Véronique Monguillot pointe une «France à la dérive» alors que le procès pour le meurtre de son mari, chauffeur de bus lynché à Bayonne, débute

Par Emmanuelle Bourdy
15 septembre 2023 19:59 Mis à jour: 15 septembre 2023 19:59

Ce 13 septembre sur CNews, Véronique Monguillot, la veuve du chauffeur de bus tué à Bayonne en 2020, s’est exprimée. Le procès des deux hommes impliqués dans cette affaire s’ouvre ce vendredi 15 septembre devant la cour d’assises des Pyrénées-Atlantiques.

Les deux hommes de 25 ans, accusés d’avoir battu à mort Philippe Monguillot à Bayonne le 5 juillet 2020, sont actuellement jugés devant la cour d’assises de Pau. La veuve du chauffeur de bus attend ce procès depuis trois longues années et espère que la justice fera son travail. Elle s’est confiée au micro de CNews, sur le plateau de Punchline.

« Comme si on souffrait pas assez »

« Moi personnellement, j’ai l’impression d’être laissée à quai comme on dit. […] J’ose espérer que la justice …. Je veux y croire encore. Je veux y croire encore. On est laissé quand même de côté, c’est vrai, surtout quand on entend une requalification comme on a entendu… On se dit : ‘qu’est-ce qu’on a fait pour mériter ça ? » a d’abord expliqué la veuve face à Laurence Ferrari.

« Comme si on souffrait pas assez », a-t-elle poursuivi, à propos de cette requalification des faits. Les deux hommes sont en effet jugés pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner », ainsi qu’avait tranché en septembre 2022 la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Pau. À l’origine, le parquet de Bayonne, lui, défendait la qualification de « meurtre aggravé » et avait fait appel.

« Ce n’est pas mon monde. Mon monde, c’est les bisounours, façon de parler puisque tout le monde connaît cette expression. Je veux dire mon monde à moi c’est une vie normale, tranquille. Bon, tout ça, c’est fini hein, il n’y a plus rien de toutes manières, depuis trois ans il n’y a plus rien », s’est-elle désolée. « Qu’on nous laisse tranquille en fait », a-t-elle encore lancé, avant de poursuivre : « Je n’ai pas commencé mon deuil. Mon deuil, je le commencerai… parce que la justice va m’aider, et je le terminerai quand j’aurais rejoint mon époux. » Et si le procès va en appel, cela va proroger la douleur de cette famille. « La douleur sera prolongée, on le sait, on en est conscient », a-t-elle souligné, avant de rebondir sur cette hausse de la délinquance à laquelle le pays fait face.

« Je suis atterrée de voir tout ce qui se passe »

« La France est à la dérive, et je ne suis pas la seule à le penser », a exprimé la veuve de Philippe Monguillot, qui désormais « évite d’allumer la télé », les informations regorgeant de « catastrophes ».

« Ça me marque tout ça et je me dis : ‘mais comment a-t-on pu en arriver là ?’ Et quand je vois les Fêtes de Bayonne, en parlant de ma ville, un monsieur qui rentre chez lui à 22 h 30 et qui demande ‘vous n’urinez pas devant ma porte’, il trouve la mort ! » s’est encore désolée la mère de famille, faisant référence au meurtre de Patrice Lanies, un Bayonnais de 46 ans agressé dans la soirée du 26 juillet dernier par trois hommes.

« Je suis atterrée de voir tout ce qui se passe, d’entendre tout ce que j’entends. […] Mais comment peut-on laisser faire tout ça ? » s’est demandé Véronique Monguillot, consciente qu’un cap a été franchi dans la violence. Expliquant être Bayonnaise, elle a précisé que jamais de la vie, elle n’aurait pu imaginer « qu’un tel drame se produise à Bayonne, comme le 5 juillet 2020 », et puis « finalement c’est partout, et c’est toute population ».

« J’en veux à l’État français mais je ne vais pas m’éterniser là-dessus »

« Maintenant il y a les chauffeurs de bus, il y a la police, il y a les pompiers, il y a les maires, le personnel médical… enfin tout le monde. Où on va? » s’est-elle encore interrogée. Déclarant en vouloir à l’État français, elle n’a pas souhaité s’éterniser sur ce sujet.

Les deux individus jugés lors de ces cinq jours d’audience, qui sont en état de récidive légale en raison de condamnations délictuelles antérieures, encourent la réclusion criminelle à perpétuité, avec la circonstance aggravante que Philippe Monguillot était une personne chargée d’une mission de service public. Un troisième individu, âgé de 43 ans, comparaît lui aussi pour avoir logé les deux agresseurs présumés après les faits, ayant permis ainsi aux deux suspects de se soustraire temporairement aux recherches de police.

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