Virus: des couturières du Liban reconverties dans la confection de sacs mortuaires

Par Epoch Times avec AFP
17 février 2021 15:29 Mis à jour: 17 février 2021 15:29

Dans un atelier du Liban, Oum Omar se souvient de l’époque pas si lointaine où ses couturières confectionnaient uniformes scolaires et habits de fêtes. Aujourd’hui, penchées sur leur machine, elles fabriquent des sacs mortuaires pour les victimes du coronavirus.

Depuis le début de la pandémie, le petit pays de six millions d’habitants a recensé plus de 343.000 cas de Covid-19, dont 4.092 décès. Des records ont encore été battus en début d’année, avec des décès quotidiens frôlant parfois la centaine.

« Avant, nous cousions des vêtements de fêtes, des tenues pour pèlerins ou des uniformes d’écoliers. On apportait de la joie aux cœurs », regrette Oum Omar, 53 ans dont 27 à travailler dans cet atelier de couture à Saïda, ville du sud.

Passer de la joie à la tristesse

« Maintenant nous sommes obligées de faire ce travail », confie celle qui supervise l’atelier. « Nous sommes passées de la joie à la tristesse ».

-Un homme mesure un tissu pour fabriquer des sacs mortuaires pour les victimes de Covid-19 dans l’usine de couture de l’institution al-Oum à Saida au sud de Beyrouth le 16 février 2021. Photo de Joseph Eid / AFP via Getty Images.

Autour d’elle, sous la lumière blafarde des néons, des couturières au visage protégé par un masque sanitaire s’activent à assembler des sacs mortuaires noirs sous l’aiguille de leurs machines à coudre. Elles en font une vingtaine par jour.

Leur produit fini ressemble aux housses de protection pour vêtements. Mais il sert à transporter le corps des personnes ayant succombé au coronavirus.

Répondre au besoin actuel

Avec le bourdonnement saccadé des machines à coudre en fond sonore, un jeune homme s’aide d’un mètre jaune en bois pour tracer à la craie des mesures sur le tissus noir rêche étalé sur une table.

Sur certaines machines inutilisées, des bobines de couleur -bleu, vert, gris- sont toujours en place.

« Ca nous coûte psychologiquement de faire ce travail » mais il faut répondre « au besoin actuel du marché », poursuit Oum Omar. La hausse des « décès a entraîné une hausse de la demande ».

-Une couturière coud un sac mortuaire pour les victimes de Covid-19, à Saida au sud de Beyrouth le 16 février 2021. Photo de Joseph Eid / AFP via Getty Images.

La flambée des cas de coronavirus en janvier a été largement due à l’assouplissement des restrictions pendant les fêtes de fin d’année mais aussi à la propagation de variants plus contagieux.

Chambouler l’activité de plusieurs ateliers

L’arrivée de la pandémie il y a un an au Liban a chamboulé l’activité de plusieurs ateliers. Des couturières se sont également mises à confectionner des uniformes pour le personnel médical ou pour des patients hospitalisés, mais aussi des masques de protection en tissu.

Après réception de ses premières doses du vaccin Pfizer/BioNTech, le Liban a entamé dimanche sa campagne de vaccination avec pour objectif l’immunisation de plus de la moitié de la population d’ici fin 2021.

Oum Omar espère que cette page sombre sera tournée rapidement pour que ses couturières retrouvent leur « travail habituel » et que les gens puissent « souffler un peu ».

Mais, prévient-elle, « ils devront faire plus attention, sinon nous serons contraintes de renouer avec ce genre de couture ».

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