Un homme trouve un détonateur non déclenché à 2,5 km d’East Palestine où a déraillé le train rempli de produits chimiques

Par Jeff Louderback
23 février 2023 16:24 Mis à jour: 23 février 2023 16:39

De nombreux habitants vivant à quelques kilomètres du site ou le train de la Norfolk Southern Railway a déraillé le 3 février, ont été évacués. Ensuite, le 6 février, la compagnie ferroviaire a procédé à une « libération contrôlée » (combustion en plein air) du chlorure de vinyle toxique contenu dans cinq wagons. Jerry Corbin vit à Darlington Township, à environ 2,5 km des lieux. Il a dû provisoirement quitter sa maison.

Lorsqu’il est rentré chez lui, deux surprises l’attendaient. Premièrement, des cendres noires recouvraient sa cour et son toit. Deuxièmement, une « amorce qui n’avait pas encore détoné » a atterri dans un pâturage près de sa maison.

Le soir du 3 février, un train de la Norfolk Southern transportant 151 wagons a déraillé à East Palestine, un village de 4761 habitants situé dans l’est de l’Ohio, au niveau de la frontière avec la Pennsylvanie.

Selon le National Transportation Safety Board (NTSB), « 38 wagons ont déraillé, et un incendie s’est déclaré, qui a endommagé 12 autres wagons ».

Parmi les wagons qui ont déraillé, 11 contenaient des matières dangereuses, a précisé le NTSB.

Cherchant à éviter une explosion, la Norfolk Southern a décidé de libérer et de brûler le chlorure de vinyle de cinq wagons, ce qui a envoyé des flammes et une épaisse fumée noire dans le ciel.

M. Corbin pense que l’amorce munie d’un fil et remplie de coton devait être utilisée pour faire exploser les wagons lors de l’incendie contrôlé.

« Ce n’est pas très gros. Ça vous ferait sauter la main. J’ai contacté quelqu’un de l’armée et je lui ai posé des questions à ce sujet. Il m’a dit qu’il ne fallait pas qu’il y ait d’électricité statique autour, qu’il ne fallait pas la laisser tomber. »

Le chlorure de vinyle est un produit chimique utilisé pour fabriquer des tuyaux en PVC et d’autres produits. Le National Cancer Institute note que le chlorure de vinyle est associé à des cancers du cerveau, des poumons, du sang, du système lymphatique et du foie.

D’autres wagons contenaient de l’éther monobutylique d’éthylène glycol, de l’acrylate d’éthylhexyle, de l’isobutylène et de l’acrylate de butyle, qui sont tous utilisés dans la fabrication de produits en plastique.

« La nuit de l’accident, ma femme et moi roulions vers East Palestine pour aller au magasin, et nous avons vu le feu et la fumée », explique M. Corbin. « Je souffre d’asthme, donc avant même qu’il y ait un ordre d’évacuation, nous avons fait quelques bagages et sommes allés dans un hôtel loin de la zone. »

Avant l’incendie contrôlé, le gouverneur de l’Ohio, Mike DeWine, a exhorté les habitants d’une zone de 1,5 km sur 3 km entourant East Palestine (à cheval entre l’Ohio et la Pennsylvanie) à évacuer.

Le gouverneur DeWine a décrit l’urgence comme une « question de vie ou de mort ».

Trois jours plus tard, Mike DeWine a tenu une conférence de presse annonçant que l’ordre d’évacuation était levé et que les habitants pouvaient rentrer chez eux. Les trains de la Norfolk Southern ont repris leurs trajets via East Palestine, et les responsables fédéraux et de l’État ont déclaré que des tests avaient montré que l’air et l’eau étaient sûrs.

Jerry Corbin (Avec l’aimable autorisation de Jerry Corbin)

Jerry Corbin et sa femme sont rentrés chez eux le 9 février, jour de son 73e anniversaire.

Lors d’une première conversation téléphonique, l’Environenmental Protection Agency (EPA) a déclaré que les cendres présentes sur la propriété de M. Corbin ne provenaient pas du déraillement.

« Ils ont ensuite envoyé des gens sur place, et ils ont été étonnés de ce qu’ils ont vu », a déclaré M. Corbin, ajoutant que les représentants de l’EPA ont prélevé des échantillons de cendres avant de partir.

