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Sécurité

77% des Français trouvent que la justice ne sanctionne pas assez durement

Justice trop laxiste, peines insuffisantes : les Français dressent un constat sévère du système judiciaire. Selon un sondage publié mercredi, plus des trois quarts d'entre eux jugent que les sanctions prononcées manquent de fermeté.

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Photo: LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 8 Min.

Le bilan de la délinquance en France sur les douze derniers mois révèle une tendance préoccupante. Entre juillet 2024 et juin 2025, plus de la moitié des indicateurs de criminalité sont orientés à la hausse, selon le ministère de l’Intérieur.
Les chiffres témoignent d’une dégradation dans plusieurs domaines : les vols d’accessoires sur véhicule bondissent de 13%, les tentatives d’homicide progressent de 11% et les violences sexuelles de 10%. Les infractions liées aux stupéfiants explosent également, avec une hausse de 14% pour le trafic et de 9% pour la consommation, notamment durant les Jeux olympiques de Paris.
Dans ce contexte, un sondage Elabe pour BFMTV publié ce mercredi 19 novembre révèle l’état d’esprit des Français face aux enjeux de sécurité et de justice.

Une justice jugée trop clémente et inefficace

Les Français portent un regard très critique sur le système judiciaire. 77% estiment que les peines prononcées ne sont pas assez sévères. Cette insatisfaction traverse tous les aspects de la justice : pour 82% des sondés, les peines sont partiellement ou rarement exécutées, 90% déplorent la lenteur des délais, et 67% jugent les conditions de détention trop souples.
Ces critiques sont majoritaires dans toutes les catégories de population, mais des écarts significatifs apparaissent selon les électorats. Sur la sévérité des peines, 59% des électeurs LREM et alliés les jugent insuffisantes, contre 61% pour la gauche, 83% pour la droite et 93% pour le RN et Reconquête!
Concernant les conditions de détention, 45% des électeurs de gauche les trouvent trop souples, contre 54% pour LREM et alliés, 69% pour la droite et 88% pour le RN et Reconquête!

Les forces de l’ordre plébiscitées

Les Français affichent une confiance élevée envers les forces de sécurité : 85% pour l’armée, 82% pour la gendarmerie et 78% pour la police. Toutefois, ces chiffres masquent de fortes disparités politiques. Les électeurs LFI et écologistes se montrent nettement plus réservés, avec des taux de confiance compris entre 52% et 62% pour LFI, et entre 65% et 75% pour les écologistes, quand les autres électorats dépassent généralement 90%.
L’âge constitue également un facteur discriminant : la confiance dans les forces de l’ordre dépasse à peine 70% chez les 18-24 ans, mais atteint au moins 90% chez les 65 ans et plus.
La justice inspire moins de confiance
Moins de la moitié des Français (45%) font confiance à la justice du pays. Malgré une légère amélioration, l’opinion reste fortement clivée politiquement : de 25% pour le RN et Reconquête! à 45% pour la droite, 59% pour la gauche – avec de fortes divergences entre LFI (38%) et le PS ou EELV (74% et 67%) – et 65% pour LREM et alliés.
Les différences entre classes d’âge sont peu marquées, les plus jeunes affichant un niveau de confiance très légèrement supérieur.

Une autorité judiciaire et policière perçue comme affaiblie

L’opinion publique a le sentiment que l’autorité des institutions n’est pas respectée.
Seuls 19% des Français estiment que l’autorité et la parole des juges et magistrats sont vraiment respectées (contre 61% « pas toujours » et 20% « pas du tout »). Pour les policiers, ce chiffre tombe à 10% (contre 58% « pas toujours » et 31% « pas du tout »).

Un appel massif à plus de fermeté

Pour répondre aux enjeux de sécurité, les Français réclament des mesures fortes. 90% se disent favorables au durcissement de la justice des mineurs et au renforcement de la présence policière sur le terrain. 89% souhaitent augmenter les effectifs de police, 87% demandent un durcissement du Code pénal et de la sévérité des peines, 85% approuvent le renforcement de la vidéosurveillance et 82% la construction de places de prison supplémentaires. 73% sont favorables à l’armement des policiers municipaux.
Concernant les mesures sociales, 93% veulent renforcer les cours d’instruction morale et civique à l’école, 82% souhaitent suspendre les aides sociales aux parents d’enfants délinquants récidivistes, et 81% appellent à renforcer les actions sociales dans les quartiers en difficulté.

Des clivages politiques très marqués sur certaines mesures

Les questions les plus clivantes concernent l’armement des policiers municipaux, la suspension des aides sociales et le renforcement des actions sociales dans les quartiers difficiles. LFI et EELV se distinguent par des niveaux d’adhésion plus faibles : 44% et 35% respectivement (contre 73% au total) pour l’armement, 58% et 54% (contre 82% au total) pour la suspension des aides sociales.
Sur le renforcement des actions sociales, le RN (68%) et Reconquête (25%) affichent les taux les plus faibles d’opinions favorables (81% au total).

Le trafic de drogue, une réalité proche pour un quart des Français

Un Français sur quatre (25%) déclare vivre à proximité d’un lieu de deal, contre 44% qui indiquent le contraire et 31% qui ne savent pas.
Cette proportion augmente avec la taille de la commune : de 19% dans les petites agglomérations (moins de 20.000 habitants) à 24% dans les moyennes agglomérations (20.000 à 100.000 habitants) et jusqu’à 33% dans les grandes agglomérations (plus de 100.000 habitants). En zone rurale, ce sentiment est moins marqué (14%).
87% des Français ont le sentiment que les trafics de drogue ont lieu un peu partout sur le territoire.

Un climat d’insécurité en progression

64% des Français déclarent être souvent (20%) ou de temps en temps (44%) inquiets pour leur sécurité, une proportion en hausse depuis avril 2024.
L’inquiétude touche toutes les catégories de population, mais particulièrement les jeunes de 18-24 ans (72%), les femmes (72%) et les habitants des communes rurales (71%) et petites agglomérations (69%).

Les priorités d’action souhaitées par les Français

Les Français estiment que le gouvernement doit agir en priorité contre les agressions sur les personnes (citées par 60% des sondés, 3 choix possibles parmi 9 items), les trafics de drogue (56%) et les violences sexuelles (47%).
La lutte contre les trafics de drogue, en hausse de 6 points depuis mars 2024, progresse dans tous les territoires. C’est une priorité qui croît avec l’âge : 73% pour les personnes de 65 ans et plus, contre seulement 37% pour les moins de 34 ans.