7 raisons pour lesquelles la « crise chinoise » est enfin arrivée

Par James Gorrie
27 août 2023 05:31 Mis à jour: 27 août 2023 05:31

Comme je l’avais prédit dans mon livre « The China Crisis » (La crise chinoise, en français) la structure économique de la Chine est devenue insoutenable.

Dans mon dernier billet, j’ai expliqué pourquoi la faillite de China Evergrande n’est pas la fin de la crise économique en Chine, mais seulement le début.

Sachant que de telles prédictions ont été faites dans le passé par des observateurs de la Chine, dont votre serviteur, pourquoi devrait-on penser que ça se produit aujourd’hui ?

En 2012, Wiley & Sons m’a demandé d’écrire un livre sur la structure économique de la Chine en adoptant un point de vue de contradicteur. Vous vous souvenez peut-être qu’à l’époque, la Chine était la merveille économique du monde. Contrairement à la plupart des observateurs, je voyais plusieurs problèmes critiques dans le modèle d’économie politique de la Chine et j’en ai parlé dans mon livre.

J’avais identifié sept domaines clés – compte tenu de la base sur laquelle la Chine ou, plus précisément, le Parti communiste chinois (PCC) fonctionnait – qui rendaient le modèle économique de la Chine non viable. Je n’étais pas le premier à le constater. Gordon Chang a écrit à ce sujet dès 2001 dans son livre « La chute prochaine de la Chine ». Il avait prédit un effondrement pour 2011, qui ne s’est évidemment pas produit. Cet article est en quelque sorte une mise à jour.

Au contraire de ce que nous avions prévu, la puissance économique et les prouesses technologiques de la Chine n’ont cessé de grandir et de se développer. Et c’est pourquoi, à l’époque et au cours des sept années suivantes, toutes sortes de termes ont été inventés qui parlaient du « miracle de Pékin », du « modèle chinois », du « capitalisme d’État chinois » et qui validaient de manière quasi unanime les progrès de la Chine et les pronostics d’un avenir radieux.

En fait, de nombreux experts, économistes et observateurs prédisaient que le capitalisme d’État chinois serait le modèle pour les nations émergentes du monde entier en raison de la rapidité avec laquelle il avait transformé l’économie de la Chine. Certains ont même prédit que la Chine éclipserait bientôt les États-Unis en termes de PIB et qu’elle les remplacerait en tant qu’hégémon mondial.

En ce qui concerne cette dernière prédiction, il est important de reconnaître qu’apparemment, c’est ce qui est en train de se produire. À cet égard, il faut toutefois garder à l’esprit que la cause principale en est l’échec de la politique américaine, et non les actions entreprises par la Chine.

Mais même les trahisons des dirigeants américains, qui ont aidé nos adversaires de Pékin, ne peuvent compenser les effets des politiques vénales et délétères que le PCC a infligées au peuple chinois pendant ces dizaines d’années. Les investissements financiers et technologiques des États-Unis et d’autres pays occidentaux en faveur de la Chine ont certainement retardé l’inévitable, mais ne l’arrêteront pas.

À la base, bien sûr, se trouve la nature corrosive de la corruption. C’est grâce à la corruption politique, au vol généralisé du secteur privé et à l’abus du système financier que le PCC peut garder le contrôle et s’enrichir. Son objectif est d’obtenir le pouvoir absolu pour lui-même, et non de développer une économie saine.

Voici rapidement les sept éléments qui érodent la viabilité sociale et économique de la Chine.

1. Une utilisation excessive des facteurs de production

Lorsqu’un projet ou une politique vise avant tout à graisser la patte des fonctionnaires du Parti, non seulement il y a inévitablement du gaspillage et de la fraude, mais cela a aussi des conséquences négatives sur l’utilisation des facteurs de production. En 2013, la Chine a utilisé dix fois plus de facteurs de production que les États-Unis pour fabriquer le même produit. Cette situation s’est-elle améliorée ? Difficile à dire, car il est difficile de trouver des statistiques qui donnent une mauvaise image du PCC et de Xi Jinping en particulier.

2. Allocation inefficace des biens et des activités économiques

Cet aspect est lié au point 1 et se manifeste de nombreuses manières, notamment par le vol d’entreprises rentables par le Parti et leur transformation en entreprises d’État « zombies » inefficaces et criblées de dettes, qui détruisent la valeur et l’efficacité. Il s’agit également d’un transfert de richesse de la classe moyenne vers l’élite du Parti.

3. L’étouffement de l’innovation dans la classe moyenne

L’absence de liberté d’information et les sanctions qui s’abattent sur les plus courageux étouffe l’innovation et la créativité. Les individus ne sont pas autorisés à résoudre les problèmes par eux-mêmes. Les entreprises privées qui réussissent peuvent s’attendre à être confisquées par l’État à tout moment. Les entrepreneurs prospères qui dénoncent les abus du PCC disparaissent et sont rééduqués. Cela engendre une peur de l’État et une dépendance vis-à-vis de celui-ci qui sont totales, et qui correspond exactement à ce que le PCC recherche. L’écrasement de la créativité et de l’innovation individuelles étouffe la plus grande ressource d’une nation : son peuple.