« Quelques jours plus tard, d’autres personnes de l’EPA sont passées et ont pris d’autres échantillons. Je leur ai demandé de me faire savoir ce que contiennent ces cendres avant de planter notre jardin. Nous n’avons plus entendu parler d’eux depuis. »

La Norfolk Southern est désormais sous enquête concernant de nombreux aspects du déraillement, notamment la décision de libérer le chlorure de vinyle.

Une action en justice déposée la semaine dernière devant le tribunal de district des États-Unis par Morgan & Morgan allègue que la compagnie a déversé plus de 500.000 kilos de chlorure de vinyle dans les environs durant la combustion contrôlée.

La combustion du chlorure de vinyle crée du gaz phosgène, un agent chimique utilisé par les Allemands pendant la Première Guerre mondiale et interdit par la Convention de Genève.

« La Norfolk Southern a fait des trous dans ses wagons de chlorure de vinyle et a déversé 1.109.400 lb de chlorure de vinyle cancérigène directement dans l’environnement », affirme l’action en justice.

Lors d’une interview télévisée le 21 février, le PDG de Norfolk Southern, Alan Shaw, a défendu la décision de procéder à la combustion contrôlée.

« J’étais au commandement et je peux vous dire que les gouverneurs de l’Ohio et de la Pennsylvanie, le maire [d’East Palestine] Conaway, le chef des pompiers [d’East Palestine] Keith Drabick, la Garde nationale et Norfolk Southern étaient d’accord », a déclaré M. Shaw. « L’incendie contrôlé et la libération contrôlée étaient les mesures les plus sûres pour les citoyens d’East Palestine. »

Le détonateur non déclenché (Avec l’aimable autorisation de Jerry Corbin)

Selon Jerry Corbin, les cendres éparpillées dans sa cour et cette amorce dangereuse témoignent du manque de prudence de cette opération de combustion contrôlée.

C’est un voisin lui a montré l’amorce non détonée, a-t-il expliqué.

« Je l’ai mis dans un seau, et j’ai mis ce seau dans un autre seau, puis je l’ai mis dans un hangar dans mon jardin », a déclaré Corbin. « Ceci, et les cendres, sont la preuve que la combustion contrôlée n’était pas aussi sûre qu’ils le disent.

« Je veux savoir ce qu’il y a dans les cendres, si mon sol est contaminé, et je veux que cela sorte de ma propriété », a ajouté M. Corbin. « Ce n’est pas moi qui l’ai mis là. C’est la Norfolk Southern qui l’a mis là. Ils devraient l’enlever. Nous ne devrions pas avoir à vivre dans ces conditions, en nous demandant si nous pouvons ou non respirer l’air, planter notre jardin, ou même prendre une douche. »

M. Corbin est une personnalité de la radio pour WXED 107.3 FM à Ellwood City, en Pennsylvanie, et l’auteur de « Family Gold », un livre qui relate une histoire de la guerre civile.

« Mes maux de tête, ma gorge douloureuse, ma toux et mes nerfs sont tels que je ne suis plus en mesure d’écrire depuis l’explosion du train. Beaucoup d’entre nous sont incapables de travailler, ce qui nous coûte de l’argent. L’anxiété de devoir gérer cela au quotidien est frustrante, et nous avons besoin d’aide. »

Les travaux de nettoyage du déraillement autour d’East Palestine produisent « beaucoup de poussière dans l’air, et celle-ci est peut-être contaminée. »

« Le soir, beaucoup d’entre nous sentent la fumée provenant des épaves. Nous ne savons pas ce qu’ils font, mais c’est inquiétant. »

M. Corbin pense que la Norfolk Southern devrait proposer une solution si le sol se révèle être contaminé par des produits chimiques toxiques.

« Ils ne cessent de nous dire que l’eau et l’air sont sains, mais les gens tout autour d’ici se sentent malades. Ils ne nous ont pas donné de réponses concernant le sol, ni même testé notre sol. Si le sol est contaminé ici, nous méritons de le savoir. Si c’est le cas, ils devraient acheter notre propriété pour que nous puissions nous relocaliser dans un endroit sûr. »

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.