Xi Jinping avoué vaincu? Loin de là! Même ses opposants purgés se rallient à lui tandis que l’Occident continue d’avoir tout faux

Par Joseph Yizheng Lian
16 janvier 2023 16:23 Mis à jour: 16 janvier 2023 16:23

La politique de confinement de Xi Jinping s’est soldée par un échec. Finalement, de nombreuses protestations ont balayé le pays. À l’occasion, l’Occident continue d’interpréter les actions du chef d’État et celles du Parti communiste chinois (PCC) parfaitement de travers. À noter cette fois que beaucoup de ses détracteurs en ligne se trompent globalement.

Le revirement de Xi Jinping concernant sa politique de lutte contre le Covid s’est opéré sans planification aucune des conséquences médicales ou autres. De ce fait, de nombreux commentateurs estiment que le chef d’État s’est peut-être « allongé ». Aurait-il perdu la volonté de se battre ? Était-il à court d’idées voyant l’effondrement de sa fameuse politique de confinement ? Ou cherche-t-il simplement à contrarier ses opposants en laissant le virus se déchaîner sans lever le petit doigt ?

Lorsqu’on connaît la logique du PCC, on sait qu’aucune action, ou inaction, ne peut être appréhendée sans rechercher une motivation stratégique profonde. Ainsi, l’attitude désinvolte du régime à l’égard du virus correspond obligatoirement à un calcul froid et rationnel.

Par ailleurs, Xi Jinping, avec son passé de garde rouge et son goût prononcé pour la « lutte », ne s’allongera pas si facilement. Que se passe-t-il donc ?

Plusieurs responsables chinois ont déjà proposé une réponse à cette question : la nouvelle stratégie de Xi Jinping consiste à amener le pays vers une immunité collective totale aussi vite que possible, en un mois. Ainsi, les hauts fonctionnaires des provinces et des grandes villes annoncent aujourd’hui pleins d’enthousiasme que le taux d’infection au sein de leur population est de 80% ou plus. Encore tout récemment, ils affirmaient unanimement avec audace que les confinements de Xi Jinping résultaient sur une absence totale de cas… Ce que l’OMS n’a pas manqué d’interpréter comme des balivernes.

En obtenant ainsi une immunité collective à l’échelle nationale, puis en faisant redémarrer l’économie, Xi Jinping et le PCC pourront revendiquer une autre victoire à l’approche du Congrès national des peuples (CNP), au printemps.

Dans le cadre de cette nouvelle stratégie, le refus apparemment stupide du PCC d’accepter des vaccins étrangers à ARNm offerts gracieusement prend tout son sens… Et ce n’est pas pour sauver la face. L’arrivée de vaccins efficaces maintenant constituerait une contrainte pour la nouvelle stratégie de Xi Jinping. Pourquoi ? Le décès d’un si grand nombre de personne n’est-il pas synonyme d’affaiblissement économique ? Eh bien non, répondrait le gouvernement communiste, et suivant sa logique dépravée, il aurait tout à fait raison.

Un grand nombre de morts renforcera à terme l’économie chinoise. À l’exception d’un pourcentage infime, pratiquement tous ces décès touchent des malades chroniques et des personnes très âgées.

Du point de vue du Parti, c’est une double opportunité à ne pas manquer.

D’une part, l’épidémie peut résoudre en grande partie le problème du vieillissement de la population et réduire nettement la facture médicale globale du pays. Le Paxlovid ? N’y pensez pas. Pfizer a annoncé que la Chine devrait produire le Paxlovid au prix fort, contrairement à certains pays du tiers-monde, comme le Salvador, qui avec l’aval de l’ONU pourront produire des versions bon marché (médicament générique) du Paxlovid. (À noter qu’en réalité la Chine a toujours importé des quantités limitées de vaccins ARNm et de Paxlovid. Ceux-ci sont acheminés à Hong Kong et Macao pour les hauts responsables du Parti et distribués via un système d’approvisionnement spécial.)

D’autre part, si cette nouvelle vague épidémique permet de réinfecter l’ensemble du monde et de faire peser une lourde charge médicale et financière sur les pays occidentaux qui ne peuvent pas laisser une hécatombe se produire parmi leurs populations, alors pourquoi pas ?

Et nous voyons Xi Jinping ouvrir d’un seul coup les frontières de la Chine, le voilà qui permet du jour au lendemain à ses ressortissants de voyager à l’étranger. Alors même que des avions remplis de passagers majoritairement infectés atterrissent en Occident, les diplomates chinois profitent de l’occasion pour blâmer et faire pression sur les pays qui déploient à-tout-va des contrôles aux frontières pour filtrer ces porteurs d’un nouveau Covid-19.