A beggar sits in front of a government propaganda at a railway station in Beijing on March 2, 2014. Developed economies are based on a broad middle class—precisely what has not been attained in China. (Lintao Zhang/Getty Images)
Un mendiant est assis devant une propagande du gouvernement dans une gare de Pékin, le 2 mars 2014. Les économies développées reposent sur une large classe moyenne, contrairement à la Chine. (Lintao Zhang/Getty Images)

4. Absence d’application des réglementations et des normes

Dans des domaines critiques tels que la production alimentaire ou les produits pharmaceutiques, on rogne sur les coûts et on compromet la qualité. Au fil des ans, ces pratiques ont non seulement eu un impact négatif sur la santé et la sécurité de la population, mais elles en plus sapent l’autorité et la légitimité du Parti.

5. Une fausse économie : une « croissance » basée sur l’endettement est un cancer pour l’économie

Dans une économie capitaliste, la plupart des développements sont basés sur les besoins du marché, qui sont déterminés par les prix locaux et les conditions du marché, qui attirent alors les capitaux. Un « développement » faussé par l’opportunisme politique n’est pas un développement mais un gaspillage de temps, d’argent et de ressources.

L’effondrement d’Evergrande est un excellent exemple de la façon dont le PCC déforme l’économie. On peut comparer la dépendance excessive de la Chine à l’égard du surdéveloppement au développement sain de tissus musculaires chez une personne qui fait du sport, par rapport à la croissance d’une tumeur cancéreuse causée par des substances toxiques. Le premier développe la force et la vitalité, le second les détruit. Ainsi, à un moment donné, même la dette publique d’une banque centrale publique devient insoutenable.

6. La pollution galopante de la Chine rend le pays invivable et provoque des troubles sociaux

La Chine est l’un des pires pollueurs au monde. Par exemple, elle perd rapidement ses terres arables en raison de la toxicité de ses exploitations minières, de l’industrie manufacturière et de la désertification. Ce phénomène s’explique par le fait que l’État est propriétaire de ces terres depuis des dizaines d’années, et qu’il ne s’est jamais préoccupé du sort des ressources naturelles, ce qui est également connu sous le nom de « tragédie des biens communs ». La perte de terres arables en raison de la toxicité ou de la désertification n’est pas facilement réversible et entraîne une dépendance accrue à l’égard de sources alimentaires venant de l’extérieur du pays.

A pipe releases wastewater into fields surrounding a dairy farm (not pictured) in Gannan County, Heilongjiang Province, China, on May 3, 2016. (Nicolas Asfouri/AFP via Getty Images)
Un tuyau rejette des eaux usées dans les champs entourant une ferme laitière (non illustrée) dans le comté de Gannan, dans la province de Heilongjiang, en Chine, le 3 mai 2016. (Nicolas Asfouri/AFP via Getty Images)

La pollution de l’eau est une autre catastrophe environnementale que le PCC a provoquée lui-même. Lorsque j’ai écrit mon livre, environ 40 % des cours d’eau chinois étaient trop pollués pour que la vie s’y développe ou étaient impropres à la consommation humaine. Aujourd’hui, ce chiffre atteint 70 %. En outre, 80 à 90 % des eaux souterraines sont impropres à la consommation.

La pollution de l’air en Chine est connue pour être la pire au monde, et est responsable de millions de décès prématurés. Les autorités prétendent que la pollution de l’air diminue en Chine. Pourtant, dans le même temps, la Chine ouvre de nouvelles mines de charbon pour produire son énergie, ce qui aggrave la pollution au lieu de la réduire. L’incapacité du PCC à résoudre la crise de la pollution révèle les échecs de son modèle économique, et contribue à l’agitation civile parmi la population.

7. Dépression dystopique chez les jeunes générations

Lorsque les jeunes perdent confiance en leur nation, ils perdent confiance en leur avenir. L’une des conséquences de ce pessimisme est leur décision de ne pas avoir d’enfants. La Chine n’est pas la seule à connaître ce phénomène, mais à l’instar de la Corée du Sud et du Japon, il s’agit d’un problème de taille. Sans l’énergie, le dynamisme, la créativité et la foi des jeunes, la baisse de la population et ses effets sur la consommation, sur les impôts et d’autres facteurs économiques assombrissent l’avenir économique de la Chine.

Malheureusement, sa structure sociale et économique déséquilibrée conduira à davantage d’actions excessives, à l’intérieur comme à l’extérieur, et les conditions économiques et sociales se détérioreront.

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