Les Pays-Bas vont contrôler les doctorants étrangers dans les domaines technologiques, invoquant des risques pour la sécurité

Par Hannah Ng
15 juin 2023 10:54 Mis à jour: 15 juin 2023 10:54

Les Pays-Bas invoquent d’éventuels risques pour la sécurité alors qu’ils réfléchissent à une législation qui prévoirait un contrôle des étudiants internationaux ayant l’intention de poursuivre des études de doctorat dans des professions techniques, a annoncé lundi un porte-parole du ministère de l’Éducation.

Il s’agit de la mesure la plus récente prise par le gouvernement néerlandais pour empêcher les entités et les étudiants chinois d’accéder à la technologie néerlandaise. Selon le ministère, la nouvelle loi s’appliquerait toutefois à tous les étudiants provenant de l’extérieur de l’Union européenne, et pas seulement aux Chinois.

Les universités néerlandaises sont également de plus en plus réticentes à accepter des doctorants bénéficiant de bourses d’études subventionnées par le gouvernement chinois, la sécurité des connaissances étant la principale raison invoquée, ont rapporté les médias locaux.

En particulier, les candidats au doctorat de la National University of Defense Technology de la Chine et de ce qu’on appelle les Seven Sons (les sept fils)— un groupe de sept universités ayant des liens étroits avec l’armée chinoise — sont de plus en plus rejetés.

Enquête sur les candidats chinois au doctorat

En avril, le ministre néerlandais de l’Éducation, Robbert Dijkgraaf, a annoncé une enquête qui porterait sur « le nombre total de doctorants bénéficiant d’une bourse du China Scholarship Council (CSC) ainsi que sur les domaines dans lesquels ils sont actifs aux Pays-Bas ».

L’enquête devrait permettre d’en savoir plus sur « le type de conditions contractuelles » dans lesquelles les doctorants se rendent aux Pays-Bas pour y travailler, selon Robbert Dijkgraaf.

En outre, le ministre a déclaré qu’il prévoyait de se renseigner auprès de l’organisme de coordination des universités néerlandaises (UNL) sur la possibilité d’imposer des limites plus strictes aux organisations qui offrent des bourses d’études à l’étranger. Selon Robbert Dijkgraaf, toutes les universités procèdent actuellement à des analyses de risques en matière de sécurité des connaissances, qui couvrent également les programmes de bourses et les doctorants bénéficiant d’une aide financière.

Environ 2000 doctorants sont actuellement inscrits aux Pays-Bas grâce à des bourses fournies par la CSC. La Chine est passée de la deuxième à la cinquième place sur la liste des pays d’origine étrangers les plus courants, selon l’organisation à but non lucratif Nuffic, qui promeut la coopération éducative internationale dans les universités néerlandaises.

La Chine, la plus grande menace

Le rapport annuel publié en avril par l’agence de renseignement néerlandaise met en garde contre le fait que les pays souhaitant voler leur expertise sont attirés par les Pays-Bas, la Chine étant reconnue comme étant « la plus grande menace ».

« La Chine a recours à des investissements légitimes, à des rachats d’entreprises et à la coopération universitaire, ainsi qu’à l’espionnage (numérique) illégal, aux initiés, aux investissements secrets et à l’exportation illégale. Les entreprises, les institutions de la connaissance et les scientifiques néerlandais en sont régulièrement victimes », peut-on lire dans le rapport.

Bien que la Chine soit un partenaire commercial important pour les Pays-Bas, les efforts déployés pour acquérir des technologies néerlandaises et occidentales sont motivés par les objectifs militaires de la Chine, note le document.

Bloquer l’accès de la Chine à des technologies clés dans le domaine des semi-conducteurs

En mars, le gouvernement néerlandais a décidé d’empêcher la Chine d’accéder à la technologie de fabrication des puces, ravivant ainsi un conflit de longue date avec Pékin sur les semi-conducteurs.

La ministre du Commerce extérieur et de la Coopération au développement, Liesje Schreinemacher, a assuré au parlement néerlandais le 8 mars que les limitations proposées concernant l’accès du PCC à des équipements de pointe de conception sensible – qui utilisent la lumière ultraviolette pour graver des circuits sur des puces de processeur – étaient essentielles pour des raisons de sécurité et de respect des droits de l’homme.

ASML Holdings, dont le siège se trouve à Veldhoven, aux Pays-Bas, est le seul producteur au monde d’équipements qui utilisent la lithographie par ultraviolets extrêmes (EUVL) pour graver des circuits d’une précision microscopique sur le silicium, ce qui permet de les serrer plus étroitement les uns contre les autres, et donc d’augmenter leur vitesse et de réduire leur consommation d’énergie.

La ministre du Commerce n’a pas mentionné directement la Chine ou ASML – sans doute l’entreprise technologique la plus importante d’Europe et l’un des plus grands fournisseurs mondiaux d’équipements de semi-conducteurs – dans sa lettre au Parlement.

« Au vu des développements technologiques et du contexte géopolitique, le gouvernement est parvenu à la conclusion qu’il est nécessaire, pour la sécurité (inter)nationale, d’étendre le contrôle existant des exportations d’équipements spécifiques de production de semi-conducteurs », a écrit Liesje Schreinemacher.

Elle a précisé que les nouvelles mesures ne visent que « des technologies très spécifiques du cycle de production des semi-conducteurs sur lesquelles les Pays-Bas occupent une position unique et de premier plan, telles que la lithographie et le dépôt par immersion dans l’ultraviolet profond (DUV) les plus avancés ».

Pacte de sécurité pour les semi-conducteurs

Les restrictions ont été imposées à la suite des entretiens qui ont eu lieu en janvier entre le Premier ministre néerlandais Mark Rutte et le président Joe Biden sur la technologie de pointe des puces fabriquées par ASML Holdings, ainsi que sur d’autres questions liées à la sécurité.

Les experts de l’industrie technologique affirment que le manque d’accès à la dernière technologie de fabrication avancée d’ASML est devenu un sérieux handicap pour les plans à long terme du régime communiste chinois visant à développer sa propre industrie des puces à la pointe de la technologie.

Les fabricants chinois ne sont actuellement en mesure de produire que des puces bas de gamme utilisées dans les véhicules et les produits électroniques grand public, mais pas celles utilisées dans les smartphones, les serveurs et d’autres produits haut de gamme.

Bryan Jung a contribué à cet article.

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