Au cours de la saison hivernale, savoir comment rester au frais est probablement le cadet de nos soucis. En revanche, quelques mois plus tard, on regrette le froid et le givre sur le pare-brise, bien que la climatisation et le frigidaire soient à portée de la main. Mais comment les gens du passé faisaient ils face à la chaleur ?
On peut s’imaginer que nos ancêtres étaient technologiquement peu avancés, en peine sur la question, mais ce n’était pas le cas. Dès le 4e siècle avant J.-C., jusque dans les déserts brûlants de la Perse (Iran), des hommes industrieux, des ingénieurs maîtrisaient une technique permettant d’exploiter le froid. Tout cela reposait sur une architecture astucieuse et des matériaux simples pour créer de gros édifices de réfrigération appelées « yakhtchals » (litt. « puits de glace »). Les yakhtchals sont les précurseurs des systèmes modernes de stockage d’énergie thermique.
Bien que maintenant vous n’ayez envie que de siroter un chocolat chaud dans le froid de l’hiver, dans quelques mois seulement vous chercherez une boisson bien fraîche dans le réfrigérateur.
À l’époque des yakhtchals, ces constructions en forme de dôme semi-enterrées servaient d’installations frigorifiques communales où les habitants y stockaient de la nourriture, des boissons et d’autres denrées périssables pour les conserver. Citons comme rafraîchissement, le faloudeh, un dessert glacé traditionnel perse, à base de vermicelles de riz, de jus de citron et d’eau de rose.
Que pouvaient-ils faire d’autre ? Les yakhtchals, tels des climatiseurs, pouvaient aussi garder les bâtiments au frais.
Les yakhtchals étaient remplis de glaces dans une fosse à leur base. Comment se fait-il que la glace ne fondait pas ?
Les températures augmentent le jour et baissent la nuit dans les climats désertiques – dans le désert, la nuit tombe souvent en dessous de zéro, et c’est ce froid qui était mis à profit. Des qanats, des canaux construits de sorte à capter l’eau des nappes phréatique orientait l’eau durant l’hiver vers l’intérieur du yakhtchal, ou se constituait finalement un étang d’eau douce peu profond protégé de l’évaporation grâce à une structure murale conique. L’eau gelée pendant la nuit était alors récoltée et déposée dans la fosse du yakhtchal. Dans certaines régions, on ramenait aussi de la glace des montagnes environnantes.
Entre 2007 et 2009, on a cartographié 129 yakhtchals en Iran. Leurs grands dômes en forme conique caractéristiques peuvent atteindre 18 mètres de haut. Le mur a parfois un mètre d’épaisseur à la base.
Des évents, permettent la pénétration de la lumière et la circulation de l’air de la base jusqu’au sommet. Il est intéressant de noter que le matériau en adobe du dôme est composé d’un savant mélange de sable, d’argile, de blanc d’œuf, de chaux, de poils de chèvre et de cendres résistant à la chaleur. Une épaisse couche d’isolation en chaume recouvrait le tout pour protéger des rayons du soleil.
Les dômes abritent des fosses pouvant atteindre de 7 à 8 m de profondeur. La glace qui y était stockée maintenait suffisamment la fraîcheur pour amortir les mois plus chauds. Une bonne gestion du yakhtchal permettait de conserver le froid toute l’année.
Désormais, nous accédons au froid en ouvrant simplement la porte du frigo. Il est impressionnant de voir comment nos prédécesseurs ont trouvé des solutions sans prises électriques ni électricité. La manière dont les ingénieurs d’autrefois ont su exploiter les éléments avec autant d’habileté reste une source d’inspiration pour les architectes d’aujourd’hui.
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