de trouver un lieu où les soldats du feu pourront se reposer.

Des pompiers luttent contre un incendie à Tournissan, le 5 août 2025. (IDRISS BIGOU-GILLES/AFP via Getty Images)
« Ils nous ont sauvé beaucoup de choses »
Le président de l’association Sports et loisirs a créé des liens, dit-il, avec les pompiers qu’il côtoie à présent. « Ils nous ont sauvé beaucoup de choses », glisse M. Deveze.
Alors il s’énerve quand il voit que les soldats du feu « ont dû bosser comme des fous » parce « qu’ils manquent de moyens ». Et « dans une garrigue comme on a, dans les Hautes-Corbières, le feu mange tout », ajoute-t-il, « il faut plus de Canadairs ! »
S’il n’est « pas du coin », Julien Robinet sait lui aussi que la vitesse de propagation des flammes qu’il a affrontées s’explique par la sécheresse de la végétation.
« Il faudra, dans les années à venir, sur le territoire français, se préoccuper de cette eau » qui manque cruellement dans ce département, plaide le capitaine. « Il va falloir se poser la question : comment on trouve d’autres ressources en eau ? »

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