À Sainte-Soline, match de water-polo entre écologistes et gendarmerie, 200 blessés

Par Aurelien Girard
26 mars 2023 19:54 Mis à jour: 26 mars 2023 19:56

On sait se battre pour tout en France ; même si la pluie manque, les coups, eux, peuvent pleuvoir drus quand il s’agit du « dialogue social » sur la question des réserves d’eau.

À Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, où des milliers de manifestants s’étaient rassemblés le week-end dernier contre un projet de « méga-bassine », sept manifestants ont été blessés, dont trois en urgence absolue selon le parquet de Niort, tandis que 28 gendarmes ont fini à l’hôpital, dont deux en urgence absolue. Les organisateurs de la manifestation évoquent eux un bilan de 200 blessés chez les manifestants. D’un côté, lances à eau, matraques et lacrymogènes ; de l’autre, cocktails molotov et pierres diverses ramassées dans les champs voisins. Les gentils écologistes ont laissé place à des guerilleros d’extrême-gauche prêts à brûler vifs des gendarmes dans leur camion.

Le premier confinement lors du Covid nous avait montré à quoi peut ressembler un début de guerre civile ; des Français paniqués en étaient venus aux mains pour des masques, de la farine, du papier toilette. Le début de la guerre en Ukraine a offert les mêmes exemples de violence pour de l’huile de tournesol et, fin 2022, les coups de couteau s’échangeaient dans les stations-service quand une pénurie d’essence a été organisée par les syndicats des raffineries.  Maintenant, face à « l’éco-anxiété » provoquée par le dérèglement climatique et parce que l’hiver a été sec, c’est pour le stockage de l’eau que l’on s’envoie à l’hôpital.

Les deux angles de discours sont si opposés qu’ils semblent irréconciliables : il s’agit d’un « projet vertueux » pour le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, reçu sur le plateau de BFMTV. Les agences de l’eau rappellent qu’il s’agit de « prélever l’eau dans le milieu en hiver, de la stocker puis de l’utiliser en été quand les conditions hydro-climatiques le requièrent, » ce qui serait la seule façon de garantir la sécurité d’approvisionnement alimentaire du pays.

De l’autre côté, des tribunes guerrières, sur Reporterre.net et ailleurs, parlent du pillage des ressources par un « gouvernement technosolutionniste, inféodé à l’agro-industrie » qui veut empêcher un « changement radical vers un modèle agricole et alimentaire résilient. » Les agriculteurs défendant l’usage des bassines seraient des irresponsables incapables d’accepter la nécessaire révolution. « Des militants du monde entier rejoignent la lutte » titre un article. Le dialogue est loin quand on dit d’un côté représenter la responsabilité, le sérieux, la garantie d’une autonomie alimentaire et que de l’autre on étend la bannière de la résistance du peuple contre le techno-pouvoir. On a aussi vu, le week-end dernier, des agriculteurs favorables aux bassines cracher sur ceux qui y étaient opposés.

La connaissance de l’effet Dunning-Kruger, qui explique que la radicalité des positions – et le volume sonore avec lequel elles sont exprimées – est souvent inversement proportionnel au niveau de compréhension réelle des sujets, pousse à renvoyer dos-à-dos les deux camps en opposition. D’un côté et sur le court terme, l’impact négatif des bassines sur l’environnement ne justifie pas la violence de l’opposition qu’elles rencontrent ; d’après le BRGM (bureau de recherches géologiques et minières), leur déploiement n’aura qu’un impact mineur sur les nappes phréatiques, alors que ces réserves permettront effectivement de garantir l’arrosage des cultures pendant la saison chaude. De l’autre par contre, leur construction fait perdurer — dans des zones inadaptées — la culture intensive d’un maïs essentiellement dédié à l’exportation et aux agro-carburants. C’est donc bien la rentabilité, plutôt que l’autonomie alimentaire du pays, qui est visée par leur construction. C’est bien, aussi, un modèle de très grandes exploitations à ampleur internationale, seules capables de financer une partie du coût de construction de ces structures, qui est promu avec leur développement.

Retirez les cocktails molotov et les slogans d’extrême-gauche, que reste-t-il ? Le problème de fond qui suscite le cri de colère des manifestants est surtout que les bassines « bloquent le passage vers une agriculture responsable, résiliente, économe en eau, » explique le scientifique Christian Amblard dans un intéressant entretien avec Reporterre. C’est aussi le fait que leur autorisation, malgré tous les recours juridiques tentés, laisse penser que le pouvoir politique est « vendu » aux lobbys de l’agro-alimentaire, alors qu’il n’est peut-être qu’inepte en sciences biologiques et bloqué dans sa vision de court terme. Mais comment trouver un chemin de conciliation entre les vues si antagonistes dans la société française, quand au nom de la défense de la « justice sociale », des militants menacent de mort les enfants en bas âge de députés de la majorité ? Il serait temps de se poser au bord d’une rivière ou même d’une retenue d’eau artificielle, de respirer un peu pour simplement réaliser le privilège d’être vivant, et l’idiotie de mettre en danger d’autres personnes sous prétexte de défendre des idées.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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