Une statue du XVIIIe siècle est ornée d’un filet délicat taillé dans un seul bloc de marbre

Par Louise Chambers
26 mars 2023 18:45 Mis à jour: 26 mars 2023 18:45

Une statue de marbre sculptée au XVIIIe siècle est devenue célèbre dans le monde entier pour une caractéristique « irréalisable » : un filet de pêche délicatement drapé, comprenant des nœuds soigneusement confectionnés, réalisé à la main entièrement en marbre, qui semble si authentique qu’il pourrait être réel.  

« Il Disinganno » (« La Désillusion »), ou « La délivrance des péchés », est l’œuvre majeure de l’artiste génois Francesco Queirolo, l’un des plus grands artistes italiens du XVIIIe siècle. La statue représente un ange debout sur un globe, une Bible à ses pieds, qui aide un pêcheur à se libérer d’un filet de pêche emmêlé. À première vue, le filet semble être fait de vraies fibres de corde. En y regardant de plus près, on s’aperçoit qu’il est sculpté dans un seul bloc de marbre. Queirolo a mis sept ans à le réaliser.

La statue commandée a été achevée en 1753 pour un noble italien, Raimondo di Sangro, afin d’être exposée dans la chapelle rénovée de Sansevero à Naples, qui était le lieu de sépulture de sa famille.

« La Désillusion » (« Il Disinganno »), ou « La délivrance des péchés », de l’artiste génois Francesco Queirolo. (Avec l’aimable autorisation de Ph. Marco Ghidelli/Archivio Museo Cappella Sansevero)
(Avec l’aimable autorisation de Ph. Marco Ghidelli/Archivio Museo Cappella Sansevero)

Le granit et le marbre sont des matériaux imprévisibles et notoirement plus difficiles à sculpter que la stéatite et l’albâtre, de sorte, cette statue de marbre détaillée témoigne de l’habileté de l’artiste.

Les tailleurs de pierre du XVIIIe siècle disposaient de ciseaux à dents, de ciseaux à pointe, de perceuses et de râpes pour travailler le marbre, mais même ainsi, chaque éclat du bloc de marbre augmentait le risque de commettre une erreur irréparable.

Queirolo travaillait seul, mais ce n’était pas forcément ce qu’il préférait : son projet était considéré comme trop délicat. Selon le musée de la chapelle Sansevero, même les sculpteurs les plus experimentés refusaient de toucher le filet délicat au risque de le brisait entre leurs mains.

(Avec l’aimable autorisation de Ph. Marco Ghidelli/Archivio Museo Cappella Sansevero)
(Avec l’aimable autorisation de Ph. Marco Ghidelli/Archivio Museo Cappella Sansevero)
(Avec l’aimable autorisation de Ph. Marco Ghidelli/Archivio Museo Cappella Sansevero)

Le philosophe italien du XVIIIe siècle Giangiuseppe Origlia a décrit la statue comme « la dernière et la plus difficile épreuve à laquelle la sculpture en marbre puisse aspirer. »

Trois siècles plus tard, le travail laborieux de Queirolo reçoit toujours l’attention qu’il mérite. Pourtant, Il Disinganno est bien plus qu’une démonstration de savoir-faire. La statue a une signification à la fois biblique et non religieuse.

Le filet du pêcheur est allégorique et symbolise le péché. L’ange libère l’homme du filet, mais il le libère aussi du péché et lui montre le chemin du Seigneur. La Bible s’ouvre sur le passage suivant, traduit du latin : « Je briserai ta chaîne, la chaîne des ténèbres et de la longue nuit dont tu es l’esclave, afin que tu ne sois pas condamné avec ce monde. »

Les sculptures en marbre du musée de la chapelle Sansevero à Naples. (Avec l’aimable autorisation de Ph. Marco Ghidelli/Archivio Museo Cappella Sansevero)

Le musée de la chapelle Sansevero explique que la statue a également une signification profane : une flamme au sommet de la couronne de l’ange représente l’intellect, et le globe représente les passions terrestres. On a également supposé que la Bible ouverte représentait l’une des trois « grandes lumières » de la franc-maçonnerie.

Le marbre réfractant la lumière émet une douce lueur lorsqu’il est poli, ce qui accentue le sujet de la statue, celui de la bataille entre la lumière et l’obscurité.

Il Disinganno a été commandé par di Sangro en hommage à son père, le duc de Torremaggiore, qui est mort en tant que prêtre après une vie mouvementée. L’incroyable travail de Queirolo stupéfie encore aujourd’hui les touristes, mais ce n’est pas le seul chef-d’œuvre de la chapelle Sansevero.

La chapelle abrite un total impressionnant de 30 œuvres d’art, dont deux sculptures aux détails similaires, « Le Christ voilé » de Giuseppe Sanmartino et « La Vérité voilée » d’Antonio Corradini. Toutes deux ont également été achevées au début des années 1750.

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