En faisant correspondre tous ces éléments, un schéma clair se dégage. Loin d’abandonner la question du Covid, Xi Jinping s’oriente énergiquement vers une politique sans vaccins et sans médicaments au meilleur de ses intérêts, de ceux du Parti et de l’État communiste et lance l’équivalent viral d’une douzaine de bombes nucléaires sur l’Occident.

On est évidemment en droit de s’interroger. Avec toutes ces révoltes populaires contre lui et son pouvoir, les factions qui lui sont opposées au sein du Parti n’ont-elles pas là une occasion de l’attaquer, le faire chanceler, le renverser ?

Eh bien non ! C’est ce que la plupart des opposants de Xi Jinping pourraient penser, mais c’est oublier le besoin vital du PCC de s’en prendre avant tout aux populations.

L’année dernière, un certain nombre de bévues politiques (son soutien à un Poutine globalement impopulaire, sa politique de confinement rigoureuse à Shanghai et ailleurs, qui a nui à l’économie, etc.) auraient en effet pu nuire à son leadership et affaiblir sa candidature à un troisième mandat. Mais la Chine n’est pas l’Occident, où le ressentiment populaire peut faire tomber un gouvernement. Les révoltes des feuilles blanches et les élans similaires de désobéissance civile, qui ont immédiatement précédé le revirement de sa politique zéro Covid, ont renforcé Xi Jinping. Celui-ci est d’autant plus avantagé pour réaliser ses rêves de pouvoir, maintenant aidé par ses opposants politiques. Comment cela ?

Les adversaires politiques de Xi Jinping au sein du Parti (la faction de la Ligue de la jeunesse communiste et les restes de la faction de Jiang Zemin) sont toujours omniprésents, sauf dans les rangs les plus élevés depuis la purge du XIXe Congrès. Ils ont toujours été en tous points aussi corrompus et cyniques que Xi Jinping, ne serait-ce que parce qu’ils représentent les capitalistes de connivence et ont un contrôle dominant dans le secteur privé. Et ils sont aussi désireux de protéger le pouvoir du PCC à tout prix. Les récentes révoltes sont de véritables révoltes populaires, même si elles sont faibles et loin d’être des « révolutions » telles qu’imaginées en Occident. Elles ne représentent pas de danger imminent pour le PCC. Pourtant, s’ils ne sont pas étouffés dans l’œuf, ces actes mineurs de désobéissance pourraient éroder l’autorité et le pouvoir du PCC, accélérant ainsi son déclin à long terme. Aucune faction du PCC ne laissera cela se produire, qu’elle soit au pouvoir ou non. Le Parti ne doit pas même donner l’impression d’avoir cédé à la pression du peuple. Il s’agit là d’un consensus immuable, congénital, de toutes les factions du PCC.

Il y aura donc un compromis – Xi Jinping est sur la bonne voie pour confirmer son troisième mandat au printemps. Mais en contrepartie, il devra lâcher un peu de lest et se montrer plus coulant avec l’opposition. Il devra, par exemple, mettre fin à la répression des plus grandes entreprises (ce qu’un groupe de chefs d’entreprise chinois notoires ont déjà célébré la semaine dernière).

Au printemps 1989, un compromis pervers entre des factions opposées avait lieu de la même manière. La plupart de ceux qui s’étaient initialement opposés à la répression sanglante ont finalement changé d’avis pour soutenir Deng Xiaoping. Certains ont été condamnés à une retraite anticipée mais n’ont pas été punis davantage, car ils se sont tus. Zhao Ziyang, à l’évidence du côté du peuple, a été condamné à la prison à vie. Considéré comme un héros en Occident, il n’a jamais prononcé en public un seul mot pour dénoncer le massacre. C’est parce que sa loyauté était d’abord et avant tout envers le Parti – tout comme le meurtrier Deng Xiaoping. Une faction dirigeante du PCC peut être vaincue et destituée, mais uniquement par ses adversaires au sein du Parti dans une lutte de pouvoir opaque, et ne peut jamais, au grand jamais, être évincée, ou sembler avoir été évincée, par le peuple.

Ainsi, paradoxalement, les révoltes des feuilles blanches et les autres « révolutions » qui se sont produites au cours des deux derniers mois ont renforcé, et non affaibli, la candidature de Xi Jinping pour un troisième mandat, car ses adversaires au sein du Parti se sont rapprochés de lui pour conclure un accord et le soutenir, unis contre la dissidence populaire. C’est dans la nature et la tradition du PCC. Ignorer cela conduit à sous-estimer grossièrement la capacité de survie du PCC et à surévaluer le pouvoir de la dissidence, deux erreurs que l’Occident commet systématiquement.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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