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Un général soudanais rejette le plan de cessez-le-feu soutenu par les États-Unis

L'émissaire américain Massad Boulos a appelé à un accord rapide sur une trêve humanitaire au Soudan.

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Un homme pose aux côtés de soldats de l’armée soudanaise à Salha, au sud d’Omdurman, le lendemain de la reprise de contrôle sur cette localité face aux Forces de soutien rapide (RSF), le 21 mai 2025.

Photo: Ebrahim Hamid / AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Un haut responsable militaire soudanais a rejeté une nouvelle proposition de cessez-le-feu soutenue par les États‑Unis et plusieurs partenaires moyen‑orientaux, accusant ce plan d’être partial dans la résolution du conflit civil.
Le général Abdel‑Fattah Burhan, commandant des Forces armées soudanaises (SAF), affirme que ce projet ne prenait pas en compte les préoccupations antérieures de Khartoum, alors que le conflit entre dans sa troisième année.
Dans une vidéo publiée le 23 novembre, le général Burhan qualifie la feuille de route avancée par les médiateurs américains de « pire proposition jamais reçue ».
« Elle prévoyait la dissolution totale de l’institution militaire et sécuritaire, tout en maintenant les milices », dénonce-t-il. « Si telle est la position du médiateur américain, cette médiation n’est donc pas neutre. »
Cette prise de position complexifie d’autant plus les efforts de Washington pour mettre fin à une guerre qui a causé des dizaines de milliers de morts et déplacé des millions de personnes depuis son déclenchement, en avril 2023, entre les SAF et les Forces de soutien rapide (RSF).
Les États‑Unis collaborent avec leurs partenaires du « Quad » — un groupe diplomatique informel réunissant l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis — afin de conduire le processus de paix négocié au Soudan, alors que la situation se détériore dans le pays.
Une étude réalisée en 2024 par le Groupe de recherche sur les maladies tropicales de l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres estime à plus de 61.000 les morts dans l’État de Khartoum seulement, tandis que les Nations Unies évaluent à plus de 12 millions les déplacés sur l’ensemble du territoire.
En septembre, le « Quad » proposait une trêve humanitaire de trois mois, suivie d’un cessez-le-feu permanent et d’une transition vers un pouvoir civil en neuf mois.
Khartoum avait rejeté le plan, accusant les médiateurs de négliger la question de sa souveraineté.

Les médiateurs relancent les discussions

Le 12 novembre, le conseiller américain pour les Affaires arabes et africaines, Massad Boulos, a exhorté les deux parties à adopter la nouvelle trêve humanitaire, alertant sur le fait que la souffrance des civils avait atteint des « niveaux catastrophiques ».
« La souffrance des civils atteint désormais des niveaux catastrophiques, des millions de personnes étant privées de nourriture, d’eau et de soins médicaux », déclare-t-il sur X. « Un texte fort pour une trêve a été présenté. »
M. Boulos a mené l’action diplomatique américaine dans la région, multipliant les entretiens début novembre avec le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, et des responsables de la Ligue arabe au Caire ; il a plaidé pour un accès humanitaire et la reprise des négociations.
Ces discussions ont suivi l’attaque du 28 octobre dans la ville d’el‑Fasher, au Darfour, où l’Organisation mondiale de la santé a affirmé que les combattants RSF avaient tué plus de 460 personnes à l’Hôpital de la maternité saoudien. Les RSF ont nié l’accusation.

La question des acteurs extérieurs

Washington avertit que le soutien militaire extérieur tenait le conflit dans la durée.
Le 19 novembre, M. Boulos précise qu’avec le secrétaire d’État Marco Rubio, il œuvre pour empêcher l’entrée d’armes étrangères et obtenir une trêve humanitaire.
« Sous l’autorité du président Trump, nous agissons aux côtés de nos partenaires pour faciliter une trêve humanitaire et mettre fin à l’apport d’armes étrangères au conflit », déclare-t-il sur X.
Les Forces de soutien rapide ont annoncé, le 6 novembre, un cessez-le-feu unilatéral, mais M. Rubio constate six jours plus tard que le groupe n’avait « aucune intention » de le respecter.
Il accuse alors des gouvernements non nommés d’assurer le financement de la RSF et de permettre des transferts d’armes.
En septembre, le gouvernement soudanais accuse les Émirats arabes unis d’avoir fourni des armes aux RSF.
Abou Dhabi dément formellement, qualifiant ces allégations d’« totalement fausses » et « sans fondement ».
M. Burhan annonce que le Soudan n’acceptera pas la participation de l’émirat au sein du « Quad », estimant qu’Abou Dhabi ne saurait être un médiateur impartial.
« Le monde entier sait qu’ils soutiennent les rebelles, comment pourraient-ils être médiateurs ? », demande-t-il dans sa vidéo du 23 novembre.
Il exige que toute négociation suive la feuille de route de l’armée soudanaise, soulignant qu’aucun accord politique ne saurait préserver la RSF.
« Je veux que chacun sache que toute négociation qui n’aboutit pas à l’élimination de cette milice est nulle », conclut M. Burhan.
Evgenia Filimianova est une journaliste basée au Royaume-Uni qui couvre un large éventail de sujets nationaux, avec un intérêt particulier pour la politique britannique, les procédures parlementaires et les questions socio-économiques.

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