Après le coup de force de Salvini, l’Italie plongée dans une crise inédite

Par Epoch Times avec AFP
9 août 2019 15:12 Mis à jour: 9 août 2019 15:21

Elections à l’automne ou gouvernement transitoire de techniciens ? L’Italie était plongée dans l’incertitude vendredi après l’éclatement de la coalition au pouvoir depuis 14 mois, décidé au beau milieu de l’été, par l’homme fort du gouvernement, le populiste d’extrême droite Matteo Salvini

Des élections sans doute, mais quand et avec quel gouvernement ? Un exécutif technique pour mener le pays au scrutin ? Ou avec le gouvernement actuel expédiant les affaires courantes dans l’attente du vote?

Matteo Salvini l’a répété lors d’un bain de foule à Termoli (centre-est): sa seule priorité est un vote « le plus rapidement possible ». Son parti a déjà déposé au Sénat une motion de défiance envers le chef du gouvernement, pour accélérer la chute de l’exécutif.

  • Le tour des plages de Salvini devenu une campagne électorale

Le chef de la Ligue a transformé son tour des plages initié mercredi en une campagne électorale au pas de course qui l’emmènera jusqu’en Sicile dimanche.

Juste après avoir décrété la fin de son alliance avec le Mouvement 5 Etoiles (M5S) jeudi, il a profité d’un meeting à Pescara pour intimer aux parlementaires de « lever leur cul de leur chaise et revenir à Rome » pour faire tomber le gouvernement.

« Il faut rendre la parole aux Italiens (par le vote). C’est un choix de courage, de cohérence, mais aussi de dignité », a répété le « Capitano », vendredi à Termoli, après avoir enchaîné les selfies avec des partisans euphoriques.

L’annonce du leader populiste a pris de court son désormais ex-allié, Luigi Di Maio, chef de file du M5S, et le numéro un du gouvernement Giuseppe Conte, proche du M5S, qui l’ont accusé de vouloir capitaliser « sur des sondages favorables plutôt que de se soucier du pays ». 

  • M. Conte demande à Salvini de s’expliquer au parlement

Le visage sombre, M. Conte a exigé, dans un discours inopiné jeudi soir, que Salvini vienne au parlement « expliquer et justifier » sa décision, alors que la Ligue avait obtenu pratiquement tout ce qu’elle voulait en 14 mois de gouvernement.

« Ce qui s’est produit était prévisible car c’est comme si un mari et sa femme vivaient sous le même toit mais séparés », a réagi auprès de l’AFP-TV Gaetano Falcone, un retraité romain.

Alfredo Marino, un touriste italien de passage à Rome, a estimé que « la situation de l’Italie peut être améliorée » et que si la Ligue peut le faire, « tant mieux », même s’il s’est dit « de gauche ». Selon les médias italiens, la Ligue voudrait que les élections législatives se déroulent dans la seconde moitié d’octobre. Les dimanche 13, 20 et 27 sont évoqués.

  • La Ligue en position de force

Quelle que soit la date, la Ligue se présentera en position de force avec 34% recueillis aux Européennes et des sondages qui la donnent à 36-38% des intentions de vote, lui permettant potentiellement de gouverner seule, ou avec l’appui acquis d’avance du parti post-fasciste Fratelli d’Italia.

Aux Européennes, le M5S avait brutalement chuté à environ 17% des intentions de vote, moitié moins que son score aux législatives de mars 2018, et n’a pas remonté la pente depuis. « L’électorat du Nord » riche du pays, qui représente la base sociale de la Ligue, « était très fatigué par ce gouvernement, il ne le supportait plus », a assuré à l’AFP Massimo Franco, éditorialiste du Corriere della Sera.

« A mon avis, c’est la Ligue qui a imposé » la fin de la coalition « et dans les faits c’est le parti qui a diffusé en premier un communiqué suivi plus tard de celui de Salvini », a-t-il ajouté, jugeant totalement inédite la perspective d’élections à l’automne.

  • La position du chef de l’Etat et ses pouvoirs

La grande inconnue reste d’ailleurs la position du chef de l’Etat, Sergio Mattarella, qui a seul le pouvoir de dissoudre le Parlement, après consultation des présidents des deux chambres et des dirigeants politiques, et de convoquer un scrutin.

Or M. Mattarella est notoirement opposé à des élections en septembre-octobre, période où le gouvernement de la troisième économie de la zone euro, très endettée, doit préparer le budget de l’année suivante, en discuter avec Bruxelles et le faire adopter au Parlement.

Un gouvernement expédiant les affaires courantes n’aurait pas le poids nécessaire pour négocier avec Bruxelles, ce qui pénaliserait l’Italie sur les marchés, alors que les taux italiens ont déjà grimpé après les annonces de Salvini.

Le Sénat pourrait se réunir le 20 août pour acter la chute du gouvernement, avec une dissolution du parlement quelques jours plus tard. De nouvelles élections devraient être convoquées dans un délai de 70 jours, selon la Constitution italienne.

 

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