« Visage Ozempic » : pourquoi la perte de poids rapide peut vieillir votre visage

Cela fait des décennies que Carole Maggio a commencé à apprendre à ses clientes de spa à muscler leur visage pour inverser les signes du vieillissement.

Aujourd’hui, les agonistes des récepteurs GLP-1 supplantent les dégâts du soleil comme principal facteur incitant à pratiquer ces exercices faciaux, qu’elle appelle le « facercise ». Elle reçoit de plus en plus de patientes sous traitements amaigrissants qui présentent les signes typiques du « visage Ozempic » : peau relâchée, joues et yeux creusés, rides accentuées.

Elle raconte que beaucoup de personnes disaient vouloir seulement perdre 5 kilos, mais en perdaient 15. « Elles se laissent entraîner et, dans leur esprit, plus c’est mieux. Au final, elles paraissent beaucoup plus âgées », a expliqué Carole Maggio à Epoch Times.

Selon les experts, le « visage Ozempic » peut être évité grâce à une perte de poids plus progressive.

Il existe aussi des solutions non invasives — approches holistiques comme celles de Carole Maggio et divers types d’injections — pour prévenir ou corriger le relâchement cutané.

Qu’est-ce qui provoque le « visage Ozempic » ?

Les patients qui prennent des agonistes des récepteurs GLP-1 perdent en moyenne 7 % de leur volume facial pour chaque 10 kilos perdus, surtout au niveau des coussinets graisseux du tiers moyen du visage — joues, zones autour du nez, de la bouche et des tempes —, selon une étude publiée dans Otolaryngology—Head and Neck Surgery qui a quantifié le phénomène du « visage Ozempic ». Le volume graisseux contribue à l’aspect jeune d’un visage.

Différents facteurs influencent ces changements, notamment la perte rapide de nutriments, de vitamines et d’acides gras qui constituent les briques du collagène et de l’élastine, véritables armatures de la fermeté cutanée. Les traitements GLP-1 peuvent aussi perturber la barrière cutanée et causer une peau sèche et terne. Les auteurs notent que les essais cliniques sur ces médicaments signalent rarement la fonte graisseuse du visage comme effet indésirable.

« Pour cette raison, les prescripteurs informent rarement leurs patients avant traitement des possibles modifications esthétiques du visage. »

Le « visage Ozempic » peut affecter l’ensemble du visage, explique le chirurgien plasticien Dr John Burns. Voici certains changements possibles :

• Rides accentuées autour des yeux, du front et de la bouche.

• Yeux creusés ou enfoncés.

• Joues ou tempes creuses.

• Relâchement cutané et bajoues le long de la mâchoire.

• Plis nasogéniens et lignes marionnettes accentués.

• Lèvres amincies, allongement de la lèvre supérieure.

• Structures osseuses plus visibles, perte de volume et de rondeur.

• Apparition du muscle platysma au niveau du bas du visage et du cou.

Un nouveau nom pour un vieux problème

Visages creusés, accentuation des rides et relâchement cutané ne sont pas nouveaux : ce phénomène a seulement gagné un nom en raison de sa prévalence croissante avec l’usage des traitements GLP-1, souligne la dermatologue Brooke Jeffy.

« On observe exactement les mêmes changements chez une personne qui maigrit rapidement pour d’autres raisons, par exemple après une chirurgie bariatrique », a-t-elle confié à Epoch Times.

Le « visage Ozempic » illustre un phénomène universel : le vieillissement. « Avec l’âge, nous perdons du collagène et de l’élastine dans la peau ; si l’on ajoute à cela la fonte graisseuse faciale et la perte de tonicité musculaire, l’effet combiné est marqué », note le Dr Burns. « La quantité de poids perdu compte aussi : 10 kilos, ce n’est pas la même chose que 45. »

Les traitements du « visage Ozempic »

Plusieurs options existent, allant des méthodes douces à la chirurgie plastique.

Exercices faciaux

Carole Maggio propose 13 exercices quotidiens, pour un total de 14 minutes par jour.

Le programme cible les sept signes de l’âge — également observés dans le « visage Ozempic » : sourcils tombants, paupières lourdes, défauts du nez, relâchement de la mâchoire, double menton, lèvres fines, joues plates et affaissées. Avec les doigts utilisés comme contrepoids et un travail musculaire jusqu’à ressentir la brûlure de l’acide lactique, sa méthode vise à tonifier et à rehausser les traits.

