Université Lumière Lyon 2
Université Lyon 2 : un enseignant liste sur Facebook vingt personnalités majoritairement de confession juive comme « génocidaires à boycotter »
Un professeur d'histoire médiévale de l'Université Lumière Lyon 2 se retrouve au cœur d'une tempête médiatique. En cause : une publication sur Facebook, datée du 20 septembre, dans laquelle l'enseignant-chercheur a dressé une liste de vingt personnalités publiques, majoritairement de confession juive, les qualifiant de "génocidaires à boycotter".

Un véhicule de police est garé devant l'université Lyon 2 à Lyon le 14 mai 2018, après l'annulation de la première journée d'examens dans cet établissement.
Photo: JEFF PACHOUD/AFP via Getty Images
Parmi les noms cités figurent des figures médiatiques connues du grand public : le présentateur Arthur, l’actrice Charlotte Gainsbourg ou encore le comédien Philippe Torreton. Chaque nom était accompagné d’une photographie, conférant à cette publication un caractère particulièrement accusateur.
Le contexte : Une lettre ouverte au président
Cette liste controversée intervient au lendemain d’une tribune collective parue dans les colonnes du Figaro. Les vingt personnalités visées avaient alors adressé une lettre ouverte à Emmanuel Macron, alors que ce dernier envisageait de reconnaître l’État palestinien au nom de la France. Leur demande portait sur deux exigences préalables : la libération immédiate de tous les otages détenus à Gaza et le démantèlement complet du Hamas.
C’est cette prise de position qui aurait déclenché la réaction de l’universitaire lyonnais, provoquant un tollé dans l’espace public et médiatique.
Une condamnation unanime des autorités
La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) a été la première à dénoncer cette publication, révélant son existence vendredi dernier. L’organisation n’a pas mâché ses mots, établissant un parallèle historique glaçant : « Faire des listes, comme on en faisait sous l’Occupation ». Pour la Licra, cet appel au boycott nominatif constitue une « provocation à la discrimination et à la violence ».
La direction de l’Université Lyon 2 a rapidement pris ses distances avec son enseignant. Dans un communiqué officiel publié sur le site de l’établissement, la présidence a exprimé une « condamnation avec la plus grande fermeté », soulignant que ces propos ne reflètent « aucunement » les valeurs universitaires. Tout en reconnaissant le droit fondamental à la liberté d’expression individuelle de son collègue, qui n’exerce « aucune fonction de représentation », l’institution se dit « très choquée » et annonce réfléchir aux « mesures qui s’imposent ».
Des réactions politiques virulentes
Le ministre de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, a immédiatement réagi sur les réseaux sociaux, apportant son « soutien aux personnes citées » et à tous ceux heurtés par cette liste.
Du côté politique, Laurent Wauquiez, chef de file des députés Les Républicains, a qualifié ce message de « proprement hallucinant ». Il y voit l’illustration de « l’antisémitisme ordinaire d’extrême-gauche dans nos universités », se disant conforté dans sa décision de suspendre les aides régionales à Lyon 2.
Une université déjà interpellée
Cette nouvelle affaire s’inscrit dans un contexte déjà tendu pour l’établissement lyonnais. En mai dernier, la Région Auvergne-Rhône-Alpes avait déjà gelé ses subventions après l’interruption violente d’un cours de Fabrice Balanche, spécialiste du Moyen-Orient, par des militants l’accusant de « sionisme ».
Plus récemment, une enquête pour apologie du terrorisme a été lancée suite à des déclarations favorables au Hezbollah attribuées à Willy Beauvallet-Haddad, ancien vice-président de l’université, qui a depuis démissionné de ses fonctions.
L’accumulation de ces incidents soulève des interrogations sur le climat régnant dans certains établissements d’enseignement supérieur français et la gestion des tensions liées au conflit israélo-palestinien.
Avec AFP

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