Xi Jinping qualifie Bill Gates de « vieil ami », ce n’est pas un compliment, selon un expert

Par Hannah Ng et Tiffany Meier
21 juin 2023 10:01 Mis à jour: 21 juin 2023 10:01

Le 16 juin, le dirigeant chinois Xi Jinping a rencontré le cofondateur de Microsoft Corp. Bill Gates à Pékin, qu’il a qualifié de « vieil ami ». Mais il n’y a rien d’élogieux dans ce terme, selon Jon Pelson, auteur de « Wireless Wars, China’s Dangerous Domination of 5G and How We’re Fighting Back » (Guerres sans fil, la dangereuse domination de la 5G par la Chine et comment nous luttons contre elle).

Lors d’une réunion à la maison officielle des invités, Diaoyutai à Pékin, dans laquelle les dirigeants chinois reçoivent traditionnellement les visiteurs étrangers de haut rang, Xi Jinping s’est dit très heureux de voir le cofondateur de Microsoft après trois ans, et a décrit M. Gates comme le premier ami américain qu’il rencontrait cette année.

« Je dis souvent que le fondement des relations sino-américaines repose sur le peuple. Je place mes espoirs dans le peuple américain », a déclaré Xi Jinping dans une vidéo publiée par le radiodiffuseur d’État CCTV.

« Compte tenu de la situation mondiale actuelle, nous pouvons mener diverses activités bénéfiques pour nos deux pays et nos deux peuples, des activités qui profitent à l’humanité dans son ensemble », a-t-il déclaré.

M. Gates, qui est arrivé à Pékin mercredi, s’est dit « honoré » de cette rencontre. « Nous avons toujours eu d’excellentes conversations et nous aurons beaucoup de sujets importants à aborder aujourd’hui… c’est très agréable d’être de retour ».

Mais selon Jon Pelson, être appelé « ami de la Chine » n’est en fait pas très flatteur aux yeux de la communauté internationale, comme il l’explique dans l’émission « China in Focus » sur NTD, un média partenaire d’Epoch Times. Un ami de la Chine est quelqu’un qui est d’accord avec les objectifs et les attentes de la Chine, qui est aligné sur la Chine, et qui est en osmose avec ce qu’elle essaye de réaliser.

« Et il y a beaucoup de gens qui sont bien vus [par le PCC] parmi les militaires et les politiques, mais ils sont cooptés … ils sont compromis. Dans certains cas, il s’agit simplement de flatter l’ego et de saluer l’alignement de la personne en question, ce qui est probablement le cas de Bill Gates, dans ce cas la personne devient un ami de la Chine. Ce n’est pas nécessairement une bonne chose, quand on voit sur qui il s’aligne vraiment. Il ne s’agit pas tant d’être un ami du peuple chinois qu’un ami du PCC », a-t-il ajouté.

Selon lui, il est troublant, mais pas surprenant, de voir Bill Gates soutenir un gouvernement autoritaire dont la philosophie se résume à : « Nous sommes les plus intelligents et les meilleurs et nous allons dire aux gens ce qu’ils doivent faire, pour leur bien. »

Des priorités différentes

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a entamé dimanche à Pékin deux jours de discussions diplomatiques à fort enjeu, après des mois de pressions de la part de l’administration Biden pour que le Parti communiste chinois (PCC) rétablisse des communications bilatérales normales.

M. Blinken a entamé son voyage en rencontrant le ministre chinois des affaires étrangères, M. Qin Gang, pour une longue discussion suivie d’un dîner de travail. Il avait d’autres entretiens de prévu avec Qin, Wang Yi, le plus haut diplomate chinois, et Xi Jinping lundi.

M. Pelson a expliqué que le régime communiste avait des objectifs différents selon qu’il s’agissait du gouvernement ou du monde des affaires.

Selon lui, Bill Gates se trouve dans le pays en tant qu’ « allié dans de nombreuses causes que la Chine cherche à promouvoir ».

« Ils savent depuis toujours que dans les sociétés capitalistes, les entreprises sont là pour faire des profits. Et donc, qu’il s’agisse de Jamie Dimon ou de ses collègues de Wall Street [qui] ont toujours été attentifs aux attentes du PCC en matière de règles de travail, ce sont des gens qui espèrent que leur propre désir de rendement financier séduira les autres », a-t-il déclaré.

« Du côté du gouvernement, la situation est très différente. Il n’y a pas les mêmes attentes, même si d’un point de vue commercial, il est clair que les Américains veulent des marchés en croissance pour leurs fournisseurs et les Chinois des marchés de qualité pour leurs vendeurs, mais le gouvernement chinois a autre chose en tête », a-t-il ajouté.

Perturbations délibérées de la chaîne d’approvisionnement

Selon M. Pelson, les entreprises qui dépendent de la Chine risquent de voir leur chaîne d’approvisionnement délibérément perturbée.

« Si vous achetez des produits à la Chine, vous vous doutez bien qu’elle a un moyen de perturber votre chaîne d’approvisionnement, car c’est elle, votre chaîne d’approvisionnement. Ils n’ont qu’à décider de cesser de vous approvisionner. Les produits pharmaceutiques, les ingrédients précurseurs des produits pharmaceutiques, l’électronique… quels que soient les composants, la technologie ou les produits finis, si votre approvisionnement vient de Chine et que vous en avez besoin, vous vous êtes rendu vulnérable », a-t-il expliqué.

« Nous devons donc nous assurer que nos chaînes d’approvisionnement sont diversifiées. Et de ne pas être tributaire de quelqu’un qui nous considère comme son ennemi. Nous continuons à les considérer comme des rivaux ou des concurrents, parfois seulement comme des ennemis. Mais eux nous considèrent [véritablement] comme leurs ennemis. Nous ne pouvons pas leur donner ce genre de contrôle sur notre propre économie et sur nos vies. »

Reuters et Mimi Nguyen Ly ont contribué à cet article.

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