Quelques exemples :

• Rehaussement des joues : sollicite le muscle buccinateur, donnant du relief au visage.

• Ouverture des yeux : renforce l’orbiculaire et le releveur de la paupière supérieure, muscles responsables des paupières tombantes.

• Tonification des lèvres : mobilise tous les muscles de la bouche pour lisser les rides et repulper les lèvres.

• Coin des lèvres relevé : permet de remonter les commissures.

Les exercices n’agissent pas sur la graisse, mais ils peuvent prévenir l’atrophie musculaire. Selon le Dr Burns, tonifier le visage aide aussi à recréer du volume musculaire : « Je pense qu’animer son visage et utiliser ces muscles plus vigoureusement est bénéfique. »

Injections de comblement (fillers)

Pour des résultats plus rapides, diverses procédures injectables permettent de restaurer le volume.

Les fillers synthétiques peuvent être éphémères (6 à 18 mois) ou bio-stimulants, incitant le corps à produire du collagène et du tissu cicatriciel, et durer 2 à 3 ans, voire plus, précise le chirurgien plasticien Dr Robert Bonillas.

Les plus courants :

• Acide hyaluronique : naturellement présent dans la peau, il maintient l’hydratation et le volume. Injecté en gel, il dure 6 à 12 mois.

• Hydroxylapatite de calcium : surtout présent dans les os, plus épais que l’acide hyaluronique, il dure jusqu’à 12 mois.

• Polyméthylméthacrylate : substance synthétique et biocompatible, sous forme de micro-billes sous la peau. Soutien durable, contient aussi du collagène.

Acide poly-L-lactique :

Injections de graisse autologue

Procédure plus invasive, elles nécessitent une chirurgie mais les résultats peuvent durer des années. La graisse est prélevée par liposuccion sur une autre zone du corps, purifiée puis injectée dans les tempes, les joues, les paupières inférieures et autres zones.

« Ces injections fonctionnent assez bien, sauf si les patients subissent une perte de poids sévère qui entraîne une fonte importante des graisses. Dans ce cas, la graisse finit par se résorber avec la poursuite de l’amaigrissement », a expliqué le Dr Bonillas à Epoch Times. Les fillers peuvent donc être préférables si le poids du patient n’est pas encore stabilisé.

La plupart des liftings incluent d’ailleurs des injections de graisse ou des fillers, car un lifting seul ne compense pas la perte de volume, il ne fait que retendre la peau. Stabiliser son poids avant une chirurgie invasive est recommandé.

Le lifting peut aussi inciter à adopter un mode de vie plus sain pour préserver le résultat, note Brooke Jeffy : « Si vous voulez conserver cet effet, vous devez en prendre soin. Vivre en bonne santé n’est pas toujours facile : il faut parfois faire des choix plus exigeants. »

Un visage sain passe par une vie saine

Comme le « visage Ozempic » peut résulter d’une perte rapide de nutriments, de vitamines et d’acides gras qui soutiennent le collagène et l’élastine, une alerte parue dans Facial Plastic Surgery recommande de réduire ce risque en privilégiant une alimentation riche en protéines, en vitamine C, en antioxydants et en minéraux.

Pour prévenir le vieillissement prématuré, les experts conseillent aussi d’éviter l’excès de soleil et le tabac, de bien s’hydrater, de pratiquer une activité physique régulière et de privilégier des aliments entiers et nutritifs.

Éviter les produits industriels avec conservateurs devrait devenir une habitude, ajoute le Dr Burns : « Les sodas light ne sont pas bons pour vous. Les boissons sucrées non plus. Plus votre hygiène de vie est saine, mieux votre peau résistera à la perte de poids. »

Carole Maggio recommande également une bonne routine de soins de peau avec un nettoyage doux, des produits exfoliants et du rétinol, qui stimule la production de collagène. Elle invite ses clientes à gérer le stress et le manque de sommeil, deux facteurs qui vieillissent le visage.

Les experts s’accordent à dire que la seule manière de prévenir le « visage Ozempic » est de ralentir la vitesse et l’ampleur de la perte de poids. Mais il n’existe pas de méthode fiable pour prédire comment un visage réagira à un amaigrissement.

« J’ai toujours pensé qu’il existe une façon saine de perdre du poids », conclut le Dr Burns. « Les médicaments GLP-1 aident les gens à franchir certains obstacles, mais l’objectif doit être d’atteindre un poids stable grâce à une bonne alimentation et à l’exercice. »