ANALYSE : À Hollywood la discrimination positive dans les castings est devenue la norme

Par James Breslo
27 avril 2024 05:03 Mis à jour: 27 avril 2024 05:03

Il est difficile de trouver une bonne série à regarder en streaming. Elles ont tendance à démarrer très lentement, et vous obligent à regarder au moins quelques épisodes avant de pouvoir dire si elles vous plaisent. Pourtant, il est aussi très gratifiant de trouver enfin une bonne série et d’attendre avec impatience la sortie de chaque nouvel épisode. (Les deux saisons de White Lotus appartiennent sans doute à cette catégorie).

Un gentleman à Moscou est une série à gros budget pour Showtime et Paramount+, qui semble pouvoir prétendre au titre de bonne série. Il s’agit d’une nouvelle série en streaming adaptée du roman de 2016, avec Ewan McGregor dans le rôle d’un comte de l’ère tsariste dans la période qui a suivi la Révolution russe.

Le premier épisode est bien fait et met en place ce qui promet d’être une histoire très acrocheuse. Le comte est assigné à résidence dans un hôtel, sa survie étant en jeu alors que les bolcheviks débattent de ce qu’ils vont faire de lui et de l’avenir du pays.

Mais l’une des premières scènes montre un homme noir, grand, aux cheveux tressés, ce qui peut sembler un peu étrange. Y avait-il beaucoup de Noirs à Moscou en 1918 et pourquoi revient-il sans cesse ? Dans le deuxième épisode, il apparait clairement que cet acteur noir joue le rôle très important de l’ancien ami d’université du comte avec lequel il s’est brouillé pour une histoire de femme. En outre, au moins deux autres personnages apparaissent dans l’histoire, également interprétés par un homme et une femme noirs.

Cela rend l’histoire très difficile à cerner. Ces acteurs noirs jouent-ils le rôle de Moscovites blancs, ou bien va t-on découvrir dans un épisode ultérieur comment ils sont arrivés à Moscou ?

Il n’y avait pas de population noire à Moscou à l’époque, et dans le livre il n’y a pas de personnages noirs non plus. On peut donc en déduire qu’il s’agit simplement d’acteurs noirs jouant des personnages blancs.

S’agirait-il d’un choix artistique? Par exemple, dans la comédie musicale de Broadway Hamilton, sur la naissance de l’Amérique, le scénariste, producteur et acteur principal Lin-Manuel Miranda a intentionnellement placé des acteurs issus de minorités dans les rôles principaux. Un des pères fondateurs de l’Amérique, Aaron Burr, est joué par un Noir, et c’est M. Miranda lui-même, un Portoricain, qui joue le rôle d’Hamilton, un autre père fondateur d’importance. M. Miranda a fait un choix créatif audacieux en décidant de donner les rôles de personnages clés de la fondation de l’Amérique, des Blancs, à des personnes issues de minorités, et qui plus est, des rappeurs. « C’est l’histoire de l’Amérique d’alors, racontée par l’Amérique d’aujourd’hui », avait-il expliqué dans des interviews.

Ce type de choix de casting ne posera pas problème à beaucoup de gens car l’explication est claire. De plus, à l’époque, il y a neuf ans, le mouvement en faveur de la mise en place de « mesures inclusives », de « diversité, d’équité et d’inclusion » (DEI) était loin d’être ce qu’il est aujourd’hui, et donc il était difficile d’y voir un phénomène de discrimination positive malheureux.

Mais s’il y a une raison artistique derrière le casting de Gentleman, elle n’a pas été explicitée. La Russie a une population noire estimée à 0,05 %, selon un rapport de 2018 de la BBC, et il est donc peu probable que les producteurs prétendent qu’il s’agit de l’histoire de la Russie d’alors racontée par la Russie d’aujourd’hui.

Les choix de casting inattendus ont été évoqués dans les commentaires du public sur le site Rotten Tomato. Alors que la série obtient 90 % de « bonnes opinions » de la part des critiques, auprès du public, le score n’est que de 73 %. Un spectateur a déclaré : « Encore une production de la DEI qui rend le cadre gênant ». Un autre a écrit : « Le dernier éléphant dans la pièce : les employés de la DEI ne sont pas du tout à leur place dans un drame russe de la haute société, c’est comme si un des personnages de la série sortait soudainement un iPhone de sa poche ».

