À la veille du cinquième anniversaire de la mise en œuvre de la Loi sur la sécurité nationale à Hong Kong par le Parti communiste chinois (PCC), un parti politique hongkongais créé il y a 19 ans, la Ligue des sociaux-démocrates (la Ligue), a tenu une conférence de presse le 29 juin, déclarant qu’il était « confronté à une pression politique énorme » et annonçant sa dissolution.
La Ligue était le seul parti prodémocratique encore actif à Hong Kong.
Interrogée par un journaliste sur la nature de la pression et sur le moment où elle a commencé, Chan Po-ying, présidente de la Ligue, a répondu : « J’ai déjà dit tout ce que je pouvais dire, et je ne peux pas donner plus de détails sur les raisons. »
Lorsque le journaliste a demandé si la raison pour laquelle elle n’avait pas donné plus de détails était liée à la législation subsidiaire de la Loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin, l’« ordonnance sur la sauvegarde de la sécurité nationale » (communément appelée article 23), Mme Chan a répondu : « Je pense que tout le monde comprend. »
Le gouvernement de Hong Kong a adopté cette ordonnance en mai dernier, laquelle stipule que lorsque le Bureau de la sécurité nationale du PCC à Hong Kong traite une affaire, personne n’est autorisé à divulguer des informations relatives à l’enquête.
Mme Chan a également déclaré que lorsque le Parti démocrate a été dissous en février dernier, la Ligue était le seul groupe politique démocratique à s’exprimer ouvertement. Elle a qualifié la situation de l’époque en ces termes : « Quand le nid est renversé, comment les œufs peuvent-ils rester intacts ? » Elle a ajouté que le gouvernement de Hong Kong avait transformé la loi en une arme contre les dissidents.
Bien que les dirigeants actuels de la Ligue aient pris soin d’éviter de franchir les lignes rouges du PCC, ils ont tout de même été fréquemment sanctionnés et le compte bancaire de la Ligue a été clôturé.
Elle a également précisé que la motion de dissolution avait été adoptée conformément aux procédures officielles. Il s’agit d’une décision unanime, a-t-elle ajouté, et il n’y a aucun compte bancaire ni actif à liquider. Le parti dispose encore d’une certaine somme d’argent, mais celle-ci doit être utilisée pour payer les impôts, a-t-elle déclaré.
Le PCC fait pression sur les partis démocratiques pour qu’ils se dissolvent
Après la mise en œuvre de la Loi sur la sécurité nationale à Hong Kong par le PCC le 30 juin 2020, les groupes politiques de Hong Kong ont été dissous sous la pression. En février de cette année, le Parti démocratique, le plus grand parti prodémocratique de Hong Kong, a annoncé sa dissolution. À ce moment-là, de nombreux médias ont rapporté que des « messagers » proches de Pékin avaient conseillé au parti de se dissoudre.
Le média hongkongais Sing Tao Daily a rapporté le 25 juin que, depuis le début de l’année, la Ligue a reçu des rappels de différents « messagers » lui demandant de mettre fin à ses activités avant le 1er juillet, date du 28e anniversaire de la prise de contrôle de Hong Kong par le PCC. Certaines personnes ont même indiqué au Sing Tao Daily que le parti avait des problèmes financiers et était soupçonné d’avoir enfreint la loi ; elles ont également mentionné que certains membres avaient franchi la ligne rouge en exprimant leurs revendications par le passé, et qu’il existait des risques juridiques.
Ce ne sera probablement pas la dernière organisation à se dissoudre « volontairement »
Fondée en 2006, la Ligue prône des luttes parlementaires plus « explicites » que les démocrates traditionnels. À ses débuts, elle était considérée comme une faction radicale parmi les groupes prodémocratiques.
Un incident bien connu est celui où Wong Yuk-man, son président fondateur, a jeté une banane sur Donald Tsang, alors chef de l’exécutif, en 2008, alors que celui-ci lisait le « discours sur la politique générale » devant l’Assemblée législative. Après la mise en œuvre de la Loi sur la sécurité nationale en 2020, la Ligue a continué à tenir des stands dans la rue et à organiser des manifestations à petite échelle.
Lors de la conférence de presse, Mme Chan a lu la déclaration de dissolution, rappelant que depuis sa création, la Ligue des sociaux-démocrates s’était positionnée comme une « force clairement d’opposition » luttant pour l’égalité politique et le suffrage universel par des moyens non violents tels que des pétitions, des manifestations et des référendums.
Le parti a exprimé son souhait de rendre le pouvoir politique et la répartition des ressources sociales aux citoyens ordinaires. Il a également fait campagne en faveur de diverses politiques de sécurité sociale, comme la protection universelle de la retraite et le salaire minimum.
« Au cours des deux dernières décennies, la Ligue des sociaux-démocrates a touours été présente et a participé activement à tous les grands mouvements sociaux et efforts de défense des politiques à Hong Kong, sans jamais s’absenter », a déclaré Mme Chan.
La Ligue était le seul parti prodémocratique encore actif, mais d’autres types d’organisations seront également touchés, a-t-elle laissé entendre.
« Sous l’effet domino, la Ligue des sociaux-démocrates ne sera pas la dernière à annoncer sa dissolution dite ‘volontaire’. »
Elle a exprimé sa conviction quant au fait que les membres de la Ligue continueront à briller pour leurs convictions dans divers domaines à Hong Kong.

L’ancien président condamné à une peine de prison
Leung Kwok-hung, surnommé Long Hair, ancien président de la Ligue et ancien membre du Conseil législatif, a été condamné à 6 ans et 9 mois de prison pour avoir participé aux élections primaires du Parti démocratique (« L’affaire des 47 personnes ») et accusé de « complot visant à renverser le pouvoir de l’État » en vertu de la Loi sur la sécurité nationale.
Mme Chan, l’épouse de M. Leung, a fait savoir qu’elle avait discuté avec lui dans sa cellule avant la dissolution et qu’il espérait que les membres de la Ligue resteraient en sécurité.
Jimmy Sham Tsz-kit, qui a été emprisonné pour l’affaire des élections primaires et libéré à la fin du mois dernier, a rappelé lors de la conférence de presse qu’il avait rejoint la Ligue en 2008, alors qu’il était encore étudiant et qu’il avait vu les membres fondateurs tenter d’établir des liens avec les groupes défavorisés. Il a déclaré qu’il était fier d’avoir rejoint la Ligue et qu’il espérait parcourir les derniers mètres avec le parti.
Raphael Wong Ho-ming, ancien président, a déclaré lors de la conférence de presse : « J’espère que la Ligue des sociaux-démocrates sera la dernière organisation civique à être dissoute. J’espère que nous n’aurons plus à avoir peur de parler et d’écrire, que nous n’aurons plus à craindre que quelqu’un frappe à notre porte à 6 heures du matin, que nous n’aurons plus à nous inquiéter des lettres anonymes et des appels téléphoniques. »
« J’espère qu’un jour, nous pourrons nous réunir librement, et que le restaurant où nous nous retrouverons ne subira pas de ‘dommages temporaires aux ustensiles’, que les chefs ne se disputeront pas tout à coup et que les centres commerciaux n’auront pas besoin d’être soudainement rénovés. J’espère qu’un jour, nous pourrons prendre un bulletin et nous rendre au bureau de vote pour exprimer notre vote sacré en faveur de ce en quoi nous croyons. »
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