La meilleure explication de ce qui se passe a été donné par ChatGPT. A la question de savoir si les producteurs avaient expliqué leur choix de casting, il a répondu : « Bien que nous n’ayons pas trouvé de déclarations publiques spécifiques des producteurs détaillant les raisons de ces choix de casting, la tendance de l’industrie est à une représentation plus inclusive … dans le cadre d’un effort plus large visant à remettre en question les normes de casting traditionnelles et à ouvrir les rôles historiquement contraignants aux acteurs de toutes origines. » En d’autres termes, DEI ou « discrimination positive ».

En mettant ces « mesures inclusives » en place, Hollywood s’interdit de produire des films ou des séries télévisées exclusivement composés de personnes de race blanche. Par conséquent, pour que cette série soit réalisée, les producteurs devaient créer de nouveaux personnages noirs pour étoffer l’histoire. Plutôt que de réécrire le livre, les scénaristes vont sans doute choisir la solution facile : il suffit d’engager des acteurs noirs pour jouer les Moscovites blancs décrits dans le livre. Problème résolu. La série est prête.

Est-ce que cela veut dire que les producteurs de Gentleman font preuve de discrimination à l’égard des acteurs non noirs ?

S’il s’agissait d’un choix créatif, comme dans le cas de Hamilton, alors la démarche pourrait être compréhensible. Mais en réalité, nous savons qu’il s’agit tout simplement de « mesures inclusives » ou de DEI. Et nous savons aussi que « diversité » ne signifie pas la diversité des opinions ou des perspectives, mais qu’elle concerne exclusivement la couleur de la peau, le sexe ou l’orientation sexuelle. « Inclusivité » ne veut pas dire refléter la société, mais signifie qu’il faut autant de personnes issues de minorités, de femmes ou de LGBT que possible, tout en diminuant le nombre de personnes blanches, masculines et hétérosexuelles.

On nous apprend également que le concept d’ « équité » est différent de celui d’ « égalité ». Alors que l’égalité consiste à traiter tout le monde de la même manière, l’équité consiste à traiter les gens différemment en fonction de leur statut de minorité. Il est clair que la gauche ne tolérerait jamais que des acteurs blancs jouent le rôle d’acteurs noirs dans des films historiques sur les Noirs.

Le dispositif de mise en œuvre de « mesures inclusives » à l’écran se retrouve aussi aux Oscars. L’Académie des arts et sciences du cinéma a en effet adopté de nouvelles « normes de représentation et d’inclusion » pour la sélection des candidats à la cérémonie des Oscars. Selon l’Académie, « les normes sont conçues pour encourager une représentation équitable à l’écran et hors de l’écran afin de mieux refléter la diversité du public des salles de cinéma ».

Il existe quatre catégories d’exigences en matière de diversité, dont deux doivent être remplies. La première exige qu’ « au moins un des acteurs principaux ou des acteurs secondaires importants soit issu d’un groupe racial ou ethnique sous-représenté », ou qu’ « au moins 30 % de tous les acteurs dans les rôles secondaires et plus mineurs soient issus … de groupes sous-représentés », ou que « l’intrigue principale, le thème ou la narration du film soit centré sur un ou des groupes sous-représentés ». Si vous ne respectez pas ces critères, votre travail créatif ne sera pas considéré comme digne d’être reconnu.

Dans la scène d’ouverture de La liste de Schindler, les Nazis obligent les Juifs à se mettre en rang, à s’enregistrer et à porter un brassard. On connait tous la suite. C’est l’un des plus grands films de tous les temps. Hollywood a montré au monde entier le danger qu’il y a à traiter les gens différemment en fonction de leur appartenance ethnique, comme les « mesures inclusives » l’exigent désormais.

Il n’est pas certain qu’Hollywood serait capable de faire un tel film aujourd’hui, mais peut-être n’est-il pas trop tard pour que l’industrie en tire des leçons.

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